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Ce refrain qui te plait ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Nadège Erika 











Kora est éducatrice spécialisée, bien aguerrie à rencontrer  les situations insolubles et, c’est  le coeur de son job, de trouver des solutions. Elle  a de l’expérience, elle y met toute sa ferveur, malgré les soucis personnels qui n’ont fait que croître avec le temps qui passe. Son fils, rescapé d’un couple de jumeau, après avoir été un enfant quasi-parfait, vit depuis une dizaine d’année, ce que les spécialistes ont tendance à étiqueter une crise d’adolescence qui se prolonge, faute de prononcer un diagnostic un peu plus médical et réaliste. En attendant, le grand ado a vingt-cinq ans, vit chez elle, et commence à utiliser des substances illicites.


Jusqu’à une crise qui débouche sur une hospitalisation en urgence en psychiatrie, malheureusement dans le pire établissement spécialisé du secteur (et ce dernier mot a son importance puisque le choix n’est pas laissé pour l ’admission, c’est la structure du secteur géographique où l’on vit). 


Le tableau décrit est hallucinant (pourtant mieux vaut s’abstenir de ce genre de fantaisie quand on fréquente les lieux) : personnel incompétent, passant son temps sans vergogne avachis dans des salles ouvertes à tous les regards, pour compulser les derniers réels sur les réseaux sociaux. Il est en particulier une assistante sociale dont on souhaiterait ne pas avoir besoin. 


Pendant ce temps, non seulement rien n’est résolu mais l’état de Sol s’aggrave, car il n’y a pas d’endroit plus adéquat pour se procurer de la drogue.  


La narratrice ne fustige pas l’ensemble des hôpitaux psychiatriques du territoire. Ce n’est pas le but. D’autant qu’elle a l’opportunité de  comparer la prise en charge dans un hôpital près de la frontière espagnole, à l’occasion d’une fugue de son fils. Un accueil chaleureux, sans jugement et des démarches entamées immédiatement. Malheureusement il faudra revenir  aux sources et menacer d’une action en justice pour que les choses bougent. 


Nadège Erika écrit un texte bouleversant sur la solitude de parents solo, confrontés à la maladie, mais aussi à l’incompétence de ceux qui devraient apporter leur soutien et leur aide. Le risque de craquer est grand, la souffrance quotidienne est immense, en raison de l’état pitoyable du jeune homme mais aussi de la difficulté de continuer à garder la tête haute quand on a laissé son appartement au fils et que l’on quitte en trainant sa valise d’hôtels pas chers en squat chez des amis compatissants. 


On revient bien sûr sur les causes potentielles de ce mal être a évolué en pathologie chez Sol et aux sources du problème. 


Une écriture vive, qui exprime les sentiments sans filtre, à travers des dialogues criants de vérités. 


Un deuxième roman réussi, avec les confidences d’une mère épuisée. 


284 pages Harper Collins 20 août 2025







Le sujet de la santé psychique ne doit pas faire de remous et en parler est envisageable uniquement si la pathologie ne prend pas trop de place, ne se montre pas trop bruyante, pas de déambulation en plein délire sur la voie publique, on ne soliloque pas devant tout le monde, car ça fait rire ou ça fait honte, selon les spectateurs.


*


Je m'interroge, quant aux violences générées et tolérées par notre société pour que si jeune déjà on puisse souffrir jusqu'à la folie


*


À l'écoute de cette chanson, aujourd'hui encore, je nous vois, mon fils et moi recevoir des coups. Nous faire taper, taper, taper, toute la façon dont on nous a aimés.

Nadège Erika


Nadège Erika et l’autrice de Mon petit. Elle est  éducatrice spécialisée et vit à Paris.



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