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La cabane dans les arbres ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Vera Buck 


La Cabane dans les arbres par Buck


Son premier roman traduit en France, Les enfants loups,  avait été remarqué. Avec La cabane dans les arbres, Vera Buck confirme son talent d’autrice qui sait ferrer un lecteur, et ne plus le lâcher avant qu’il ne soit parvenu à la fin de l’ histoire qu’elle lui propose !


Arès un prologue assez impressionnant, et qui ne laisse aucun doute, on n’aura pas affaire à une fade bluette on fait la connaissance de Rosa, une jeune femme animée d’une passion hors norme pour le phénomène biologique que représente la mort. Elle a obtenu un diplôme en sciences médico-légales mais n’a pas trouvé d’emploi qui lui convienne pour utiliser ses connaissances. Elle n’en pourrait pas moins ses propres expérimentations, analysant en forêt la couleur des feuilles d’arbres, dont les nuances pourraient indiquer qu’un organisme en décomposition se trouve à sa base. Jusqu’à ce qu’elle déterre un squelette bien encombrant.

Henrik, Nora et leur fils  sont en route vers un éden suédois, parcourant les nombreux kilomètres qui les emmènent vers une main de bois au bord d’un lac, héritage d’Henrik. Dans un cadre idyllique, la petite famille s’installe. Mais rapidement des sources d’inquiétude viennent troubler les vacances rêvées …Les indices ‘accumulent, puis survient le drame..


Un autre personnage intervient régulièrement dans ce roman choral, une petite fille nommée Marla, et qui est séquestrée dans une cabane en haut d’un arbre. Qui est-elle ? On ne le saura que bien plus tard, lorsque les événements nous permettront de comprendre la temporalité. 


Totalement addictif, ce roman se lit la boule au ventre avec une impatience fébrile d’avancer dans l’intrigue, complexe à souhait. La succession des points de vue alimente le suspens, complétant peu à peu le puzzle de cette histoire. Pas de répit, pas une minute d’ennui, les pages défilent sans  temps mort. 


L’intérêt se focalise aussi autour de la psychologie des personnages, parfois conventionnels parfois plus originaux comme l’est Rosa, figure féminine libre et autonome, dont le passé familial trouble aura forgé son indépendance. Elle est un élément central du drame. 


Les trois parties  débutent tous par des extraits des histoires pour enfants de Astrid Lindgren, en référence aussi au métier d’Henrik, écrivain pour enfants, qui ne sait pas toujours faire la différence entre imagination et réalité, ce qui lui confère un statut de menteur, qui vient à point nommé pour complexifier la narration. 


Un grand plaisir de lecture donc, pour ce roman séduisant autant pour l’écriture que pour la construction. 


Autrice à suivre, sans aucun doute. 



465 pages Gallmeister 20 août 2025

Traduction : Brice Germain, 

Titre original : Das BaumHaus







Je fixe les orbite noires, tandis que que je prends conscience de la portée de ma découverte. Un crâne d'enfants. Une vieille capuche. Des os, des vertèbres et des omoplates. Qui diable ai-je bien pu déterrer ?


Vera Buck



Née en 1986, Vera Buck est une autrice allemande. 


Elle a étudié le journalisme, l'écriture de scénarios de communication, la linguistique européenne et la transdisciplinarité des arts en Allemagne, à Hawaï, en France, en Espagne, en Italie et en Suisse.




Lire aussi : 


Les enfants loups


Des enfants uniques ⭐️⭐️⭐️⭐️

Gabrielle de Tournemire 


Des enfants uniques par Tournemire



Hector et Luz s’aiment depuis longtemps. Mais leurs parents s’opposent à leur union. Roméo et Juliette des temps modernes ? Non, il s’agit d’autre chose qu’une haine ancestrale entre les Montaigu et les Capulet. Hector  porte une anomalie chromosomique et Luz vit avec les séquelles d’une naissance très prématurée. Leurs parents se battent au jour le jour pour leur offrir  une vie le plus confortable possible;.Mais envisager une vie de couple, c’est une autre étape, très difficile à franchir. 


Le sujet est difficile : celui de l’amour entre deux êtres en difficulté. Parce que leur différence, leurs limites font craindre de multiples dangers, qui pourtant existent aussi pour toute personne ordinaire. Mais le maintien dans une situation de dépendance globale pose le cadre : l’autonomie en couple n’est qu’une option théorique, source de mille inquiétudes.



L’on sent une grande maitrise du sujet chez cette jeune autrice dont c’est le premier roman. Des questions vécues, qui ne peuvent être une simple affaire de documentation.  Si la prise en charge a progressé sur les trente dernières années, y compris en ce qui concentre la survie et le confort, l’irruption d’une génération revendiquant les mêmes droits que les autres, et donc le doit d’aimer et de vivre en couple, on se heurte aux complexités de l’administration, à la rareté des offres adaptées, et au regard de la société.


Traité avec beaucoup de pudeur, et une grande humanité, le thème de ce roman est une nécessité.


