- Broché: 536 pages
- Editeur : Olivier édition de l' (7 janvier 2016)
- Collection : OLIV. LIT.ET
- Langue : Français
- Traduction (Anglais) : Marc Amfreville
- ISBN-10: 2823603514
- ISBN-13: 978-2823603514
Lorsqu’on découvre les premiers chapitres de Tous les vivants, l’ambiance a de quoi étonner. Car le sous-titre comprend le terme de crime et même si l’on sait qu’il est naïf de prendre pour argent comptant la description des quatrièmes de couverture, on a quand même bien saisi au passage une étiquette sans équivoque décrivant l’un des personnages comme un serial killer.
Pourtant, c’est en compagnie d’une famille chaleureuse qu’on se retrouve, certes mise à mal par la dépression de 1929 et la disparition du chef de famille, mais l’amour est présent, les projets font partie de l’avenir, et les enfants sont un gage d’espoir. Asta, la jeune veuve est bien entourée par un chevalier servant qui est prêt à l’épouser. Et on ne se méfie pas à ce stade des démarches qu’elle entreprend pour sauver sa famille du marasme économique : elle a eu recours à une petite annonce qui débouche sur des perspectives tout à fait favorables en vue d’une juste noce.
C’est alors que peu à peu le doute s’installe, pour faire place à l’effroi lorsque la famille se fait piéger. L’homme qui devait améliorer leur quotidien est un prédateur, c’est leur perte qui se dessine à l’horizon.
Et le roman redémarre : le personnage central change. C’est une jeune journaliste d’investigation qui prend le relais et va mener l’enquête sur la disparition de la famille Eicher. Elle est belle, intelligente, et indépendante, ce qui la démarque de ses contemporaines (doit-on souligner le le principe d'égalité sans discrimination de sexe n’apparaîtra dans la Charte des Nations-unies qu’en 1945?). Que s’est-il passé : comment la famille a pu se bercer de tant d’illusions, comment de tels méfaits sont possibles, et qu’est ce qui a pu conduire un homme à commettre de telles atrocités? Si la jeune femme fait preuve d’un professionnalisme exemplaire, ce qui au passage est pour le lecteur une belle exploration de ce milieu du journalisme, avec les implications éthiques et les méthodes de l’époque ( pas d’ADN ou de localisation de téléphone cellulaire : il faut se contenter de graphologie ou de reconnaissance canine).
L’écriture est très élégante, classique quelquefois un peu alambiquée (effet de la traduction?). On regrette quelques longueurs : des descriptions un peu artificielles, l’évolution de la romance de la journaliste qui ne fait pas avancer l’intrigue, un procès qui traîne sur les échanges, alors que l’on en connaît l’issue…
Cela reste malgré tout un roman très intéressant, qui propose un portrait captivant des Etats-Unis au début du XXème siècle, à travers un fait divers authentique et une galerie de personnages bien campés.
Je ne comprends pas bien le titre français, celui de l’édition originale est tout simplement Quiet Dell, le nom de l’endroit où le meurtrier a tué ses victimes.
Et c’est tout sauf un polar : les ingrédients y sont : meurtres, serial-killer, enquête, mais le point de vue adopté est celui d’un observateur attentif du déroulement d’une histoire macabre, une sorte d’exégèse du fait divers et de ce qu’il fait entrevoir du décor des Etats-unis après les Roaring twenties, alors qu’émergent de nouveaux modèles sociétaux où les rôles seront redistribués.
Merci à Glose, qui m'a fait découvrir ce roman, et qui a publié la critique originale.
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