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Le livre sans nom ⭐️⭐️

Yello et Koe'











Ne connaissant pas la série, j'ai abordé cette BD avec un oeil naïf. Cependant, la magie pourtant présente dans cette histoire n'a pas opéré. Je n'ai pas bien compris l'intrigue, d'autant que j'ai eu beaucoup de mal à suivre. La logique de transition entre les cases m'a souvent échappé. Ayant lu depuis Noir comme l'enfer, et perçu la complexité des personnages et de l'histoire, c'est sans doute normal. Le dessin  en noir et blanc ne m'a pas séduite. Là encore, j'ai eu du mal à discerner le rôle de chacun.


Rendez vous raté donc, avec l'adaptation de cette série qui pourtant m'a bien surprise et attrapée avec le dernier tome !


192 pages sonatine 6 novembre 2025


 





Noir comme l'enfer ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Anonyme 











Attention immersion dans un univers totalement déjanté, avec des surprises garanties à chaque page ! Surtout si, comme moi, vous découvrez le monde de Bourbon Kid avec ce tome : le onzième de la série ! Donc, balayé l’argument de la difficulté à se repérer parmi les nombreux personnages, ils sont certainement familiers aux accros de la série. 


L’histoire commence assez banalement avec l’enlèvement de jeunes femmes dont on ne retrouve aucun trace. Surprise pour la scientifique, l’ADN retrouvé sur l’un des suspects matche avec celui de Jack l’éventreur ! 

Une affaire sur mesure pour le plus grand tueur tous les temps : Bourbon Kid !


Une fois les repères en place , on découvre un festival  de scènes à la fois violentes, drôles, étonnantes. Bref on passe par des à-coups émotionnels incroyables.


Rien n’est interdit : le voyage temporel, la téléportation, le clonage, mais aussi Hitler dans son bunker, mais pas vraiment décidé à y rester, impatient de tuer les parents de ses futurs ennemis, pour se garantir une victoire facile dans la guerre qu’il est sur le point de perdre . On risque même fort de croiser Dieu et celle qui tient les rênes,  Madame Dieu !


Où l’on peut trouver ce genre de dialogue : 


Quelqu'un va me dire ce qui s'est passé ? lança Jacquot. Vous avez trouvé Einstein ?

Il s'est enfui, répondit Sanchez. Avec Hitler et Jacques l'Éventreur.



Un humour féroce, à la Tarantino si l’on veut faire un parallèle avec le cinéma, anime ces pages, qui malgré leur nombre m’ont tenu en haleine du début à la fin. J’ai ri, frémi, tremblé, au gré des coups de génie de l’auteur !



Une bien belle découverte pour laquelle je remercie Netgalley et les éditions Sonatine 


512 pages Sonatine 6 novembre 2025

#Noircommelenfer #NetGalleyFrance 








Herman est une machine à tuer très sophistiquée. Lui et moi, nous nous sommes rendus à Londres, en 1888, nous avons retrouvé la mère du Premier ministre britannique, Mary. C'était une prostituée. Hermann l'a assassinée pour l'empêcher de donner naissance à son fils. Mais lorsque nous sommes retournés dans le futur, l'issue de la guerre n'avait pas changé.


*



Quelqu'un va me dire ce qui s'est passé ? lança Jacquot. Vous avez trouvé Einstein ?

Il s'est enfui, répondit Sanchez. Avec Hitler et Jacques l’Éventreur.


Le "Bourbon Kid" est une suite de romans et nouvelle d'un écrivain anonyme dont le personnage principal porte également le nom de Bourbon Kid, personnage surnommé ainsi en raison de sa capacité à se transformer en tueur impitoyable en buvant du bourbon.

Débutée en 2006, elle compte en 2025 onze romans et une nouvelle et l'anonymat de l'auteur est toujours préservé. 

 


La nuit au coeur ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Nathacha Appanah 











Le sujet est poignant. La prose de Nathacha Appanah fait le reste : on est embarqué dans un récit nécessaire et éprouvant.



