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Mon frère

Daniel Pennac








  • Broché: 144 pages
  • Editeur : Gallimard (5 avril 2018)
  • Collection : Blanche
  • existe en version numérique
  • Langue : Français









La littérature est l’occasion rêvée de rendre hommage à un être cher, disparu, trop tôt. C’est un exutoire parfait pour l’auteur, qui laisse glisser la plume pour dire et alléger son chagrin, et comble le manque à coups de phrases et de souvenirs. La vertu thérapeutique de l’écrit.
Mais pour le lecteur, si la compassion peut être de mise, le deuil n’est pas le sien. L’être perdu ne l’est pas. Les mots ne soulageront pas la peine. Il faut donc que l’écrivain crée la connivence par un autre biais que la douleur partagée.

Daniel Pennac se livre ainsi à un exercice de style, qui mêle les souvenirs à la lecture publique de Bartleby le scribe, nouvelle mythique d’Hermann Melville, qui a fait et fait encore coulé beaucoup d’encre, tant le personnage énigmatique interroge , étonne, agace, surprend. Et le lien se fait naturellement, l’auteur revendique une construction « Marabout-bout de ficelle », dans une sorte d’écriture intuitive. Le personnage de roman rejoint le frère perdu, pour s’y retrouver . Et Daniel Pennac prendra place du juriste de melville, déconcerté par ce qu’il ne comprend pas chez le scribe.

Derrière le texte, le lecteur perçoit la voix de l’auteur, imagine les intonations, ce qui donne encore plus de consistance à ce partage. Le frère restera un inconnu, plus encore qu’il ne le fut pour ses proches, mais le manque aura pris corps.


Belle évocation également de ce que crée la lecture sur scène, les interactions avec le public, qui réagit à ce que l’acteur laisse entrevoir du personnage, comme  si l’histoire se déroulait devant lui. Magie des mots.



Je jouais à vint et une heures, les spectateurs avaient dîné, ils venaient en famille. La digestion parfois endormait les plus âgés. Je prenais garde de ne pas les réveiller tout en veillant à ne pas endormir les autres. 

*

Il y avait de la confiance à s'assoupir au théâtre. Ce n'est pas un signe d'intérêt passionné pour le texte, certes, mais c'est placer notre sommeil sous la protection de la voix . Un délice de régression dont j'abuse moi-même assez souvent.





Daniel Pennacchioni, dit Daniel Pennac, né le  à Casablanca au Maroc, est un écrivain français. Il a notamment reçu le prix Renaudoten 2007 pour son roman autobiographique Chagrin d'école.
Il a également écrit des scénarios pour le cinéma, la télévision et la bande dessinée.





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