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Le roi des cendres ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 S.A. Cosby











La cible est claire : S.A Cosby vise les amateurs de romans noirs, bien noirs.! 


En Virginie, Jefferson Run est une petite ville, pas tranquille du tout. Après avoir été délaissée par les industries qui assuraient un revenu aux habitants des lieux, ce sont les pourvoyeurs de drogue qui règnent en maitre sur le secteur. Dante est l’une des victimes de cette recherche de paradis artificiels , et comme toujours, tôt ou tard le coût de la consommation l’amène à s’immiscer du côté obscur de l’affaire. 

C’est ce que découvre son frère ainé qui réussit avec brio dans la finance, lorsqu’il revient dans la maison familiale, alors que leur père vient de subir un accident de voiture qui l’a plongé dans le coma. Sa soeur continue à s’occuper de l’affaire familiale : une entreprise de crémation. 

 

Ces trois personnages vont chacun à leur façon tenter de se sortir du mauvais pas où Dante s’est engagé. 


Tout se cristallise autour de la personnalité de Roman, le frère aîné. Sûr de lui, doué, tout lui réussi. Il aime les challenges et là, il va être servi. Mais on découvrira aussi des côtés plus sombres, dans sa vie sentimentale , mais aussi lorsque le but justifie tous le moyens, y compris la violence, ou au moins la tolérance de cette violence vis à vis de ceux qu’il veut prendre à leur propre jeu. Son empathie est réservée à ses proches, pour qui il est prêt à n’importe quoi. 


On n’oublie pas que l’on va avoir à faire avec des méchants très méchants, qu’il vaut mieux ne jamais croiser sur sa route …


Mais le roman ne se résume pas à la guerre des gangs et à l’implication de Roman dans ce trafic. Des événements familiaux seront aussi évoqués et résolus…


En marge de cette sombre intrigue, une histoire d’amour, impossible bien sûr ou au moins dangereuse…


De la violence, de l’amour aussi, et une analyse fine des forces en présence, sur fond de misère urbain et d’addiction, tous les ingrédients sont au rendez-vous, pour une lecture marquante.


Merci à Netgalley et aux éditions Sonatine 


544 pages Sonatine 2 octobre 2025 

#LeRoidescendres #NetGalleyFrance







Sous le plateau de fruits de mer, on avait disposé des feuilles de journal pour protéger la table. Roman songea d'ici quelques années, ce serait la seule raison pour laquelle des gens achèteraient encore un journal.


*


Le destin est un train lancé à pleine vitesse. Parfois on a le temps de traverser devant lui, parfois c'est lui qui nous traverse.


*


On n’aime pas nos parents parce qu'ils sont parfaits, mais parce qu'ils persévèrent  malgré leurs imperfections. La grâce demeure inaccessible, la beauté réside dans le fait d'essayer de l’atteindre.


 

S. A. Cosby


Avec Le Sang des innocents, lauréat du Grand Prix des lectrices de ELLE 2024, S. A. Cosby s'est définitivement imposé comme le nouvel auteur incontournable du roman noir. Il aborde ici le paradis et l'enfer des liens familiaux à travers une intrigue à la fois palpitante et terriblement humaine, qui dresse un état des faits sans concession aucune de l'Amérique contemporaine. On peut parler de chef d'œuvre !


Un calme blanc ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Ragnar Jónassson











Joie de retrouver Helgi Reykdal , enquêteur de La mort en blanc dans ce deuxième opus de la trilogie blanche. On a eu le temps lors du premier tome de s’attacher à ce jeune policier amateur de littérature ! D’ailleurs il devient copropriétaire d’une librairie, qui est son refuge lorsque la tempête fait rage. Et cette tempête répond au nom de Bergthóra, son ex, qui n’a pas accepté leur rupture et est toujours en proie à ses démons. 


Pourtant le roman s’ouvre sur un interview dont on aura tout au long du récit des extraits, qui permettront de comprendre qui est Elin S Jònsdòttir, l’autrice de polar sous le joug des questions, celle-là même qui vient de disparaître sans laisser de traces. Cette interview est en fait un miroir qui nous renvoie l’image de Ragnar Jonasson lui même, et qui se confie à son lectorat  ! 


