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Le palmier ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Valentine Goby 











Les premières pages de ce roman sont déroutantes. Cette petite fille passionnée d’odeurs  et de mots, qu’elle consigne soigneusement dans son cahier, est un personnage peu ordinaire ! 


L’histoire se construit autour d’un palmier, déclaré malade, dévoré de l’intérieur par des charançons. Sa punition première, qui en même temps une tentative de sauvetage, et de l’étêter, de lui couper ce qui fait son panache. La petite scrute aux jumelles l’extrémité de ce végétal, a la fois emblématique de la région et pièce maitresse d’un jardin du sud. Mais rien ne semble indiquer une reprise de végétation. 


L’enfant observe, se nourrit de mots, et des histoires rapportées par son père, souvent absent, parti ailleurs  pour rechercher des senteurs particulières, destinées à l’industrie du parfum. 


Mais l’enfant exprime bientôt une angoisse profonde, et des crises de panique nocturnes. En l’absence du père pas de problème pour rejoindre le lit de la mère, mais lorsqu’il rentre, elle doit trouver d’autres subterfuges pour ne  pas être seule dans sa chambre…


C’est avec beaucoup de grâce et un savoir faire remarquable que Valentine Goby nous conte cette histoire de traumatisme psychique, dont le souvenir enfoui trouve des voies détournées pour se manifester.


On est plongé dans un univers de plantes  et de parfum, ce qui fait de ce roman une bible de connaissances botaniques, que l’on acquiert au rythme de l’enfant.  


Après un temps d’adaptation pour comprendre le message et le chemin pour y parvenir, j’ai pris un grand plaisir à la lecture de ce roman.


256 pages Actes sud 25 août 2025








L'herbe courte et cassante poinçonne ses plantes de pieds, elle n'y prête aucune attention. Pas plus qu'à la mèche collée en travers de son front ou qu'à la grosse mouche qui vibrionne dans sa nuque. La paume refermée sur le poil de la chienne, elle regarde l'homme casqué, ganté de fer, carapaçonné de rouge et noir, fendre la fixité de ce matin d’août, se hisser vingt  mètres au dessus du sol, une tronçonneuse fichée dans le dos.




 La merveilleuse odeur la tire de sa rêverie. Elle saisit la mouillette, ferme les yeux, inspire, expire, plusieurs fois. C'est puissant et doux en même temps. L'odeur se déploie en couverture moelleuse. Une odeur de tous les mauves, les violets, de laine profonde et de cashmere, de lait et de terre après la pluie.

Valentine Goby



Née en 1974 Valentine Goby est une écrivaine française 


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Entre toutes ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Franck Bouysse 











Marie est née pendant la grande Guerre, la Der des ders, qui pourtant n’a été que l’annonce des suivantes. Privée d’un père, parti au front puis revenu brisé comme tant d’autres. Une petite blessure qui se voit à peine, mais un grand désastre intérieur. C’est cela aussi que raconte ce roman. 

Marie grandit, avec des rêves d’ailleurs, et le soutien de sa mère qui malgré ses capacités n’a pas poursuivi des études au-delà du certificat. Finalement l’amour déjouera ces plans de conquête d'un autre statut et c’est à la ferme familiale que Marie passera sa vie, avec Clément, le beau jeune homme à la voix d’ange qu’elle a entendu à l’église. 


C’est donc dans une France profondément rurale que l’on traversera le vingtième siècle, avec pour toile de fond une petite ferme en autosubsistance, des gens simples attachés aux traditions, et pas encore soumis aux diktats de l’économie agricole mondialisée.


Des drames jalonnent l’histoire, les deuils se succèdent, les joies aussi, les naissances et l’amour malgré tout, celui des parents de Marie, puis de Marie et Clément. De la bienveillance et la volonté de bien faire. Mais les turbulences de la deuxième guerre révèleront des personnalités indignes que les circonstances amèneront au grand jour.



C’est une histoire émouvante, un très beau condensé de ce que fut ce vingtième siècle, une période que l’on sent en pleine ébullition, une modernité prête à surgir avec son lot de conséquences plus ou moins positives.


Le récit se fait plus simple que dans les romans précédents de l’auteur, la nature y est certes présente mais moins prégnante (très peu de vocabulaire botanique, en comparaison avec les romans précédents de l'auteur  !) .



Une belle lecture que la dernière phrase justifie.  



288 pages Albin Michel 20 septembre 2025







Un homme qui en tue un autre est aussi mort que sa victime, sinon, il ne serait pas vraiment un homme. La guerre, elle ne fabrique pas de héros, elle fabrique du malheur, la laideur la plus absolue.


*


C'est terrible de constater que la mort fait vivre les gens, que ces gens-là font tout pour qu'une guerre revienne les engraisser.


*


Voilà où ça mène le monde aujourd'hui ! Toutes les formes du vivant sont tôt ou tard, vouées à disparaître. Il semblerait que le seul but de l'évolution d'une espèce soit à la conquête d'un monde qui conspire à sa perte dès son apparition. Les humains en sont l’irréfutable preuve. Dans l'histoire, leur intelligence n'aura été qu'une forme transitoire de leurs bêtises.


*


Nous sommes capables de cartographier, le génome humain, d'identifier des anomalies, mais nous ne sommes pas en mesure d'évaluer quelle part du vécu de nos aïeuls , imprègne réellement, ce bruit de fond dans  nos cellules qui rôde comme un fantôme. Qu'est-ce qui se perd et se conserve dans le grand délayage héréditaire ? Qu'est-ce qui s'endort ? Qu'est-ce qui disparaît à jamais ?


Franck Bouysse


Né en 1965, Franck Bouysse est un écrivain français. 


