- Broché: 600 pages
- Editeur : Héloïse d'Ormesson (17 août 2017)
- Existe en version numérique
- Langue : Français
Malgré l’attrait de lever le voile de mon ignorance concernant le poète chanté par Ferrat, reprenant les textes d’Aragon
« Je pense à toi Desnos, qui partit de Compiègne,
comme un soir en rêvant , tu nous en fis récit,
accomplir jusqu’au bout ta propre prophétie,
là-bas son le destin de notre siècle saigne »
malgré l’intérêt pour la plume magistrale de Gaëlle Nohant, j’avoue avoir eu des craintes pendant les 100 premières pages. C’est encore une fois mon inculture qui en est responsable, car il est difficile de s’accrocher à un récit quand ni les noms, ni les lieux ne sont évocateurs. Bien sûr j’ai entendu parler d’André Breton, mais bien d’autres célébrités croisées dans ces pages, et qui arpentent des rues inconnues étaient pour moi juste des noms plaqués au sein des phrases.
Heureusement la persévérance paie, et lorsque l’Histoire est venue hanter l’histoire, c’est avec un grand bonheur que j’ai pu combler mes lacunes et peut-être un peu mieux comprendre qui fût Robert Desnos. Et de revivre en mots cette période troublée qui va du Front populaire, à la libération des camps de la mort (avec un peu d’effroi aussi, si on ose établir un parallèle avec l’actualité de ce début de 21è siècle). Il est étonnant de constater à quel point les proches de Robert Desnos, sont aussi entrés dans la légende (Jean-Louis Barreau, Antonin Artaud, Prévert…)
C’est superbement écrit, très documenté, et l’on perçoit l’implication profonde de l’auteur pour restituer la biographie du poète en un hommage vibrant.
Vous avez des yeux d'huître , c'est joli.On vous l'a déjà dit?
On ne lui a jamais dit. Des yeux d'huître. Pourquoi pas? Ses yeux étranges, où se mêlent le bleu, le vert et le gris, ont les reflets de la mer quand elle se casse sur les falaises crayeuses par temps de pluie. Ce sont des miroirs qui débordent pour embrasser l'infini. Des yeux qui aiment, caressent et pleurent, des yeux ouverts derrière les paupières...des yeux de poète.
*
Parfois, on dirait que la vie se fatigue de vous éprouver.Que votre résistance a fini par la lasser, comme un enfant qui se détourne d'un jouet qu'il n'a pas réussi à briser.
*
Quand je vois ce qui se passe dans le monde, poursuit Federico avec gravité, je me demande pourquoi j'écris, à quoi ça sert. Une pièce de théâtre n'arrête pas les balles, un poème ne retient pas le bras d'un assassin. Pourtant le travail est une forme de protestation. En tant que tel, il a un sens. Alors je continue à écrire.
Après des études de Lettres, Gaëlle Nohant fait paraître en 2007 L'Ancre des rêves, un premier roman fantastique qui remporte le prix Encre Marine organisé par la Marine nationale. La suite, intitulée La Part des flammes et publiée en 20151, remporte la même année le prix du Livre France Bleu - Page des Libraires et le prix des Lecteurs du Livre de poche 2016. Entre deux paraît en 2010 L'Homme dérouté, un recueil de nouvelles.
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