Luke Rhinehart
J’avais quitté L’Homme-dé séduite par l’originalité du propos, mais tout de même un peu agacée par les frasques du personnage, qui, on le rappelle avait remis son destin au hasard de jets de dés, emporté par une folie destructrice et contagieuse. Une curiosité naturelle mais méfiante a orienté ce choix de lecture, sans rien devoir au hasard, et c’est tant mieux.
Après Luke, c’est donc Jake qui occupe le devant de la scène, trader à succès de vint-huit ans, fiancé à une belle et riche jeune femme, qui n’est autre que la fille de son patron. Il a mis sous le paillasson son enfance agitée, marquée par le chaos qu’avait produit par son père qui avait fini par abandonner le foyer familial.
On peut dire que Jake est un modèle de conformisme si on en croit son attitude et son apparence. Et pourtant, sous le masque de la réussite, se cache malgré tout un personnage qui a tendance à traverser en dehors des clous. Il aurait pu faire illusion longtemps si son passé familial n’avait pas tout à coup ressurgi et qu’il n’était pas parti sur les traces du père, qui, à la façon du chat de Schrödinger, semble à la fois mort et vivant !
J’ai plus apprécié cette suite que le premier roman le personnage est très sympathique, affublé de doutes mais honnête…presque tout le temps.
Beaucoup d'humour, par le cocasse des situations où les dés sont à nouveau jetés.
Le thème est un appel à une réflexion sur le destin et sa genèse individuelle, et une jolie critique du monde de la finance , qui parfois joue aux dés l’avenir de millions de terriens qui n’ont rien demandé…
L’auteur alterne le récit d’un narrateur omniscient et les confidences de Jake, qui n’hésite pas à interpeller le lecteur. Une façon de donner de la vie et du relief à l’histoire. Une belle réussite.
Merci à Netgalley et aux éditions Aux Forges de vulcain pour ce service de presse
Traduction Francis Guévremont
448 pages Aux forges de Vulcain 7 février 2025
#lefilsdelhommedehommedelukerhinehart #NetGalleyFrance
Je savais depuis longtemps qu'il me faudrait faire des choses qui me paraissent désagréables, si je voulais devenir riche, l'idée, étant que, fortune faite te, je pourrais faire ce qu'il me plairait. Mais c'était le contraire de ce que j'avais espéré qui se produisait : plus j'avais de succès, plus il y avait de choses désagréables à faire.
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Vivre suppose de toujours recréer l'expérience, d'apprendre à désapprendre, de détruire les noms anciens, les vérités anciennes, de créer un monde nouveau, vivant en donnant au mouvement incessant des noms toujours différents.
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Osons imaginer que le créateur de l'univers soit entièrement rationnel : 99 % de l'univers n'aurait sans doute jamais été créé, et les êtres humains n'auraient certainement pas vu le jour ! Non, non, non, il est évident que le seul Créateur qui puisse se prétendre l'auteur de l'infinie richesse et de l'absurdité de tout est l'Accident, l'Imprévu. Le Hasard.
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Cette interprétation, pour flatteuse, qu'elle puisse être, ne m'empêchait pas de continuer à pleurer à sangloter. J'enchaînait encore en grommelant , les « vieux connard », et les« putain, merde, putain »– lexique obscène et totalement dénué d'originalité, alors qu'une douce chaleur d'amour parental envahissait mon cœur pour la première fois depuis au moins dix ans. Je n'ai jamais été très lucide en ce qui concerne mes propres émotions.
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Aux États-Unis, un gagnant peut faire ce qu'il veut, il peut être un excentrique, un fou, un crétin, un connard, peu importe. Mais s'il cesse de gagner, si il commence à perdre, alors le connard doit être écarté, le crétin doit être évité, l’excentrique doit être méprisé.
Luke Rhinehart (1932-2020) de son vrai nom George Powers Cockcroft, est un auteur américain, titulaire d'un doctorat en psychologie. A partir de 1970, il décide de se consacrer entièrement à la littérature. Son œuvre la plus connue, écrite sous le pseudonyme de Luke Rhinehart, est L'Homme-dé (The Dice man, 1971; 1995 pour la traduction française).
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