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Dans la ville provisoire ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Bruno Pellegrino




  • Éditeur : Editions Zoé (7 janvier 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 125 pages
  • Première sélection Prix orange





L’humidité qui glace le narrateur s’incarne rapidement dans les premières pages, avec l’histoire de ce socle de pieux de bois, qui constituent les fragiles fondations de la ville.  Nous sommes donc à Venise. Le jeune homme est là pour rassembler et trier les archives d’une traductrice mise à l’honneur par la fondation qui l’emploie. S’immiscer dans l’intimité de l’absente, se nourrir des maigres indices laissés dans son logement qui garde les traces d'un abandon subit, crée entre le narrateur et cette femme une curieuse relation aussi impudique que respectueuse.


La ville est omniprésente, et rythme la vie de ses hôtes au gré des caprices de la marée. L’eau est partout et effectue son lent travail de sape, charriant la crasse, diffusant les odeurs. Le street-art prend ici des teintes de rouille et de lichen. 


Loin des paillettes et des décors de la fête, Venise s’offre dans sa décrépitude, comme une malade agonisante, condamnée à une submersion inévitable.


C’est avec beaucoup de poésie que l’auteur décrit une Venise très loin des clichés touristiques pour une histoire insolite et singulière, où la réalité flotte parfois entre deux eaux. 






Les sirènes revenaient par intermittence cogner à la fenêtre. Elle surgissaient à l'aube sans signes avant-coureurs. Elles tournoyaient derrière la vitre, assourdissantes, les rideaux ne pouvaient rien contre les, il aurait fallu des volets, ou murer la fenêtre

*

La robe se trouvait tout dessous, c'est la première chose que la traductrice devait avoir sortie de la penderie. une robe de soirée longue et verte, émeraude plutôt, sans manches et sans motifs mais brodée de sequins qui scintillaient comme des écailles - une robe impossible , je ne voyais pas en quelle occasion elle avait pu être portée.

*

Je me suis approché du rio pour me rincer les doigts.L'eau était particulièrement trouble. Je ne savais pas s'il fallait croire les rumeurs qui la disaient contaminée au nickel , à l'arsenic, au chrome, au mercure. Elle charriait en tout cas des alluvions des montagnes et du sel marin, des siècles de pluie et d'égouts. Elle rappelait l'âge de la ville.







Né en 1988, Bruno Pellegrino vit entre Lausanne et Berlin. Son premier roman Là-bas, août est un mois d'automne (Zoé, 2018/Zoé Poche, 2021) est récompensé de nombreux prix, dont le prix Ecritures & Spiritualités


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