« Remonter le temps, faire parler les morts, consoler les fantômes, hanter son propre passé, ça n'existe que dans les livres et la folie. »



« J 'ai choisi la « literatir » comme si c'était la seule issue, comme si c'était le seul chemin éclairé qui s'offrait à moi quand je suis sorti de ce trou dans lequel je suis tombée à 17 ans, et j'ai raconté toutes ces histoires avec tous ces mots jusqu'ici. Jusqu'à maintenant. »


Eprouvant car on n’est pas dans la fiction, les trois récits sont bien ancrés dans une réalité affligeante. Les trois femmes dont il est question ont réellement subi un cataclysme dans leur vie de femmes, parce qu’elles sont des femmes. Deux d’entre elles ont trouvé la mort au bout de ce parcours d’horreur. Et si la troisième a échappé à ce destin, elle a le courage de prendre la plume pour faire de nous les confidents de cette épreuve qui l’a marquée à tout jamais.


Parce qu’il est bien question de féminicide, de deux crimes perpétrés par des hommes sur des femmes qu’ils ont soumises. Et ce qui vous touche dans ces récits, c’est qu’on est loin de la fiction. Et l’on sait que la chaine ne s’est pas arrêtée avec ces histoires là, chaque jour dans le monde des femmes sont tuées (85 000 femmes en 2023, selon l’ONU).

La force d’un écrit tel que La nuit au coeur est de sortir ces cas de l’anonymat, de les incarner, de leur redonne vie en quelque sorte, et de les isoler d’un rapport d’information générale.


Ce que Chahinez et Emma ont vécu , Nathacha l’a vécu aussi. Elle a juste eu la chance de pouvoir échapper à son bourreau à temps. Elle est donc légitime pour parler de ses compagnes de martyr. Mais on imagine le courage nécessaire pour replonger dans cette réalité, s’immerger à nouveau dans l’ambiance mortifère de ses années de jeunesse. 



Avec beaucoup de pudeur et de respect, Nathacha Appanah nous offre un récit de non fiction bouleversant, qu’elle aborde avec prudence, incluant sa démarche au coeur des lignes, pour   


« trouver le mot juste, la formule adéquate »




« Je vais commencer par écrire une phrase sur la lumière qui rentre dans ce salon. Cette lumière est jaune. Je vais écrire une phrase sur son corps qui s'installe à côté de moi. »


Son expérience a été tellement traumatisante qu’elle met à distance par un tutoiement cette jeune fille qu’elle a été. 


Loin d’être une tentative d’autothérapie par l’écriture, l’autrice espère que son témoignage et l’analyse qu’elle fait de ce qui est arrivée aux deux autres femmes puisse être utile : 



« Peut-être que je voudrais écrire en ayant l'assurance que l'écriture, les livres, ce travail, cette obsession, que tout ça, ça sert à quelque chose »



On ne peut pas ressortir indemne d’une telle lecture . Elle laissera forcément des traces. Et c’est tant mieux. 


283 pages Gallimard 14 août 2025

Fémina 2025

Renaudot des lycéens 2025

Goncourt des lycéens 2025






Remonter le temps, faire parler les morts, consoler les fantômes, hanter son propre passé, ça n'existe que dans les livres et la folie



J'ai choisi la « literatir » comme si c'était la seule issue, comme si c'était le seul chemin éclairé qui s'offrait à moi quand je suis sorti de ce trou dans lequel je suis tombée à 17 ans, et j'ai raconté toutes ces histoires avec tous ces mots jusqu'ici. Jusqu'à maintenant.


Je vais commencer par écrire une phrase sur la lumière qui rentre dans ce salon. Cette lumière est jaune. Je vais écrire une phrase sur son corps qui s'installe à côté de moi.



Lire aussi 


La mémoire délavée 


Rien ne t’appartient


Nathacha Appanah est une romancière mauricienne, vivant en France, née en 1973. son premier roman, "Les Rochers de Poudre d'Or",  sur l'histoire des engagés indiens, lui vaut le prix RFO du Livre 2003. En 2016, son roman "Tropique de la violence" remporte le tout premier prix Femina des lycéens, le premier Prix Patrimoines 2016, le Prix France Télévisions 2017, le Prix du roman métis des lecteurs 2017 et le Prix du roman métis des lycéens 2017.



Quitter la vallée ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️❤️

 Renaud de Chaumaray











Attention, coup de coeur !


Trois tableaux alternent dans ce roman fort astucieusement construit :


Une jeune femme battue s’isole avec son enfant dans une maison isolée en bordure de forêt.


