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Rototo 1er ⭐️⭐️⭐️⭐️

Charles Dantzig











Ce texte est une farce, au sens théâtral du mot, c’est à dire  une « pièce de théâtre d'inspiration bouffonne mettant en scène des personnages souvent grotesques et présentant généralement un comique de mots, de gestes ou de situation(s). »


Un modèle ancien certes mais cuisiné selon une recette bien actuelle puisque qu’elle met en scène le plus grand des bouffons, qui se trouve être l’actuel président des Etats-Unis . Avec lui il est à peine nécessaire de forcer le trait !


Il est accompagné d’un aréopage de personnalités à savoir Churchill, Eleanor Roosevelt, plein de petits robots narquois, et Charlotte et Léonard deux étudiants fiancés. Charlotte appartient à un groupe de rebelles et rêve d’assassiner le dictateur 


La pièce se déroule « nulle part » et dans un « moment tordu ».


Le personnage de Rototo, s’il prête à rire est en fit un manipulateur qui se donne à voir en gros beauf ignare dès qu’un public est présent mais peut se révéler en privé, où il se défait de son langage outrancier et vulgaire, parfois à la limite du compréhensible tant il maltraite la syntaxe. Il poursuit un but : sa guerre ! 

Tandis que Churchill et Eleanor changent des propos sérieux sur leur destin et sur la guerre, Rototo compare en permanence leurs échanges avec sa propre  histoire et tente de comprendre ce qu’il pourrait utiliser pour parfaire son image.


Les échanges entre les deux étudiants tournant autour de l’arrivée au pouvoir du milliardaire.



On rit, certes aux bouffonneries de Rototo, à peine exagérées, et on frémit quand on constate, écrit noir sur blanc, ce que l’actualité nous démontre chaque jour, la dangerosité du pouvoir dans les mains d’un tel irresponsable. L’humour est le meilleur moyen de mettre à distance notre angoisse .


Il ne reste plus qu’à souhaiter qu’un metteur en scène se saisisse du projet et nous donne à voir sur scène les échanges entre ces personnages, dont le leitmotiv est finalement la guerre, vue du point de vue ce ceux qui la fomentent. 


Charles Dantzig est un auteur éclectique et chacun de ses productions nous entraîne là on ne l’attend pas forcément. Cette pièce est courte mais instructive !


112 pages Grasset 8 Octobre 2025

#ROTOTOIer #NetGalleyFrance







J'ai lu un roman une fois, d'un génie à c' qu'i disaient, j'ai trouvé ça stupide.  I mettait de la logique partout. La vie n'a pas de « logique ». On fait ce qu'on veut. C'est le plus malin qui gagne. Pas plus fort, attention ! Le plus malin ! Les forts i sont très stupides.



*


Même les milliardaires doivent payer pour obtenir ce qu'ils veulent. Quand tu as le pouvoir, tu payes avec l'argent de la population.

Charles Dantzig


Né en 1961 Charles Dantzig est un écrivain français 


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Proust océan 






Toutes les fêtes de Noël commencent par un meurtre ⭐️⭐️⭐️⭐️

Benjamin Stevenson 











Ce Noël caniculaire se déroule en Australie. Avec un premier meurtre dans des circonstances étranges, qui font évoquer une mise en scène pour désigner un coupable trop évident : Erin se réveille les mains en sang, avant de découvrir son mari assassiné à l’étage inférieur. Le narrateur, qui est aussi l’enquêteur et le guide pour aider le lecteur à s’y retrouver parmi les indices et reconstituer le déroulement des faits, est aussi l’ex de la suspecte. 

Avant de mourir, l’homme avait contacté la police pour avertir qu’un meurtre allait être commis. Le sien ou celui qui va ôter la vie le lendemain au magicien vedette d’un spectacle ?



Un soin particulier est apporté à l’édition de ce roman, tout à fait en accord avec le thème. Des pages illustrées de flocons de neige, et surtout un calendrier de lavant, dont chaque case est censée s’ouvrir sur un indice. Le cadre est revendiqué :


« c'est un honneur, d'une certaine manière, de faire mon entrée ici dans le très estimé panthéon des « épisodes de Noël ». Une tradition ancestrale dans laquelle nos personnages de séries préférées enfilent des bottes rouges et suspendent des branches de gui au plafond. ».


Malgré la brutalité des deux meurtres, on est quand même dans une ambiance de cosy mystery, ou de « roman à énigme fair play comme l’intitule le narrateur dans le prologue. 