Ecrit simplement, sans pathos, sans romantisation, un beau premier roman. 


284 pages Flammarion 27 août 2025






Le couple handicapé semblait un couple invalide, nullement un pléonasme, parce que le couple était invalide, surtout aux yeux du monde, il souffrait d'un manque de validation bien davantage que d'un manque de validité, d'ailleurs, dans les formulaires à remplir pour candidat, il n'y avait pas de case « situation matrimoniale ». Personne ne croyait vraiment qu'elle soit pertinente, c'était une question sans intérêt, pas comme de savoir si Hector faisait pipi tout seul ou qu'il savait se servir d'une bicyclette.


Gabrielle de Tournemire


Agrégée de lettres modernes et ancienne élève de l’École normale supérieure de Lyon, Gabrielle de Tournemire prépare un doctorat à l’Université de Poitiers. 


En 2021, elle a passé une année dans un foyer d’hébergement pour adultes en situation de handicap, ce qui l’a amenée à écrire, en 2024, son premier roman, "Des enfants uniques ».


La chant des innocents ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Piergiorgio Pulixi 


Le Chant des innocents par Pulixi


Après un scène inaugurale impressionnante, où l’on découvre une adolescente couverte du sang de sa victime, les meurtres vont se succéder.  Quelle mouche a piqué les adolescents de cette ville italienne ? Jour après jour, ils impliquent  de tout jeunes coupables, qui semblent sous emprise. Ils ne se connaissent pas, ne parlent pas de ce qu’ils ont fait, mais semblent cependant satisfaits de leur prouesse. Pour le commissaire Strega, aucun doute, un adulte manipule ces enfants. 



Strega doit à ses fulgurances et à son talent de conserver son poste. Un drame récent a jalonné sa carrière : il aurait tué un de ses collègues. Cela lui vaut une injonction de suivi psychologique, pour décider de la poursuite de ses activités. Ses méthodes non conventionnelles ne jouent pas en sa faveur, et la démonstration de violence dont il est capable dans le conflit qui l’oppose à son ex apporte de l’eau au moulin de ses détracteurs. Cependant il ne lâchera pas les affaires, ni personnelle, ni professionnelle.



Assez court, cet épisode des aventures du commissaire Strega nous plonge dans une enquête passionnante, avec une course contre la montre pour retrouver un tueur très motivé et rapide. L’intrigue personnelle des amours complexes du commissaire ajoute au plaisir de parcourir ces lignes. Et constituent un fil rouge, qui suscite l’envie de découvrir le plus rapidement possible la suite de ces aventures. 


Un nouvel auteur de polar à suivre dans mon anthologie personnelle avec la promesse de frissons et de torture de méninges…


336 pages Gallmeister 24 avril 2024





Le psychologue fixa ses grandes mains, noueuses et puissantes. Son esprit les associait  au tempérament du commissaire : fort, irascible et sanguin. Un caractère anguleux, qui camouflait des nuées d'ombre, presque tangibles.


*


Certains policiers ne vont pas à l'enterrement des victimes. Certains s'en fichent. D'autres n'ont pas le temps. D'autres encore n'y vont pas pour éviter d'être influencés. Il ne doit pas exister de relations personnelles entre victime et enquêteur. Pour eux, il est nécessaire de maintenir une distance afin de pouvoir travailler avec sang-froid, sans se laisser emporter par les émotions. Les émotions sont trompeuses, elles altèrent le jugement. Et peuvent ainsi entraver la résolution d'une affaire.

Piergiorgio Pulixi


Né en 1982, Piergiorgio Pulixi est un auteur italien de romans policiers et de romans noirs.


Perpétuité ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Guillaume Poix 


Perpétuité par Poix


Avec la verve dont il sait faire preuve, Guillaume Poix nous entraine dans l’univers fermé d’un centre pénitentiaire. Au cours de ces quelque quatre cents pages, nous sommes immergés dans le quotidien du personnel d’un telle structure, avec ses violences et ses pièges à contourner. Une ambiance que l’on n’abandonne pas en posant son gilet pare-balles, avant de rentrer chez soi. Les angoisses, les ratés, la provocation ou l’injustice ne restent pas au vestiaire jusqu’à la prochaine période. Difficile de se forger une carapace devant tant de drames humains. 


L’équipe est sur le qui-vive, car un prisonnier médiatisé doit être transféré, attirant une foule de journalistes. Sa personnalité et l’ampleur de son influence, nécessite de multiples précautions, qui s’ajoutent à la vigilance ordinaire. Le protocole est clair, mais l’erreur est humaine, et le moindre écueil peut se transformer en drame. 



L’immersion est impressionnante et on ne doute pas de la rigueur de la documentation, certainement assortie d’un séjour sur le terrain. 



S’y ajoute la maîtrise du style qui sait appuyer sur ce qui marque, sans donner dans le pathos. 


