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Le fleuve sacré

Shûzaku Endô






  • Poche: 328 pages
  • Editeur : Gallimard (25 avril 2000)
  • Collection : Folio
  • Traduction (Japonais) : Minh Nguyen-Mordvinoff














Les voies qui mènent au fleuve sacré, but ultime des hindous au terme de leur vie, sont diverses. Ainsi les japonais qui effectuent le voyage guidé par Enami, un guide blasé de recueillir les mêmes remarques sur le mode de vie des autochtones, sont venus chercher, qui, la réincarnation de l’épouse partie trop tôt, qui des souvenirs pixelisés, qui encore un repos de l’âme tourmentée par les terribles réminiscence de la guerre en Birmanie. Pour Mitsuko, c’est encore plus complexe, car elle ne sait pas exactement ce qui la guide sur les traces d’Otsu, un prêtre qu’elle fit souffrir lorsqu’ils étaient étudiants dans la même université.

C’est donc avec ce petit groupe hétéroclite que Shukazu Endo nous offre de faire la visite des lieux touristiques de l’Inde, à ceci près que nous n’en ressentirons les odeurs et que nous ne percevrons les couleurs qu’à travers les mots de l’auteur.

Suivre l’itinéraire ce chacun des personnages est très captivant. Chaque histoire est singulière et riche de ressentis.  Mitsuko, particulièrement éveille l’intérêt , par la complexité de ses motivations et le double aspect de sa personnalité.

Si l’autre semble un peu s’égarer dans la deuxième moitié du roman, avec des redites, des lacunes dans le récit, et si l’issue aurait pu laisser présager une suite (mais l’auteur a disparu en 1996, et ce roman publié en 1993 laissera au lecteur le loisir d’imaginer les conséquences de leur pèlerinage. Ou alors faire l’aphorisme taoiste, qui dit que le but du chemin est le chemin.)


Belle lecture , grâce à la sensibilité bien exprimée de l’auteur et au parcours proposé au coeur de l’Inde moderne et de ses contrastes.


Elle se remémora l' après-midi dans le Kultur Heim et cette chapelle où un prêtre étranger, en robe blanche, priait. Le carillon de l'horloge située au pied de l'escalier. Le défi qu'elle avait lancé en direction du crucifix près de l'autel. «Que dirais-tu si je t'enlevais ce type?»
Mais l'homme malingre et sans force, aux deux bras étendus sur la croix, avait pourtant repris Otsu.

*

Brusquement , elle repensa à un passage de Thérèse Desqueyroux, celui ou l'héroïne celle au chevet de son époux Bernard. Une soirée identique à celle-ci, sans la moindre parcelle de lumière, sans le moindre bruit, une nuit d'encre à Argelouse.

*

Jusqu'à la disparition de mon épouse, je ne m'étais jamais préoccupé de ce qui se passait après la mort. Je ne pensais même pas à la mort. Cependant ses paroles prononcées la veille de son décès sont restées gravées dans mon esprit, je n'arrive pas à m'en défaire, et cela a une influence sur ma vie. Je suis sans doute ridicule. La vie est incompréhensible quelquefois.




Après une enfance passée à Dalian en Mandchourie, Shûzaku Endô reçoit le baptême à onze ans, avec sa mère qui se convertit au catholicisme à son retour à Kōbe en 1934 et lui donne une éducation catholique. Il étudie la littérature française à l'université Keio de Tōkyō puis à l'université de Lyon de 1950 à 1953, où il se passionne pour la littérature catholique, avant de revenir au Japon et tenter sa chance comme écrivain. En 1955, il est lauréat du prix Akutagawa, le prix littéraire le plus prestigieux du Japon, pour son roman Shiroi Hito (L'Homme blanc). La plupart de ses livres sont traduits en français, et beaucoup ont été adaptés au cinéma.
Ses livres sont inspirés de ses expériences d'enfance: le stigmate d'être un étranger, la vie d'un patient hospitalisé et la lutte contre la tuberculose. Ils reflètent beaucoup de ses questionnements spirituels touchant les relations entre sa foi catholique, qui apparaît dans tous ses livres et en est souvent un élément central, et les traditions culturelles et religieuses japonaises. La plupart de ses personnages sont en proie à de complexes dilemmes moraux et de leurs choix résultent souvent des résultats mitigés, voire tragiques. En cela, ses travaux sont souvent comparés à ceux de Graham Greene. En fait, Greene lui-même a désigné Endō comme étant l'un des meilleurs écrivains du xxe siècle.

(Source Wikipédia)

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