Alexia Stresi
- Éditeur : Stock (6 janvier 2021)
- Langue : Français
- Broché : 250 pages
#Batailles #NetGalleyFrance
- Première sélection Prix orange
Lorsqu’on fait sa connaissance, Rose est sage-femme. Mais pas pour longtemps, la pression du travail ou un autre mal-être plus secret la conduisent à renoncer. Sa période hospitalière lui aura au moins permis de rencontrer l’homme de sa vie, avec qui elle construit une famille, plus stable que celle qui fut la sienne, enfant, auprès d’une mère instable. Si instable qu’elle disparait un jour avec cette injonction : Ne me cherche pas !
Malgré les innombrables questions qui ne manquent de revenir à la surface de temps à autre, la consigne est un temps respectée. La découverte du cadavre d’un enfant sur une plage du Nord de la France, sordide affaire relayée par les médias éveille en Rose un profond désir de se lancer sur les traces de sa mère.
Ce roman aborde le terrible scandale des enfants de la Creuse, ces petits réunionnais qui n’étaient pas toujours, loin de là, orphelins, expatriés pour compenser le dépeuplement du département, et confiés à des familles qui n’ont pas toujours été bienveillantes. Falsification des dates, modification des identités, tout était mis en place pour brouiller les pistes et masquer l’imposture. Avec les dégâts humains concomitants.
A travers Rose et sa mère, Alexia Stresi souligne l’importance des racines pour se construire. Malgré une apparente adaptation, le passé est là prêt à refaire surface avec son cortège de questions.
Roman écrit avec beaucoup de sensibilité, sans pathos, et qui se lit d’une traite avec bonheur.
Merci aux éditions Stock et à Netgalley
Ça s’était arrêté net.
Rose n’y repense pas souvent, le moins possible.
Mais chaque année, à la même saison, une date l’y oblige.
Contrainte de replonger.
*
Il y a des vies tellement marquées par l’épreuve, elle pense. Pourquoi ça tombe sur une famille, pas sur une autre, va savoir. S’il était arrivé quoi que ce soit à son garçon, Josette serait devenue folle. Elle n’a jamais osé en parler, surtout pas à Émile, mais a toujours eu la certitude qu’elle se serait laissée mourir de chagrin. Pendant la guerre, une femme avait cessé de manger en apprenant que son fils ne reviendrait pas. Les voisines s’étaient affairées, chacune amenant le peu qu’elle pouvait. Rien n’y avait fait. En moins de trois mois, sans avoir prononcé une seule parole, la femme quittait ce bas monde. Certains avaient trouvé sa façon de faire scandaleuse, Josette l’avait comprise, certaine de lui ressembler. Elle n’est jamais allée jusqu’à empêcher Gilles de jouer avec ses petits copains. Passent encore les jambes cassées et les chutes de vélo. Avec un garçon, tu penses bien. C’est la mort qui fiche une frousse bleue, pas la sienne, celle de son fils. Elle n’y survivrait pas.
*
Elle n’est pas du genre à bouder l’actualité. Déjà suffisamment coupée du monde comme ça. Par chance, son emploi à la bibliothèque lui permet de se tenir à peu près informée. Le boulot ? Pas harassant, loin de là. Les filles n’empruntent pas de livres. Elles viennent pour autre chose, la limonade fraîche et le coin convivial où s’installer pour papoter. À Domenjod, personne ne lit.
Alexia Stresi est une comédienne, scénariste et écrivaine française, née en 1971. Batailles est son second roman.
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