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Deux kilos deux

Gil Bartholeyns







  • Broché: 300 pages
  • Editeur : JC Lattès (21 août 2019)
  • Collection : Littérature française
  • Existe en version numérique 
  • Langue : Français











Pour commencer, un décor en trompe-l’oeil, qui nous plonge dans un ambiance de far-west, pour quelques pages, le temps de remettre les pendules à l’heure. Sully vient y passer ses soirées, à l’affut d’un regard de la belle serveuse Molly. Mais sa présence est liée à une mission précise puisqu’il est mandaté pour faire le point sur l’élevage aviaire de Frédérick. La météo vient compliquer le déroulement des opérations. 

Ça c’est, pour le cadre général, qui donne un ton aventurier à l’intrigue. Mais ce serait sans compter avec le personnage central, vétérinaire, riche d’une expérience canadienne dans un élevage intensif, et enfermé dans des raisonnements en boucle, des ratiocinations, qu’elles concernent ce qu’il aurait pu dire ou ce qu’il devrait dire, déclinant sans cesse les éléments d’un dialogue projeté, alimenté par ses pensées tournant en boucle. Cela donne une idée de l’état d’angoisse permanente qui l’anime.

Par contre, toutes ses réflexions vont être une source particulièrement instructive, pour le lecteur, qui, même s’il n’est pas entièrement naïf, risque bien de se recevoir une douche pas tiède du tout,  et passera le plus loin possible de ces rayons de volailles découpées au supermarché, qui dans leur barquette innocente, laissent sous silence le  parcours calamiteux qui permettra à leurs acheteurs de de concocter une salade Caesar (ou tout autre recette, au choix). 

Ce n’est pas le premier écrit qui se penche sur cette question de la cause animale, de  la souffrance, de l’intérêt nutritionnel mis en balance avec l’écologie et la gestion des ressources . 
L’intérêt de celui-ci tient à cette personnalité du héros, décrite ci-dessus. Car loin d’être un discours univoque, le débat montre bien les impasses, les absurdités et les mensonges qui jalonnent les discours officiels. Encore une fois , on perçoit la trame et le fil conducteur de toutes les décisions de ceux qui se sont fait élire : ménager les lobbys et veiller à ce que les filières soient rentables. 


Roman très bien écrit, non dénué d’humour, et qui peut difficilement laisser insensible.


#DeuxKilosDeux #NetGalleyFrance






Alors en attendant que la vie lui fasse signe, le dieu du stade pelletait les nuages, carburant aux petits boulots. Rabatteur, peintre en bâtiment, saisonnier. Une fois il était au garage d'Albertine, un vieux connard qui prétendait avoir fait l'Everest, non seulement ça mais sans aide respiratoire. Un autre fois, il prêtait main forte à la ferme, chez les Voegele. Il avait décidé de vivre au jour le jour. C'était drôlement courageux.


*

Sullu n'arrivait pas toujours à être tendre envers les mites et les moustiques, immenses criminels, mais il ne voyait pas pourquoi la vie elle-même semblait dis difficile à respecter.


*

Etait-il nécessaire de manger du chien, de la girafe pour qu'ils existent? Tuer ferait donc vivre et la mort serait source d'existence - c'était du plus bel effet.

*

Sully aimait mieux courir tête baissée pour éviter ceux qui utilisaient le langage pour penser au lieu d'utiliser la pensée pour parler.









Gil Bartholeyns est né en 1975. Il vit à Bruxelles et enseigne à l’université de Lille l’histoire et l’anthropologie. Deux kilos deux est son premier roman.

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