Une très belle enquête, émaillée de références littéraires, et menée avec beaucoup de savoir-faire par notre enquêteur bibliophile. 


L’intrigue se construit à la façon d’un puzzle, dont chaque pièce apporte un éclairage nouveau à l’histoire de la disparue. L’intérêt se focalise bien sûr sur tous ceux qui pouvaient tirer bénéfice de l’affaire. Mais les accidents de randonnée sont aussi fréquents dans ces paysages islandais escarpés, et on ne peut éliminer d’emblée un faux pas fatal. 



Il faudra toute la lucidité d’Helgi pour comprendre et élucider le mystère. 


Une autre menace hante les lignes, puisque Bergthòra s’en prend à Marina, la nouvelle compagne d’Helgi , en la harcelant jusque chez elle…



Un excellent opus, une belle enquête et un fil rouge avec la vie sentimentale d’Helgi : de quoi espérer que le troisième tome ne tarde pas à être traduit ! 


Merci à Netgalley et aux éditions de la Martinière 



384 pages Editions de la Martinière 3 octobre  2025

#Uncalmeblanc #NetGalleyFrance

Traduction : Jean-Christophe Salaûn 

TO Hvitalogn







Je lis énormément. Dès que j'ai un moment de libre, je prends un bouquin. C'est mon moteur, ça me permet de rester jeune. Voilà quoi sert la littérature : il nous fait voir des lieux qu'on ne peut visiter autrement, explorer des mondes imaginaires.


*


À certains moments, comme celui-ci, il avait la sensation de ne pas être fait pour ce travail. Ces tragédies incessantes. C'était le mystère qui l'aimait, le défi de repérer ce qui échappait aux autres, d'assembler des faits, des intuitions et des indices. En vérité, ce qui le passionnait le plus dans son métier d'inspecteur, reflétait ce qu'il cherchait dans ses romans à énigmes bien-aimés.


*


Ainsi, fonctionne  l'esprit humain : des liens indirects et flous éveillent  toutes sortes d'idées. Impossible d'aborder une telle enquête–n'importe quelle enquête–de manière parfaitement objective. La page blanche n'existait pas.


Ragnar Jónasson



Ragnar Jónasson est un écrivain islandais, auteur de romans policiers.


Lire aussi :


Sòtt Huis clos à Siglufjördur


La mort en blanc


Reykjavik


Dix âmes, pas plus


Les incommensurables ⭐️⭐️⭐️⭐️

Raphaela Edelbauer  











Hans quitte la ferme autrichienne où il était valet pour se rendre à Vienne. Dans un but très précis, rencontrer Helene, une psychanalyste , pour qu’elle lui explique par quel phénomène il perçoit par anticipation les pensées des gens qui l’entourent. Cette quête personnelle le conduira à d’autres rencontres qui changeront le cours de sa vie. Mais il n’est pas le seul à qui l’avenir réserve de nombreuses surprises : nous sommes à la veille de l’entrée en guerre du pays contre la Serbie. Le jeu des alliances conduira à une flambée des conflits dans toute l’Europe. 


Lorsqu’il arrive chez la psychanalyste, Hans fait la connaissance de Klara, une doctorante en mathématiques, à la veille de soutenir sa thèse. Et Adam , un jeune homme rêveur, contraint  par son père à s’engager dans l’armée. Ces trois là vont vivre un périple rocambolesque, parcourant des lieux improbables, bien aidés en cela par quelques substances psychotropes, l’occasion de disserter sur le sens de la vie et  les soubresauts de l’histoire, et aborder le sujet de la sexualité. 


Il y est question aussi d’un rêve récurrent et partagé par une population de personnes qui n’on rien à voir entre elles…


Ce roman flamboyant et ésotérique est étonnant. Relativement court, il offre une diversité de sujets considérable, tant sur le plan philosophique qu’historique ou scientifique. Seul un passage sur l’histoire de Vienne n’échappe pas au ressenti Wikipédia. Tout  le reste est fort bien intégré à la narration. I’on peut éventuellement passer vite sur le développement de la thèse en mathématiques, par forcément accessible à tous, même si le thème est plutôt de l’ordre de l’épistémologie que de la mathématique pure.


