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Corps défendus. ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Laure Heinrich 




  • Éditeur : Flammarion (13 janvier 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 251 pages
  • Première sélection Prix Orange











« Il dit ma fille est morte. Il dit qu'on lui a conseillé de m'appeler, qu’il ne sait pas s'il prononce bien mon nom, qu’il peut me voir demain. Il pleure par intermittence, il y a des mots de répit. Dit  qu’il viendra avec son ex-femme, ex-épouse depuis longtemps, ex-mère depuis un instant. »



C’est ainsi que la narratrice, avocate, fait de cette affaire sordide de viol et de meurtre son affaire, pour défendre la famille bien sûr, un déroulé habituel pour ce  crime qui n’est ni le premier ni le dernier du genre. Mais au-delà du fait divers, l’auteur, via la narratrice, analyse. 


Les réactions de ceux dont la vie a basculé pour toujours, sans commune mesure avec la peine réclamée, la perpétuité. Le père affiche son désespoir, la mère semble sidérée. Et la justice dans sa légitimité n’est qu’un piètre cache-misère. 


La victime vivait en couple avec Emilie, Quelle est la part de l’homophobie parmi les raisons profondes, si l’on peut parler de raison, qui ont motivé le passage à l’acte ? L’affaire renvoie l’avocate à ses propres convictions et au tournant pris dans sa vie de mère.


Au coeur de l’histoire, les méandres du fonctionnement de l’appareil judiciaire, des règles du jeu, des rôles à tenir, des cas de conscience. 


Roman poignant, qui met en lumière les interactions entre sphère privée et professionnelle, et replace les victimes  au coeur de la machinerie judiciaire.





Jean n’aurait rien à craindre pourtant, ses amis ou voisins se seraient montré ébahis, ils  « ne l’auraient jamais cru » puisque Jean était bien élevé, disait bonjour et merci. Comme à chaque fait divers, l'entourage est d'abord stupéfait. C'est après qu'ils retournent leur veste.


*


« À perpétuité. » On n’entend rien d'autre. Même pas un chiffre. « À perpétuité », ça signifie « pour toujours ». On ne pourrait pas le dire de cette manière-là, « pour toujours », ce n'est pas la justice, alors on utilise un terme qui  amoindrit.









Laure Heinich est avocate pénaliste. Elle est l'autrice de Porter leur voix (Fayard, 2014), un récit qui donne la parole à la défense et fait la lumière sur l'appareil judiciaire. Corps défendus  est son premier roman.







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