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Son excellence Eugène Rougon

Emile Zola






  • Poche: 408 pages
  • Editeur : Le Livre de Poche (31 août 2003)
  • Collection : Classiques
Existe en version numérique









Un peu moins d’enthousiasme pour cet opus de la saga, qui se déroule à Paris, et relate la carrière politique du fils de Félicité et Pierre,  Eugène Rougon, habile orateur et politicien dans l’âme. 

Sur le modèle d’Eugène Rocher, Rougon est le  bras droit de Napoléon lll, son homme de confiance dans ce gouvernement autoritaire et répressif. 

Le personnage est assez peu sympathique, même s’il semble honnête. Sa vie privée n’a rien de passionnant, d’autant qu’il repousse les avances de Clorinde Balbi, une intrigante qui sait mener ses affaires, et il n’apparaît même pas comme un homme avide de pouvoir, derrière ses allures débonnaires. Et pourtant…

Autour de lui naviguent une foule de profiteurs, d’arrivistes, de pique-assiettes  en tout genre, prêts à le désavouer si la fortune semble changer de camp.


Intrigues de cour, trahisons, amitiés intéressées, manipulations au sein d’une cour impériale qui vit dans le faste (on en veut pour preuve les festivités qui entourant le baptême du fils de l’empereur), le contraste est grand avec d’autres romans de la série, qui se penchent sur le sort des plus déshérités. 

Pas passionnant.



Tout peut se dire, continua-t-il ; seulement, il y a une façon de tout dire… Ainsi, dans l’administration, on est souvent obligé d’aborder les sujets les plus délicats. J’ai lu des rapports sur certaines femmes, par exemple, vous me comprenez ? eh bien ! des détails très précis s’y trouvaient consignés, dans un style clair, simple, honnête. Cela restait chaste, enfin !… Tandis que les romanciers de nos jours ont adopté un style lubrique, une façon de dire les choses qui les font vivre devant vous. Ils appellent ça de l’art. C’est de l’inconvenance, voilà tout.

*

D’une ignorance crasse, d’une grande médiocrité dans toutes les choses étrangères au maniement des hommes, il ne devenait véritablement supérieur que par ses besoins de domination. Là, il aimait son effort, il idolâtrait son intelligence. Être au-dessus de la foule où il ne voyait que des imbéciles et des coquins, mener le monde à coups de trique, cela développait dans l’épaisseur de sa chair un esprit adroit, d’une extraordinaire énergie.

*

Puis, après son dîner, il éprouva un besoin irrésistible de marcher. Il sortit, il prit le chemin le plus direct pour arriver sur les quais, étouffant, cherchant l’air vif de la rivière. Cette soirée d’hiver était très douce, avec un ciel nuageux et bas, qui semblait peser sur la ville, dans un silence noir. Au loin, le grondement des grandes voies se mourait. Il suivit les trottoirs déserts, d’un pas égal, toujours devant lui, frôlant de son paletot la pierre du parapet ; des lumières à l’infini, dans l’enfoncement des ténèbres, pareilles à des étoiles marquant les bornes d’un ciel éteint, lui donnaient une sensation élargie, immense, de ces places et de ces rues dont il ne voyait plus les maisons ; et, à mesure qu’il avançait, il trouvait Paris grandi, fait à sa taille, ayant assez d’air pour sa poitrine.





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