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Ceux que je suis

Olivier Dorchamps










  • Broché : 252 pages
  • Editeur : Finitude Editions (22 août 2019)
  • Existe en version numérique
  • Langue : Français




















Un destin écrit sur une trentaine d’années, peut voir son parcours totalement infléchi par les aléas de notre condition de mortel. 


L’histoire d’une famille s’accommode des non-dits, comblés par ce que l’imagination attribue à la logique, jusqu’à ce qu’un événement vienne bouleverser les bases de l’édifice. Pour Marwan, c’est le décès subit du père avant ses soixante ans, à l’issue d’une vie de labeur incessant. Le dernier souhait de l’homme, être enterré à Casablanca, qu’il a quitté des décennies plus tôt, vient semer le trouble parmi ses trois fils, dont l’entente laisse à désirer. 

Marwan est celui qui accompagnera la sépulture en avion, avec Kabic, l’ami de toujours, compagnon d’émigration du défunt. La famille se retrouvera à Casa pour suivre les rites et la tradition qui entoure les décès. Mais plus qu’un dernier hommage rendu au père, c’est un rendez-vous avec l’histoire de sa famille, bien loin de ce qu’il imaginait.

Le récit est émouvant, l’auteur sait transmettre les sentiments qui animent les personnages. Les révélations sont distillées après avoir été suggérées, suscitant une attente propice à l’envie trouver les pages.

C’et aussi l’occasion de rendre compte de la difficulté persistante pour toute cette génération « issue de l’immigration » d’être serein vis à vis de son identité. Avec un sentiment d’usurpation que ce soit dans le pays d’origine de la famille ou dans la contrée d’adoption, au terme d’un parcours souvent complexe. 

Le regard posé sur les coutumes marocaines autour du deuil, jugé par le fils qui se sent français avant tout, est doublement interessant. On se plie aux rites pour ne pas blesser les proches, malgré le sentiment de ne pas porter au défunt tout le respect dont  d’autres coutumes donneraient l’illusion.

Un roman digne et perspicace.




Pourquoi ne l’ai-je jamais questionné sur son pays? Je ne sais pas. J’avais honte ; de cette honte qui donne honte d’avoir honte. Comme lorsque je disais à mes camarades que ma mère était caissière alors qu’elle empilait des boîtes de conserve au supermarché. Mensonges minables de ceux qui ont vraiment la honte. J’aurais pu raconter qu’elle était secrétaire ou employée de mairie, mais on aurait tout de suite démasqué la supercherie. Alors que caissière, c’était suffisamment modeste pour être plausible et alléger ma honte.

*

Depuis la mort de mon père, j'ai pris conscience que le temps qui passe, c'est le temps qu'il reste.

*

Mon père ne s’était jamais fait naturaliser. Il disait qu’à la douane, que ce soit à Paris ou à Casa, il serait toujours un Marocain en exil, jamais un Français en vacances, alors à quoi bon ?








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