Un père passionné de culture préhistorique rêve de devenir l’inventeur d’une grotte qui porte les stigmates d’une civilisation ancienne et part en exploration d’une faille découverte à l’occasion de la chute d’un arbre avec sa fille.


Le cadeau d’amour d’un homme pour sa belle est une excursion dans un site que lui seul connait..


Mais un évènement inattendu et violent  transforme le récit en drame et crée une raison de plus pour s’accrocher à ce récit si addictif.




On reconnait rapidement le décor unique de ses trois fils narratifs, qui prennent vie dans le Périgord, pas loin des sites célèbres que l’on ne visite plus que dans des reconstructions afin de ne pas abimer les productions artistiques pariétales. 


Mais il est impossible, avant la fin, de comprendre comment ses histoires sont reliées !


L ‘écriture est superbe, l’idée remarquable, et le résultat est une lecture que l’on ne lâche pas …




208 pages Gallimard 14 août 2025








Ici, les paysages racontaient sans ambages, l'affrontement qui opposait l'eau à la pierre. En résultait un territoire tout en compromis.


*


La maison se fondait parfaitement dans le paysage. Ces murs en pierre sèche, sa toiture en lauze, et ces volets en chêne étaient l'agencement discret de ce qu'on retrouvait autour à l'état naturel. Même le lierre  courait sur ses façades comme sur les arbres avoisinants.

Renaud de Chaumaray



Renaud de Chaumaray a d’abord été aide-soignant avant de travailler dans le milieu du bâtiment et de l’écoconstruction. 


Ses premiers textes ont été publiés dans des revues littéraires et son recueil de poèmes: "Que reste-t-il?" est paru en 2019 aux éditions Ex-Aequo. "Mille hivers", son premier roman est sorti en 2023 chez Le Mot et le Reste. 


Son second roman, "Quitter la vallée", finaliste du Prix du Roman Fnac 2025, est paru chez Gallimard à la rentrée littéraire 2025.


Quatre jours sans ma mère ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Ramsès Kefi 











Le roman d’un perdant magnifique, qui n’attendait qu’un déclic pour passer de l’ombre à la lumière, pour réussir à décrypter et démêler le tissu de mensonges sur lequel son histoire s’était assise. Et pourtant, l’histoire, il la connait ce diplômé d’Histoire ancienne, (seulement un master, il a tout lâché avant le  doctorat), pour vivre de petits boulots et squatter sa chambre d’enfant au papier  peint Schtroumpfs, quand il ne passe pas de temps avec son copain Archie, pas mal abimé lui aussi.

Une routine sans espoir d’avenir. Mais voilà, lorsque lui et son père découvrent un matin qu’Amani,  la mère,  est partie, Salmane se réveille et part sur les traces de celle qui a déserté le domicile où elle n’était plus que l’ombre d’elle même.


En filigrane une magnifique histoire d’amour, Roméo et Juliette en Tunisie, qui auraient trouvé la solution pour une fin moins funeste que celle de Shakespeare, malgré le prix à payer. On revit aussi les affres de l’exil, l’intégration pas si mal réussie que ça, du moins en apparence. 



Superbement écrit, avec un humour qui allège le décor et l’ambiance plombés, ce premier roman  est surtout une belle leçon de vie, qui prouve encore une fois que se construire sur des non-dits, voire des mensonges est une rouille qui attaque peu à peu le mental et empêche de grandir !


L’émotion est au rendez-vous et j’ai dû rapidement fermer  le livre après avoir lu la dernière page pour ne pas laisser mes larmes couler . 



Très beau premier roman, qui révèle une plume talentueuse, à suivre 


204 pages Philippe Rey 21 août 2025


Prix Première Plume 2025

Prix du roman Psychologies 2025






J'aurais dû te dire la vérité sur tes racines, sur notre passé, sur les Gammoudi. La vérité est plus solide que le mensonge. La preuve, en quatre jours, presque 5 cinquante ans de baratin sont tombés. C'est ma faute. Ta mère, elle a tout compris avant moi. Elle est meilleure que moi.


Ramsès Kéfi


Ramsès Kefi est journaliste pour Libération, anciennement pour Rue89.

Il vit en région parisienne.


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