Le roman se lit comme un thriller, car l’auteur parvient à nous communiquer la boule au ventre ressentie par la plupart des protagonistes. Et comme eux, on craint à chaque instant l’irruption d’un drame. Il y en aura au cours des pages …


293 pages Gallimard 21 août 2025







Il a fini par comprendre qu'on travaille ici pour avoir chaud. Juste ça, c'est tout con. Pour avoir toujours quelqu'un à qui parler, et avec qui partager son désarroi. Son incapacité à aller dans la vie, à se saisir de soi, la mener son existence, parce qu'au fond, on ne saura jamais faire.


*


Il se demande pourquoi la vie consiste à bouffer les autres si c'est pour les chier en kit sous le regard émerveillé d'étrangers classés toujours plus haut dans la chaîne alimentaire.


*


Il lui semble parfois qu'elle s'effrite comme les murs défraîchie qu'elle côtoie au quotidien. Qu'elle se tache, se cloque, se fendille, gagnée souterrainement par la montée d'une pourriture inexorable. Est-il possible que l'environnement carcéral corrompe ?



Guillaume Poix


Né en 1986, Guillaume Poix est comédien, dramaturge, auteur et metteur en scène.


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Là d’où je viens a disparu



Le Lapin des Baskerville ⭐️⭐️⭐️⭐️


 Pierre Mortel Anaïs Dumas 


Le Lapin des Baskerville par Dumas


Le titre contient la clé du propos : la terreur qu’évoque le nom de Baskerville est vitre atténuée par la personnalité de la terreur en question. Un lapin ! Pourtant, il est bien persuadé de régner en tyran sur ce petit monde sauvage qui n’a rien à envier au bestiaire de La Fontaine, la morale en moins. On y croisera un poussin qui fait PIOU PIOU, des escargots blagueurs et moqueurs, un génie mycologique, des champions qui font rigoler et même un ornithorynque philosophe !


Les gags et les bévues se succèdent, le plus souvent très bien trouvés. 


Le trait est simple, juste quelques éléments pour identifier les animaux et c’est suffisant. 



Une BD drôle à mettre entre presque toutes les mains, puisque l’on peut y appliquer différents niveaux de lecture.


Merci à Netgalley et aux éditions Delcourt 




 



L'âme de fond ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Julia Clavel 


L'âme de fond par Clavel


Caroline est psychologue. Les patients qui cherchent à comprendre leur mal-être défilent dans le cabinet. Parfois confiés à son collègue psychiatre quand la demande de prescription de psychotropes se fait insistante ou nécessaire. Depuis quelques temps, les décès sont anormalement nombreux dans sa patientèle. Pas des suicides, non, des crises cardiaques, chez des personnes jeunes…Elle n’est pas la seule à se poser des questions, un de ses amis médecins a fait la même constatation, ainsi qu’un afflux dans le service d’’urgences où il travaille . Peu à peu, le doute se fait parmi les politiques : une nouvelle épidémie ?  La question est délicate : révéler au risque de provoquer une vague de panique, ne rien dire et être plus tard accuser de dissimulation ? Que faire de cette « lame de fond nourrie par les évolutions d’une société prête à se fracasser ». 


L’un des intérêts de ce roman dystopique est le défile des personnages que l’on apprend à découvrir. On aime particulièrement ce ministre de la santé qui découvre avec effroi ce que l’on attend de lui, remisant ses rêves de réforme vertueuse. De la paperasserie, qu’il finit comme tous ses confrères par signer sans même la lire, beaucoup de mobilisation pour des petites choses sans intérêt. On aime aussi détester cet homme arrogant et sûr d lui, mais depuis peu fatigué, migraineux et mal dans sa peau. 


Un premier roman remarquable, qui s’appuie sur l’expérience nationale récente de la pandémie de covid, pour en faire une histoire à la fois politique et psychologique, avec une analyse fine de la psyché des personnages, et de ce que la violence de notre société qui broie les individus peut entrainer de détresse.


L’issue de l’affaire est plutôt optimiste, ce qui est assez rare pour le souligner. 



Plaisir de lecture et découverte d’une plume prometteuse.


350 pages L’Observatoire 20 août 2025






Caroline regarde la pluie qui s'est mise à tomber et forme des perles d'eau sur la fenêtre. Celles des immeubles qui se détachent dans la nuit, passerelles vers d'autres monde, failles incandescentes sur une intimité violée. Depuis toute petite, elle aime cette opportunité que crée l'obscurité de pénétrer dans la vie des gens, les observer, alors qu'ils cuisinent ou regardent la télévision, peut-être un avant-goût du métier qu'elle finirait par exercer.



Directrice M&A et membre du comité exécutif d’un grand groupe français spécialisé en santé mentale, Emeis, depuis 2023, Julia Clavel était précédemment conseillère parlementaire à Matignon, puis conseillère technique auprès de la Présidence de la République pour les PME, le tourisme, l'artisanat et l'économie sociale et solidaire (2021-2023). 


"L'âme de fond" (2025) est son premier roman.


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