Emmanuel Glais
- Éditeur : Editions Maïa (8 janvier 2020)
- Langue : Français
- Broché : 108 pages
Ecrire un lipogramme, quelle que soit la voyelle désignée de l’exclusion, est une sacrée épreuve. Une contrainte, telle que celle de Georges Perec dans la Disparition, qui avait décidé de se passer des E. Et de la contrainte naît parfois le génie créatif !
Emmanuel Glais a donc choisi de se passer des A. Il faut donc tenir le défi, en contournant les mots tabous, par leur synonyme en argot, parfois en anglais ou à l’aide d’une expression métaphorique. Se passer de certains temps de conjugaison, d’articles définis féminins, et d’un bon nombre d’adverbes. De quoi s’arracher les cheveux par poignées!
C’est aussi une épreuve pour le lecteur, car derrière l’artifice se crée alors un jeu, puisque les formules de substitution n’ont pas toujours une allure naturelle, et il est inéluctable de remplacer mentalement les guiboles par les jambes. Ce qui constitue un aspect ludique, mais nuit à la fluidité du récit, haché par les interruptions cogitatives.
Je ne sais pas dans quel état d’esprit un auteur de lipogramme sort de son texte, tout d’un coup libéré des chaines qu’il s’était imposé ou encore inhibé par le poids de l’auto-censure. Pour la lectrice que je suis, la réintroduction a été aussi l’occasion de m’arrêter sur les mots peu à peu réhabilités (avec prudence, comme lors de la réintroduction de substances antagoniques chez les allergiques).
Au terme de la lecture, et à quelques jours de distance, j’ai un peu de mal à me souvenir du sujet du roman, j’ai juste en mémoire les lieux évoqués, puisqu’ils me sont familiers!
Merci à l’auteur et bravo pour la performance.
Titulaire d'un master 2 de l'Université Rennes 2, il a enseigné l’histoire et la géographie .
Après "Des cons et consorts" (2011), "Quasi-lipogramme en A minor" (2020) est son deuxième ouvrage.
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