Jérôme Idelon
- Éditeur : Ex Aequo (20 janvier 2021)
- Langue : Français
- Broché : 120 pages
Théo a dix ans. Et il nous raconte, avec ses yeux d’enfant, son quotidien auprès de sa maman. Très jeune et déjà veuve, elle sombre peu à peu dans la folie. Et pour l’enfant, les jours qui se succèdent s’ajustent aux humeurs diverses de cette maman extraordinaire, capable aussi bien de faire de la vie une fête que de se noyer dans une solitude alcoolisée.
Les mots de Théo sont ceux d’un enfant encore naïf, dont les yeux brillent d’un amour inconditionnel pour cette femme qui est la seule bouée de sauvetage dans un univers dont il ne maîtrise pas les règles.
Marcus est le père de substitution, une île pour recueillir les naufragés, qui tente en vain de protéger ce couple uni pour le meilleur et le pire. Et quand le pire advient, quand le point de non-retour est franchi, la bulle de poésie et de merveilleux où s’était réfugié Théo éclate, pour lui ouvrir la porte d'un environnement plus sécurisant mais tellement plus triste.
La parole donnée à l’enfant est imprégnée de poésie, il joue avec les mots et les maux, ce qui donne beaucoup de légèreté au récit pourtant dramatique. C’est émouvant et agréablement construit, même si l’artifice de faire de l’enfant le narrateur n’est pas nouveau, et que parfois, la syntaxe et le lexique laissent à penser qu’un adulte se cache derrière la narration !
Très agréable premier roman.
Alors je me suis lancé dans de simples banalités tout en faisant attention, à peser chacun de mes mots. Chaque drame avait son importance. Un accent ou une cédille en trop, et un mot pouvait en faire tomber un autre comme une suite de dominos.Je ne savais comment lui dire que son absence me faisait autant de mal que de bien. Je ne savais comment lui dire que loin de ses crises, je me suis surpris à aimer encore plus à vivre.
*
Dans les tribunes, toutes les dames avaient des chapeaux. Il y en avait de toutes les formes : à ruban, à bord plat, à calotte rebondie. Mais aussi de toutes les matières : en feutre, en cuir et même en paille. Aller voir des courses de chevaux avec un chapeau de paille, c'est un peu comme faire un safari avec un chapeau de viande. Certaines femmes sont sacrément
téméraires.
*
J'ai aspiré tout l'air qui était devant moi. Il n'en restait presque plus pour mon voisin de tribune. Mes poumons étaient gonflés comme deux gros ballons. A son top, avec maman, nous avons alors crié tout ce qu'on a pu. J'ai crié l'injustice. J'ai crié contre ce monde parce que je ne le comprenais pas. J'ai crié pour ne plus entendre personne d'autre le faire. J'ai crié d'être en vie, crié d'avoir une maman folle, mais incroyablement vivante. J'ai crié parce que je n'avais plus envie de pleurer.
*
C'est un camp de roms. Nous allons demander l'hospitalité pour la nuit. Ici, c'est impossible que les services à l'enfance puisse nous retrouver.
– Rome, j’ai crié à nouveau, rassuré.
Magnifique. Je ne suis encore jamais allé en Espagne.
Jérôme Idelon est né dans l’est de la France à Belfort. Il passa son enfance dans un petit village avec pour voisines Marguerite, Isabelle et une centaine d’autres vaches montbéliardes.Jérôme Idelon a réalisé deux tours du monde en solo et a posé depuis quelques années, son sac à dos à Paris.
L'envol du flamant rose est son 3ème roman, mais le premier publié. C’est en se retrouvant enfermé entre les quatre murs de son appartement parisien durant le premier confinement, qu’il a écrit ce roman.
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