- Broché : 144 pages
- Editeur : Joëlle Losfeld (29 août 2019)
- Collection : LITTERATURE FRA
- Existe en version numérique
- Langue : Français
Le propos de départ et ce que suggère le titre laisse penser que l‘on va assister à un processus de deuil. En effet, Kate a perdu son compagnon, victime d’un attentat. Mais le contexte est particulier. Lors de l’événement, Kate était absente et coupée de toute relation avec sa réalité ordinaire. Elle ne sait donc pas ce qui s’est passé. Double peine : la perte mais aussi l’impossibilité de faire ses adieux. Et l’on peut y ajoutera perte définitive de la confiance qu’elle pouvait accorder à ses proches, qui l’ont volontairement maintenue dans l’ignorance.
C’est alors que le roman emprunte un nouveau chemin, se concentrant sur la personnalité de la mère, celle-là même qui est à l’origine du mensonge. Son portrait est saisissant, une tête-à-claques par excellence, immature, égocentrée.. Même au coeur de ce roman, elle parvient à faire oublier que la victime est sa femme et non elle-même : c’est sa manière d’agir sur son entourage, mari ou enfant, et ça fonctionne.
Envahissante, elle l’est, cette mère indigne, qui envahit aussi le roman en occultant l’histoire de la jeune femme en deuil. D’autant plus agaçante qu’il y a fort à parier que chaque lecteur reconnaitra dans ce personnage quelqu’un de plus ou moins proche dans son entourage.
Le roman aurait peut-être pu bénéficier d’un développement un peu plus long avec une analyse plus en profondeur de l’ensemble des personnages et de leurs sentiments face au drame, et de ce questeur inspire l’attitude de la mère.
Aucun reproche en ce qui concerne l’écriture, mais cela le sujet est traité de manière un peu superficielle.
Me voilà assise dans la cuisine jaune. En face de ma mère. Dans quelques semaines, elle va s'emparer de ma vie, mon chagrin, m'engloutir noyée vivante dans la parole. Pour l'instant, elle me regarde en souriant, me fait asseoir, puis retire du frigidaire quantités de plats qu'elle a préparé d'avance.
*
Quand quelqu'un meurt brutalement, c'est sans dire au revoir. Nous les vivants, courons alors vers un adieu imprononcé et bégayons, bredouilles devant la parole. Nous échouons abandonnés au milieu d'une phrase sans suite, derrière un verbe interrompu, un "à bientôt" qui s'éloigne lentement du domaine des mots.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire