Le roman de Bernardo Carvalho aborde la thématique d’une relation complexe entre un et son fils. L’enfant, puis le jeune adulte tentent de comprendre le fonctionnement et les non-dits du père, qui semble happé par des problèmes existentiels autant politiques que personnels. L’une des premières scènes est saisissante : le père et le fils survolent la forêt amazonienne dans un tout petit avion et l’enfant va se retrouver aux commandes lorsque le père fait un malaise !
Les échanges entre les deux personnages, qui ne seront jamais nommés, de même que tous les personnages de ce roman qui sont désignés par leur fonction, s’articulent autour des questions que l’enfant se pose sur les activités de son père, centrées sur la déforestation, avec ce qui en découle de la dépossession des terres des autochtones.
Plus tard sera abordée la relation entre le garçon et son petit ami, des accusations de harcèlement sexuel qu’un directeur de théâtre auraient fait subir à un de ses collègues acteur, ce qui l’incite à lui aussi le dénoncer. Le dialogue entre les deux hommes balaie le spectre des arguments sur la question.
Mais à l’intérieur du récit, un deuxième roman s’insinue dans les pages : celui d’une dystopie que l’enfant est en train de lire, et dont il fait un retour commenté au père. Ce récit lui même soulève d’importantes questions morales, et se pose en miroir de l’autre fil narratif, au point de parfois de frôler une fusion de sens.
Il en résulte une sorte de roman d’apprentissage tout à fait captivant.
Quant au titre, fait-il référence aux personnages de la dystopie, où au remplacement des populations chassées de leur territoire ? Les deux sans doute …
Le style est très particulier, du fait de la présentation des personnages, avec une sorte de champ-contrechamp permanent entre le père et le fils. On acquiert vite la mélodie de cette écriture et cela ne pose aucun problème de compréhension.
Survol, à double titre, de la situation politico-écologique du Brésil de la seconde moitié du vingtième siècle, présenté à travers un roman qui pose les bonnes questions en utilisant le prisme des échanges assez atypiques d’un couple père enfant. Découverte de cet auteur qui a pourtant déjà écrit 16 livres !
Merci à Netgalley et aux éditions Métailié.
208 pages Métailié 28 août 2025
#Lesremplaçants #NetGalleyFrance
Pour remédier aux injustices, on s'en prend au plus faible, au plus vulnérable, celui qui est à portée de main. Il sert de bouc émissaire à notre soif de justice. Il n'est pas rare de remplacer le manque de justice par une autre injustice, plus ou moins grande, ce n'est pas la question, pour nous sentir mieux.
Né en 1960, Bernardo Teixeira de Carvalho, plus connu sous le nom de Bernardo Carvalho, est un écrivain et journaliste brésilien.