Tout au long du déroulement de l’intrigue, ce narrateur interviendra pour justifier l’utilisation de tel ou tel artifice dans le roman policier en général, tout en se justifiant lorsqu’il y a recours. On se démarque clairement du polar réaliste, la comédie est bien présente. 


De nombreuses allusions à la construction des séries où les mêmes procédés sont présents (comme le deuxième meurtre juste avant la coupure pub !)


Beaucoup d’humour et d’autodérision donc dans ce roman plutôt sympathique, pas si facile que ça à résoudre même après avoir mangé tous les indices non chocolatés !


Merci à Netgalley et aux éditions Sonatine 




208 pages Sonatine 16 octobre 2025

#TouteslesfêtesdeNoëlcommencentparunmeurtre #NetGalleyFrance 




Vous pensez vraiment que c'est cette machine qui a tué Rylan ? Le couperet était en papier.

Tout comme la déclaration d'indépendance et la Bible, le papier a tué plus de gens que n'importe quelle lame


*




La présence de jumeaux, né considérée comme un procédé malhonnête que si le lecteur n'est pas informé dès le début du récit. Ceci afin de le protéger de l'échange, tant redouté.


Benjamin Stevenson 


Né en Australie, Benjamin Stevenson est stand-upper et romancier.


Qui est coupable ? ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Hazell Ward 












Voilà un polar ou plutôt comme le qualifie l’auteur, un roman à énigme bien original ! Certes, un meurtre a été commis et on est donc à la recherche d’un coupable. Mais ce n’est pas le plus important. 


« les lecteurs n'ont rien à faire du crime. Ou de la victime. Ils n'ont pas grand-chose à faire non plus de qui commet le crime. Ou de comment il l'a commis. Ou même de pourquoi il l'a commis. Le roman policier parle de celui qui mène l'enquête. Ce qu'il dit découvrir est presque accessoire. »


Ce détail étant réglé, il faut savoir que le lecteur va être mis à contribution, pour ne pas laisser les indices savamment disséminés dans le texte, ça, c’est classique. Mais ce n’est pas tout. Il vous faudra vous munir d’un crayon et votre livre ne sera plus présentable, hors de question de le prêter. Car vous allez avoir des questionnaires à remplir, des lettres à rédiger (parfois assez personnelles : raison de plus de ne pas refiler l’ouvrage ensuite !). Une participation bien active donc ! Le tout assaisonné d’humour et d’autodérision, qui rendent le roman aussi drôle qu’inventif.


Une série de personnages sont présentés au début, sur les lieux de ce fameux crime qui a eu lieu trente ans plus tôt,  autour d’une table, dressée pour des convives (on a le droit  à l’énoncé du menu), autour de laquelle les protagonistes vont s’exprimer. 


Un polar = un enquêteur. Personnage central nous a dit l’auteur. On vous présente Max Enygma (à moins qu’il ne se nomme Monty Egg). Un détective aussi caricatural que son nom ! J’en profite pour dire un mot des noms de personnages : vous y trouverez un Gaston Leroux et un Wilkie Collins, au passage. Enygma a des idées bien arrêtées et un don certain pour orienter ses interrogatoires. Il est cependant fragile, d'autant qu'il subit lors de ce séjour dans le manoir une intoxication au plomb ! 


Hormis un ventre mou au centre du roman, lorsque Enygma interroge les différents témoins, répétant des notions déjà évoquées, l’intérêt du lecteur est à nouveau sollicité lorsqu’il doit reprendre son crayon ! Et répondre à des QCM, au stratagème clair comme de l’eau de roche dans la façon d’orienter les réponses. 


Le roman est donc en apparence le résultat d’une co-construction auteur-lecteur. N’oublions pas cependant que : 


Nous sommes le narrateur. Dieu, c'est l'auteur. Mais nous travaillons pour l'auteur. Donc nous sommes voisins de Dieu. Ce qui signifie qu'on peut faire tout ce qu'on veut.



Un certain nombre de réflexion sur les romans et la littérature  en général vous arracheront un sourire de temps à autre :


Le but d'un roman est de raconter à ses lecteurs, une histoire vraie au sujet de personnages, qui n'ont jamais vécu, dans un monde qui n'a jamais existé.


ou


Pas de sexe, s'il te plaît, nous sommes des lettrés. Dans les livres les passages où il y a du sexe sont toujours affligeants


Quant au meurtre qui est le noyau du roman, les indices menés vous permettront-ils de la résoudre. Allez, prenez votre crayon !


