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 Olivier Bourdeaut




  • Éditeur : Finitude Editions (4 mars 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 256 pages










Nous sommes aux Etats-Unis. Dans une famille ordinaire, qui se distingue cependant lorsque l’enfant unique atteint l’âge de sept ans et présente aux yeux de sa mère suffisamment d’arguments en matière d’esthétique pour  prétendre à un titre de mini-miss !  Rapidement l'affaire prend des proportions déraisonnables, dans la mesure où les exhibitions et leur potentiel échec sont une source de souffrance pour cette petite fille. Jusqu’au jour où elle craque et rejette en bloc le projet, de façon spectaculaire à la fin d’un des concours, se fermant définitivement tout accès à ce type de manifestations.


La narratrice est cette enfant en rupture avec sa famille, quelques années plus tard. Et son corps instrumentalisé dans ses premières années est à nouveau l’objet de manipulations, de modelage, jusqu’à l’extrême, et cette fois c’est un choix personnel.


C’est lorsque l’on parvient à cette phase de l’histoire que l’on comprend le ton abrupt du discours, plein de rancoeur, de haine même, pour ses parents.


"Ils ont l'air piteux et désespéré, ils me dégoûtent, je les déteste. Ils ne sont pas morts pour moi, car pour être mort, il faudrait qu'ils aient existé. Ils n'existent plus. Ils n'existent pas."


On est loin de la poésie de En attendant Bojangles, mais l’auteur fait ainsi preuve d’une capacité à adapter le style au propos. 


Eduquer un enfant est parfois pour ses parents une opportunité d’un rattrapage, d’une occasion de réaliser les rêves qu’ils n’ont pas pu atteindre, dans un aveuglement qui nie les conséquences délétères  pour l’enfant.


C’est une lecture qui bouscule, et  le style fait partie de l’arsenal destiné à provoquer . Et l’histoire rappelle le film Little Miss Sunshine, sur le propos et dans la forme. 






Les bébés n'ont aucune conscience professionnelle. Certains parents le déplorent. La catégorie suivante est plus digne, plus sérieuse, à cinq ans on est grand et plus obéissant. Les chorégraphies sont apprises, plus ou moins appliquées. Je me souviendrais toujours de la numéro trois. Michelle aimait la glace au chocolat, la cuisine mexicaine, adorait écouter de la country avec ses parents et bien sûr voulait un jour devenir Miss America. Peut-être est-ce la cuisine mexicaine, la glace, la démesure de l'objectif final ou tout simplement d'apercevoir son père la filmer et sa mère se ronger les ongles mais la charmante Michelle s'est vidée sur l'estrade.

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Rasta, blanc, artiste, bodybuildé, gay, t'as pas une maladie orpheline en plus de ça, genre enfant de la lune ou les os de verre ? Attends bouge pas, reste comme ça. Il me mitraille avec son appareil photo. Mais, non je ne vois pas, c'est suffisant non ? Ah si, j'ai voté Bush en 2000

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Un truc ressort : mon corps, celui qui tremble à cet instant, mon corps est un nid à emmerdes. Sur un podium, à la maison, à l'école ou sous une douche, c'est toujours une source d'ennuis. Ce truc aux dimensions parfaites qui m'enveloppe aurait dû me faciliter la vie. Il me l' a pourrie. Il n'est même pas foutu de me protéger du froid. Cette peau ne me tient pas assez chaud, c'est bien la peine d'avoir un si beau costume sur-mesure s'il ne sert à rien. Je collerais bien par un procès au cul du grand couturier.

Olivier Bourdeaut est né au bord de l’Océan Atlantique en 1980. Après avoir pratiqué mille métiers, il publie en 2016 En attendant Bojangles, son premier roman 





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