C’est une  sorte de tourbillon littéraire qui vous emporte dans cette histoire riche en rebondissement. Un remarquable état des lieux de l’Europe du début du siècle. 


Le style est très clair, sans redondance et on sent que le sujet est dominé et mené avec rigueur. Un travail certainement colossal, qui implique une culture étendue. 



Merci à Netgalley et aux éditions Métailié 


336 pages Métailié 5 septembre 2025

#LesIncommensurables #NetGalleyFrance

Traducteur : Carole Fily

TO Die Inkommensurablen






Il est pourtant évident qu'il y a dans notre vie des choses, que la raison seule est incapable d’expliquer.


*

L'univers est une gigantesque  énigme, composée de milliers de fils enchevêtrés dont l'unique but est d'être un jour démêlés. Toute chose, aussi petite soit-elle est reliée à toutes les autres. Il y a tant de messages cryptés, empilés les uns sur les autres que dès qu'on a enfin réussi à traverser une strate, c'est un nouveau paysage de métaphores qui se présente à nous .


Raphaela Edelbauer


Rafaela Edelbauer est née à Vienne, en 1990 et a étudié les arts du langage à l'université des arts appliqués de Vienne. Artiste et écrivaine, ses livres ont été deux fois finalistes du Prix du livre allemand et ont remporté plusieurs prix


Les remplaçants ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Bernardo Carvalho 












Le roman de Bernardo Carvalho aborde la thématique d’une relation complexe entre un et son fils. L’enfant,  puis le jeune adulte tentent de comprendre le fonctionnement et les non-dits du père, qui semble happé par des problèmes existentiels autant politiques que personnels. L’une des premières scènes est saisissante : le père et le fils survolent la forêt amazonienne dans un tout petit avion et l’enfant va se retrouver aux commandes lorsque le père fait un malaise !


Les échanges entre les deux personnages, qui ne seront jamais nommés, de même que tous les personnages de ce roman qui sont désignés par leur fonction, s’articulent autour des questions que l’enfant se pose sur les activités de son père, centrées sur la déforestation, avec ce qui en découle de la dépossession des terres des autochtones.


Plus tard sera abordée la relation entre le garçon et son petit ami, des accusations de harcèlement sexuel qu’un directeur de théâtre auraient fait subir à un de ses collègues acteur, ce qui l’incite à lui aussi le dénoncer. Le dialogue entre les deux hommes balaie le spectre des arguments sur la question. 


Mais à l’intérieur du récit, un deuxième roman s’insinue dans les pages : celui d’une dystopie que l’enfant est en train de lire, et dont il fait un retour commenté au père. Ce récit lui même soulève d’importantes questions morales, et se pose en miroir de l’autre fil narratif, au point de parfois de frôler une fusion de sens. 


Il en résulte une sorte de roman d’apprentissage tout à fait captivant. 


Quant au titre, fait-il référence aux personnages de la dystopie, où au remplacement des populations chassées de leur territoire ? Les deux sans doute …


Le style est très particulier, du fait de la présentation des personnages, avec une sorte de champ-contrechamp permanent entre le père et le fils. On acquiert vite la mélodie de cette écriture et cela ne pose aucun problème de compréhension. 


Survol, à double titre, de la situation politico-écologique du Brésil de la seconde moitié du vingtième siècle, présenté à travers un roman qui pose les bonnes questions en  utilisant le prisme des échanges assez atypiques d’un couple père enfant. Découverte de cet auteur qui a pourtant déjà écrit 16 livres ! 



Merci à Netgalley et aux éditions Métailié. 


208 pages Métailié 28 août 2025

#Lesremplaçants #NetGalleyFrance







Pour remédier aux injustices, on s'en prend au plus faible, au plus vulnérable, celui qui est à portée de main. Il sert de bouc émissaire à notre soif de justice. Il n'est pas rare de remplacer le manque de justice par une autre injustice, plus ou moins grande, ce n'est pas la question, pour nous sentir mieux.


Bernardo Carvalho


Né en 1960, Bernardo Teixeira de Carvalho, plus connu sous le nom de Bernardo Carvalho, est un écrivain et journaliste brésilien.




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