Merci à Netgalley et aux éditions Sonatine 


544 pages Sonatine 9 octobre 2025

TO Game is murderer 

Traducteur : Paul-Simon Bouffartigue 

#Quiestcoupable #NetGalleyFrance 







« les lecteurs n'ont rien à faire du crime. Ou de la victime. Ils n'ont pas grand-chose à faire non plus de qui comme il le crime. Ou de comment il l'a commis. Ou même de pourquoi il l'a commis. Le roman policier parle de celui qui mène l'enquête. Ce qu'il dit découvre est presque accessoire. »


*


Le but d'un roman est de raconter à ses lecteurs, une histoire vraie au sujet de personnages, qui n'ont jamais vécu, dans un monde qui n'a jamais existé.


*



Nous sommes le narrateur. Dieu, c'est l'auteur. Mais nous travaillons pour l'auteur. Donc nous sommes voisins de Dieu. Ce qui signifie qu'on peut faire tout ce qu'on veut.


*




Comment peut-on deviner ce qui n'est pas là ? Comment choisir, parmi les millions de choses qui pourraient être là, la seule et unique, chose qui devrait être là ? On ne peut pas. Et l'auteur le sait.

Il se fout de votre gueule, tout simplement



Hazell Ward


Formatrice pour adultes pendant de nombreuses années, Hazell Ward a ensuite travaillé pour une association caritative dans une zone défavorisée, accompagnant des jeunes adultes pour les encourager à poursuivre des études ou à travailler, et pour les aider à réaliser leurs rêves.

"Qui est coupable ?" ("The Game is Murder", 2025) est son premier roman.


Mortel Noël ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Denis Michelis 











Même si le sapin qui  orne la pièce principale du chalet-témoin  est magnifique, la magie de Noël n’est pas au rendez-vous. Si  l’on en croit Oliver,  ado rebelle qui rechigne à accompagner sa mère et son nouveau compagnon, Klaus, des faits étranges sont à déplorer : l’attitude suspecte d’Amer, préposé aux petits boulots divers et variés dans la maison, la cave fermée avec interdiction de s’y rendre, plus le fait que la précédente épouse du potentiel beau-père a disparu d’un coup alors qu’elle était plutôt du genre harceleuse…Les indices sont alarmants. La mère ne veut rien entendre, et met sur le dos de la crise existentielle de l’ado toutes ces élucubrations qui ne reflètent que son mauvais caractère. 


"Chalet chelou. Voilà tout ce que j'ai eu la force d'écrire hier soir à notre arrivée. Nuit noire, insondable. Même pas faim. Sur mon petit balcon, j'ai fumé en 2-2 un joint minuscule, le regard rivé sur les ténèbres, froides et piquantes, et je suis allé me pieuter direct."



Pour ajouter à l’ambiance, Oliver se passionne pour la lecture d’histoires glauques. 


C’est par le journal d’Oliver que l’on suit le déroulement de ce court thriller de Noël. L’humour est au rendez-vous cependant : porté par les propos de l’adolescent, mais aussi par la description des personnages suffisamment caricaturaux pour prêter à sourire. 


Pas besoin de flic perspicace, c’est aussi l’ado qui dénouera l’intrigue. 


Très différent des autres romans de l’auteur , Mortel Noël est une farce réjouissante, qui refuse de se prendre au sérieux,  pour en finir avec l’illusion de la trêve des confiseurs 


A mettre dans tous les chaussons au pied du sapin. 


Merci à Netgalley et aux éditions Noir sur Blanc 


140 pages NSB 2 octobre 2025

#MortelNoël #NetGalleyFrance









Chalet chelou. Voilà tout ce que j'ai eu la force d'écrire hier soir à notre arrivée. Nuit noire, insondable. Même pas faim. Sur mon petit balcon, j'ai fumé en 2-2 un joint minuscule, le regard rivé sur les ténèbres, froides et piquantes, et je suis allé me pieuter direct.


*


Des milliers de fois, j'ai voulu faire demi-tour. Quelque chose m'en empêchait, un état quasi hypnotique, une force surgie de je ne sais où, je crois aussi avoir entendu une voix. Hyper grave, dépourvue de tonalité. Oliveeeeer… La voix m’ordonnait de m'enfoncer toujours plus profondément. Oliveeeeer. Je me vois encore effleurer les murs luisant d'humidité, sur lesquels glissaient des ombres aux formes biscornues et indéfinissables.



Né en 1980, Denis Michelis est un romancier français. Son roman Encore une journée divine a été adapté pour le théâtre. 


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Encore une journée divine 


Amour fou 


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Rototo 1er ⭐️⭐️⭐️⭐️

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