- Poche : 216 pages
- Editeur : Le Livre de Poche (30 novembre 2003)
- Collection : Classiques
- Existe en version numérique (Bibebooks)
C’est à la passion, mystique ou amoureuse que Zola consacre cet opus de la série des Rougon-Macquart. incarnée par la jeune Angélique, c’est une enfant abandonnée (elle est la fille de Sidonie Rougon) et recueillie par Hubert et Hubertine, un couple qui a lui aussi préféré la passion à la raison et a ressenti comme un châtiment le décès de leur fille unique.
Angélique, tout en apprenant son métier de brodeuse, s’enflamme en secret pour les figures légendaires qui font le décor de la religion chrétienne. Elle se nourrit des légendes contant la vie de martyre des vierges qui ornent la cathédrale avoisinant la maison où elle vit. Jusqu’au jour où une ombre entrevue à son balcon éveille son émoi, et se substitue à ses héros mystiques.
Amoureuse du jeune homme, qui se dit ouvrier verrier, elle en oublie pour un temps les illusions qui la berçaient et lui faisaient entrevoir un avenir de princesse de conte de fées.
Le roman en possède les codes, la jeune fille pauvre, recueillie par un couple sans enfant, rêvant d’un avenir fastueux auprès d’un prince charmant. Zola casse cependant le mythe par une fin qui ne reprend pas la formule : « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».
Dans ces derniers tomes, qui mettent en scène les héritiers de la génération fondatrice, à chaque fois, le personnage principal s'interroge sur son hérédité et Angélique n'échappe pas à la règle :
"Elle l'entendait gronder au fond d'elle, le démon du mal héréditaire. Qui sait ce qu'elle serait devenue, dans le sol natal? Une mauvaise fille sans doute ; tandis qu'elle grandissait en santé nouvelle, à chaque saison, dans ce coin béni. N'était-ce pas la grâce, ce milieu fait des contes qu'elle savait par coeur, de la foi qu'elle y avait bue, de l'au-delà mystique où elle baignait, ce milieu de l'invisible où le miracle lui semblait naturel, de niveau avec son existence quotidienne."
La religion est au coeur du roman , à travers la dévotion des personnages, des figures du curé et de l’évêque, des processions et de la remise des légendes des premiers chrétiens. (L’énumération des vierges et de leurs destinées peut être un peu lassante, mais quand Zola s’empare d’un thème, il le décline jusqu’à plus soif!)
On entrevoit aussi l’univers des brodeurs, un métier artistique exigeant, que la jeune Angélique s’approprie avec talent et abnégation.
Un opus qui se distingue des précédents par sa brièveté , à peine deux cent pages. Ce qui est suffisant.
Elle l'entendait gronder au fond d'elle, le démon du mal héréditaire. Qui sait ce qu'elle serait devenue, dans le sol natal? Une mauvaise fille sans doute ; tandis qu'elle grandissait en santé nouvelle, à chaque saison, dans ce coin béni. N'était-ce pas la grâce, ce milieu fait des contes qu'elle savait par coeur, de la foi qu'elle y avait bue, de l'au-delà mystique où elle baignait, ce milieu de l'invisible où le miracle lui semblait naturel, de niveau avec son existence quotidienne.
*
Nous irons toujours, toujours, bercés, endormis aux bras l'un de l'autre, comme enfouis sous un duvet, sans craindre les fraîcheurs de la nuit ; et, quand le jour se lèvera, nous continuerons dans le soleil, encore, encore plus loin, jusqu'à ce que nous soyons arrivés au pays où l'on est heureux...Personne ne nous connaîtra, nous vivrons cachés au fond de quelque grand jardin, n'ayant d'autre soin que de nous aimer davantage, à chaque journée nouvelle. Ils aura là des fleurs grandes comme des arbres, des fruits plus doux que le miel. Et nous vivrons de rien, au milieu de cet éternel printemps, nous vivrons de nos baisers, ma chère âme.
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