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Les crédits

 Damien Peynaud 













Des photos au fond d’un tiroir…traces mémoire d’un passé qui n’existe que pour un temps et se dissoudra dans le flou des mémoires qui s’évanouissent. Disparition des témoins ou lacunes. Pourtant, elles interrogent le narrateur, qui au-delà de l’image cherche des indices de ce passé qu’il n’avait sans doute pas bien saisi à l’époque : qualité des vêtements, expression des visages, intention du photographe, autant de signes qui ravivent les souvenirs. 

Mais ce qu’il y cherche, c’est le sens de ce qui s’est passé pour ses parents. Un niveau de vie sans doute bien au delà de ce qui était raisonnable, une incitation omniprésente à acquérir, et le piège des crédits, qui l’on tente de rebrousser avec d’autres crédits : la spirale infernale pour ces salariés modestes, travaillant tous les deux mais pour le minimum syndical. 


Plus que le drame familial, c’est toute une époque dont on prend conscience beaucoup plus tard, la consommation comme un critère d’insertion sociale, et facteur d’une croissance exponentielle, plébiscitée par les politiques qui y voient un témoignage de leur efficacité. 


Injonction paradoxale pour le consommateur de base. : 


Comment aurait-il eu le recul nécessaire pour le mettre en garde contre les injonctions contradictoires d'une nouvelle économie qui s'emploient, sans vergogne, susciter en lui indésirable infini, tout en lui, demandant de faire preuve de retenue dans sa volonté de le satisfaire.



Mais le propos ne se limite pas à l’aspect socio-économique : avec adresse, Damien Peynaud puise dans le septième art des images qui consolident ses observations, avec Une époque formidable en insistant sur le personnage joué par Gérard Jugnot, qui tente de préserver sa famille en leur cachant sa disgrâce, pour un temps. Ou dans le film tiré du roman de Steinbeck, Les raisins de la colère. Exemples qui ne sont pas dus au hasard, puisque le cinéma est ce qui fait vivre le narrateur, projectionniste dans un petit cinéma. 


Un premier roman original, accrocheur, et porteur d’une leçon socio-politique intéressante. 


Merci à Babelio et aux éditions Notabilia


212 pages Notabilia 21 août 2025

Masse critique Babelio







Comment aurait-il eu le recul nécessaire pour le mettre en garde contre les injonctions contradictoires d'une nouvelle économie qui s'emploient, sans vergogne, susciter en lui indésirable infini, tout en lui, demandant de faire preuve de retenue dans sa volonté de le satisfaire.



Damien Peynaud a grandi dans le sud-ouest de la France.

Il a longtemps exercé le métier d’opérateur projectionniste, puis celui de directeur de cinéma après un passage par la Fémis.

Diplômé en création littéraire à Paris VIII, il mène désormais une recherche-création au sein de cette université.

Les Crédits est son premier roman.


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