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La pentatonique du coeur ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️❤️

Marcus Malte  











Ce titre énigmatique, La pentatonique du coeur, nous entraîne dans un univers musical avec cette gamme si présente dans le blues, mais la verve de Marcus Malte évite l’écueil d’entrainer le lecteur dans un univers hyperspécialisé que ne connaissent que les pros du sujet, un plus lorsqu’on n’apprécie pas les romans truffés de références musicales, surtout quand on  ne les a pas ! 


Le narrateur nous parle de   son enfance, baignée de titres qui sont autant d'accroches  aux souvenirs et ceci avec le talent de conteur de l'auteur, les fameuse références que l'on pourrait ne pas connaître sont savamment expliquées et contextualisées :  c'est parfait. 


« Il n'y a pas de hasard » 


C'est jubilatoire ! L'amour des mots et l'art de décrire des émotions et sentiments en les assimilant  à un contexte marquant est une merveille, c'est court et efficace, sans oublier l'humour des situations cocasses qui sont le lot de musiciens en herbe. 


C’est  une très belle histoire d’amitié,  de celles qui sont une évidence et naissent spontanément dès les premières rencontres.


Un coup de coeur ajouté aux précédents attribués à Marcus Malte, qui est dans le top trois de mes auteurs favoris 


172 pages Buchet Chastel 10 avril 2025





Mademoiselle Barin, Geneviève de soixante ans, d'original, alsacienne, replète et verruqueuse, dont  la plus grande qualité, n'était pas tant la virtuosité que la patience.


*


Nous allions parfois au cinéma, pénétrant au paradis en tapinois, par la sortie de secours. Et c'était foutrement bien.

Rien de très original. Rien d'extraordinaire. Le chouette quotidien de fils du peuple et enfants du Sud.


Né en 1967, Marcus Malte dit Marc Martiniani, est un auteur et nouvelliste français.


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Le livre sans nom ⭐️⭐️

Yello et Koe'











Ne connaissant pas la série, j'ai abordé cette BD avec un oeil naïf. Cependant, la magie pourtant présente dans cette histoire n'a pas opéré. Je n'ai pas bien compris l'intrigue, d'autant que j'ai eu beaucoup de mal à suivre. La logique de transition entre les cases m'a souvent échappé. Ayant lu depuis Noir comme l'enfer, et perçu la complexité des personnages et de l'histoire, c'est sans doute normal. Le dessin  en noir et blanc ne m'a pas séduite. Là encore, j'ai eu du mal à discerner le rôle de chacun.


Rendez vous raté donc, avec l'adaptation de cette série qui pourtant m'a bien surprise et attrapée avec le dernier tome !


192 pages sonatine 6 novembre 2025


 





Noir comme l'enfer ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Anonyme 











Attention immersion dans un univers totalement déjanté, avec des surprises garanties à chaque page ! Surtout si, comme moi, vous découvrez le monde de Bourbon Kid avec ce tome : le onzième de la série ! Donc, balayé l’argument de la difficulté à se repérer parmi les nombreux personnages, ils sont certainement familiers aux accros de la série. 


L’histoire commence assez banalement avec l’enlèvement de jeunes femmes dont on ne retrouve aucun trace. Surprise pour la scientifique, l’ADN retrouvé sur l’un des suspects matche avec celui de Jack l’éventreur ! 

Une affaire sur mesure pour le plus grand tueur tous les temps : Bourbon Kid !


Une fois les repères en place , on découvre un festival  de scènes à la fois violentes, drôles, étonnantes. Bref on passe par des à-coups émotionnels incroyables.


Rien n’est interdit : le voyage temporel, la téléportation, le clonage, mais aussi Hitler dans son bunker, mais pas vraiment décidé à y rester, impatient de tuer les parents de ses futurs ennemis, pour se garantir une victoire facile dans la guerre qu’il est sur le point de perdre . On risque même fort de croiser Dieu et celle qui tient les rênes,  Madame Dieu !


Où l’on peut trouver ce genre de dialogue : 


Quelqu'un va me dire ce qui s'est passé ? lança Jacquot. Vous avez trouvé Einstein ?

Il s'est enfui, répondit Sanchez. Avec Hitler et Jacques l'Éventreur.



Un humour féroce, à la Tarantino si l’on veut faire un parallèle avec le cinéma, anime ces pages, qui malgré leur nombre m’ont tenu en haleine du début à la fin. J’ai ri, frémi, tremblé, au gré des coups de génie de l’auteur !



Une bien belle découverte pour laquelle je remercie Netgalley et les éditions Sonatine 


512 pages Sonatine 6 novembre 2025

#Noircommelenfer #NetGalleyFrance 








Herman est une machine à tuer très sophistiquée. Lui et moi, nous nous sommes rendus à Londres, en 1888, nous avons retrouvé la mère du Premier ministre britannique, Mary. C'était une prostituée. Hermann l'a assassinée pour l'empêcher de donner naissance à son fils. Mais lorsque nous sommes retournés dans le futur, l'issue de la guerre n'avait pas changé.


*



Quelqu'un va me dire ce qui s'est passé ? lança Jacquot. Vous avez trouvé Einstein ?

Il s'est enfui, répondit Sanchez. Avec Hitler et Jacques l’Éventreur.


Le "Bourbon Kid" est une suite de romans et nouvelle d'un écrivain anonyme dont le personnage principal porte également le nom de Bourbon Kid, personnage surnommé ainsi en raison de sa capacité à se transformer en tueur impitoyable en buvant du bourbon.

Débutée en 2006, elle compte en 2025 onze romans et une nouvelle et l'anonymat de l'auteur est toujours préservé. 

 


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