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A crier dans les ruines

Alexandra Koszelik








  • Broché : 254 pages
  • Editeur : Aux Forges de Vulcain (23 août 2019)
  • Collection : LITTERATURE
  • Existe en version numérique
  • Langue : Français







Les romans sont des instruments efficaces pour mettre en lumière ce que le politiquement correct s’efforce de passer sous silence. Alexandra Koszelyk n’est pas la première à s’y risquer, mais il s’agit pour elle d’une première production. 

C’est à Tchernobyl, dans les ruines devenues touristiques que l’on fait la connaissance de Lena. Très vite, son attitude laisse penser qu’elle n’est pas là comme la plupart des visiteurs, juste pour se faire un peu peur, et entendre le discours officiel des guides. Cet endroit lui a été familier.

On revit avec elle l’enfance, éclairée d’un amour inconditionnel pour Ivan. La complicité, le bonheur d’être ensemble jour après jour, le temps qui modifie peu à peu la candeur de leur attachement.

Et puis c’est l’accident, la panique, la fuite, et la séparation. Le lien ténu qui persiste jaunit au fond d’une boite, les lettres jamais envoyées en témoigneront des années plus tard.

Léna grandit en France, s’acclimate, se fond dans la foule, riche de son intelligence, mais rongée par les souvenirs de celui qu’elle pense avoir perdu à tout jamais. 

L’histoire est intéressante, même si elle prend parfois des allures de romance. On s’attache à la jeune femme vaillante , et fidèle dans ses convictions. 
Quelques redites alourdissent un peu le texte, qui reste cependant agréable à parcourir.


Un premier  roman salué par les talents Cultura, et riche d’un potentiel d’écriture.



Comme les autres. Tu es comme les autres. Dès que tu as franchi cette putain de frontière à la con, tu m’as oublié. Peu importe ce qu’on avait vécu. Pfft, du vent! Les promesses ne tiennent que le temps d’être dites. Après, on trouve toujours des choses pour s’en détourner. Se divertir. 

*

De l’hydrogène et de l’oxygène se mélangent, formant un cocktail atomique explosif. Le réacteur perd pied, et, après un dernier regard incompris vers ses techniciens, il ne tient plus et explose la dalle de béton qui l’entoure. Un feu d’artifice de 1200 tonnes. Le fracas est assourdissant. Les lumières clignotent. La catastrophe a eu lieu. On court, on tourne, on hurle. Lorsque la dalle retombe sur le réacteur, son poids le brise de toutes parts et provoque un incendie cyclopéen. Le feu rampe partout, et l’œil unique du réacteur brûle comme celui de Polyphème en des temps immémoriaux. Une nouvelle apocalypse sur terre. Les divinités vengeresses dans la forêt rient de leur nouvelle tourmente déclenchée.

*

Les embruns, le cri des mouettes et l’air iodé auraient pu surprendre Léna, son esprit s’ancra au contraire sur ces murets de granit qui portaient les stigmates d’un monde disparu. Leur rondeur et leur rugosité formaient des histoires que la Slave se plut à imaginer. Au loin, des hortensias roses achevaient la palette des couleurs.







Alexandra Koszelyk est professeure de Lettres Classiques.
"À crier dans les ruines" (2019) est son premier roman.

1 commentaire:

  1. J'ai adoré ce livre. Je viens de le terminer. Tchernobyl un sujet peu abordé dans les livres. Lena est un personnage attachant. Un de mes livres préférés de la sélection automne des 68 premières fois

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