Abonnés

Mathilde ne dit rien ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Tristan Saule




  • Éditeur : Le Quartanier Editeur (21 janvier 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 288 pages








A Bessancourt, comme partout ailleurs, on ne mélange pas. La zone pavillonnaire ignore les barres grises et leurs occupants qui inspirent la méfiance. D’ailleurs dans la zone pavillonnaire, on ignore aussi ses voisins. Mais on les scrute, on les épie. On sait ce qui se passe. Alors quand une jeune femme à l’allure masculine rode autour de la maison, Gaëlle fait ce qu’elle sait le mieux faire, elle imagine le pire. Et pourtant, Mathilde réussira à s’introduire dans la maison.


Mathilde parle peu, répond à peine aux questions ou aux provocations , de ses collègues, de ses voisins, de compagnons de muscu. Alors il faudra beaucoup de temps et de pages tournées pour savoir ce qu’elle cache si bien. Avec cette angoisse permanente de l’explosion du soleil, dont on ne sait jamais si elle n’a pas déjà eu lieu.


Deux histoires en une. La plus récente se déroule sur une semaine, et fait suite à la « visite » de Mathilde chez Gaëlle, alors que les drames passés sont peu à peu révélés sur des chapitres intermédiaires. 


C’est un roman noir, un thriller, dont la tension monte crescendo jusqu’à provoquer cette lecture chaotique où les yeux ne vont pas assez vite pour éclairer le lecteur au coeur battant. 


Et la bonne nouvelle, c’est qu’il semble bien que cette histoire est le début d’une série, avec la perspective donc de retourner ce personnage énigmatique et attachant.






Ils vivent côte à côte depuis plus de 10 ans et elle ne lui a jamais demandé. Ça aurait été indiscret. Ici, on se mêle de ce qui nous regarde. On n’est pas de la police. Pourtant, elle aurait aimé savoir s'il était là ce matin, quand la grande bonne femme en combinaison est passé devant la maison pour la troisième fois.

*


À la télé, sur Internet, sur les photos de vacances de ses collègues, elle a souvent vu des cieux chargés, une chape de nuages posée sur des paysages étrangers. Ça ne les rendait pas sinistre pour autant. Le gris du ciel faisait ressortir la couleur de l'herbe, la peinture des maisons. Mathilde demande pourquoi ici on observe l'effet inverse. Le gris rend tout gris. Ce qui est gris le reste. Ce qui ne l'est pas le devient.


*


La lumière décline. Les oiseaux de  jours croisent les oiseaux de nuit, indifférents les uns aux autres, deux faces d'une même pièce dans un quartier où personne n'a de leçon à donner à personne. Tu gagnes ta vie  comme tu peux. Tu vends du shit ou tu es caissière chez Leader Price, c'est du pareil au même, la morale n'a pas de gosses à nourrir.


*


Mathilde a pitié de Sophie. Malgré la trahison, elle comprend. Elle sait aussi que c'était la seule issue possible, que cela devait arriver, car on ne peut pas indéfiniment jouer à être quelqu'un d'autre, faire comme si le soleil brille encore alors qu'on sait pertinemment qu'il est éteint depuis trop longtemps. Nécessairement la nuit frappe. La Terre s'éteint. Les cœurs gèlent.







Tristan Saule est un pseudonyme. Celui de Grégoire Courtois, qui  vit et travaille à Auxerre, où il dirige la librairie indépendante Obliques. Et il utilisera son alias de Tristan Saule uniquement pour les Chroniques de la place carrée 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Article le plus récent

Les invités de Marc

Articles populaires