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Le rivage des Syrtes ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Le rivage des Syrtes




  • Éditeur : José Corti Editions (1 août 1989)
  • Langue : Français
  • Broché : 321 pages








Aldo, un jeune homme issu d’une famille dominante à Orsenna, une Seigneurie imaginaire, est envoyé dans une province du Sud, sur le rivages des Syrtes, en tant qu’observateur. La province est en guerre passive depuis plus de trois cents ans, contre le Farghestan, situé à quelques milles marins de la forteresse. La province somnole, les routines l’ont endormie. L’arrivée d’Aldo modifie la donne. Malgré les réserves émises par son ami le capitaine Marino, aux commandes depuis trop longtemps, Aldo veut bousculer les habitudes. Sa liaison amoureuse avec Vanessa, dont le passé familial n’est pas exempt d’entente avec l’ennemi, est un catalyseur : il transgresse les interdits et plonge la province dans le chaos.


Il est  vain de chercher à identifier faits et lieux : ils sont universels et et donnent au roman une dimension mythologique. 


Le récit illustre la fragilité des destins individuels face aux comportements impérieux et belliqueux des hommes. Les destins déjà écrits, inexorables, et le héros devient la main armée d’un conflit qui le dépasse. Le chant des sirènes lui fait perdre la raison face l’appel inéluctable, et  la transgression agit comme déclencheur. Et le héros prendra conscience trop tard de la manipulation dont il a été l’objet.


Enclavé entre un passé lourd de litiges qui ont laissé des empreintes éternelles, et un futur déjà écrit, le présent n’existe que comme un entre-deux. 


Porté par une écriture ciselée et complexe, parfois difficile à comprendre, mais sublime : la poésie renforce l’appartenance au registre de la légende.


Ecrit en 1951 et lauréat du prix Goncourt, que l’auteur refusera, pour dénoncer les compromissions commerciales de la littérature.




Cet accroc médiocre à des occupations dont les mailles étaient , sans que je le susse, peu à peu démesurément distendues, fit soudain s'effiler en lambeaux sous mes yeux ce que je considérais peu de jours encore auparavant comme une existence acceptable : ma vie m'apparut irréparablement creuse, le terrain même sur lequel j'avais si négligemment bâti s'est effondré sous mes pieds. J'eus soudain envie de voyager : je sollicitai de la Seigneurie un emploi dans une province éloignée.

*

J'ouvrais ma fenêtre à la nuit salée : tout reposer sur cinquante lieues de rivage, le fanal du môle sur l'eau dormante brûlait aussi inutile qu'une veilleuse oubliée au fond d'une crypte.

*

La tête était enrochée au creux d'une épaule d'étoffe sombre. Deux bras lui faisaient une étole, un collier engourdi d'aise pantelante, qui fouillaient comme dans une auge pleine au creux de son corsage.

*

Devant nous, pareil au paquebot illuminé qui mâte son arrière à la verticale avant de sombrer, se suspendait au-dessus de la mer vers des hauteurs de rêve un morceau de planète soulevé comme un couvercle, une banlieue verticale, criblée, étagée, piquetée jusqu'à une dispersion et une fixité d'étoile de buissons de feux et de girandoles de lumière.






Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier, est un écrivain français, né en 1910.Traduites dans vingt-six langues, étudiées dans des thèses et des colloques, proposées aux concours de l'agrégation, publiées de son vivant dans la bibliothèque de la Pléiade, les œuvres de Julien Gracq ont valu à leur auteur une consécration critique presque sans équivalent à son époque. En 2007, Julien Gracq décède à 97 ans. 




 



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