Avec ce roman surprenant, Sophie Pointurier nous propose un voyage ésotérique du côté de notre animalité.
Si le récit commence sur un ancrage dans le quotidien, pour cette journaliste qui jongle avec la bienveillance, coincée entre deux générations : son adolescente et sa mère, peu à peu le doute s’installe pour elle et pour le lecteur.
Arrêtons nous sur ce personnage important, la mère. Une éternelle malade dont la vitalité dépend des maux qui la taraudent jour après jour. De ces personnes pour lesquelles il faut à tout pris éviter la formule banale de « Comment ça va », au risque de subir une litanie de symptômes divers et variés dont on ne sait s’il est nécessaire de compatir ou de faire semblant. Une cliente premium pour les remèdes en tous genres, officiels ou officieux.
Parallèlement, la narratrice enquête sur une affaire dont elle découvre qu’elle est un peu universelle, l’apparition d’une dame blanche, dans les années 70, pris en stop par quatre jeunes puis volatilisée après avoir annonceéun danger imminent. A partir de cette histoire et sous l’influence du gardien de son immeuble, le loup garou pointe son nez…
Le récit est particulièrement bien construit pour que s’immisce le doute et que la narratrice nous emmène dans son délire, autrement dit, difficile de ne pas se prendre au jeu.
Je ne sais plus si mon imagination me jouait des tours, ou si ma peur me racontait des histoires. J'entrais dans l'étrange en douceur, comme la grenouille trempée dans l'eau tiède ne s'échappe pas alors que la température monte jusqu'à l'ébouillanter. Je me suis perdu dans l'amplitude de ce qui est normal et de ce qui ne l'est pas et j'ai envisagé l'impensable. Si maman se dédoublait hypothétiquement en animal, quel était l'animalité de maman ?
Le cheminement du lecteur est le même que celui de cette narratrice, pour ce roman original, qui flirte avec le fantastique dans un univers métaphorique réjouissant, une belle lecture de cette rentrée.
206 pages Phébus 21 août 2025
Je me suis mise à aimer croire que ma mère était un animal sauvage au fond, je voulais que ma mère soit ce loup.
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Je ne sais plus si mon imagination me jouait des tours, ou si ma peur me racontait des histoires. J’entrais dans l'étrange en douceur, comme la grenouille trempée dans l'eau diète ne s'échappe pas alors que la température monte jusqu'à l'ébouillantée. Je me suis perdu dans l'amplitude de ce qui est normal et de ce qui n'est passe et j'ai envisagé l'impensable. Si maman se dédoublait hypothétiquement en animal, quel était l'animalité de maman ?

Sophie Pointurier est enseignante-chercheuse et directrice de la section Interprétation en langue des signes à l'ESIT (Ecole supérieure d'interprètes et de traducteurs) - université Sorbonne-Nouvelle.


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