Michael Farris Smith
- Éditeur : Sonatine (29 avril 2021)
- Langue : Français
- Broché : 288 pages
- Traduction (Anglais) : Fabrice Pointeau
#Blackwood #NetGalleyFrance
D’emblée, le décor de ce roman noir crée une ambiance particulière. Ce village américain isolé et décrépi est cerné par une plante monstrueuse : le kudzu envahit tout, recouvre sans état d’âme tout relief en sculptant un paysage d’une monotone verte inquiétante.
Il ne s’y passe rien, et le shérif est bien démuni, peu habitué à gérer d’autres affaires que des bagarres de comptoir, lorsqu’un épave ambulante tombe en panne sur la place du village. Ses occupants sont visiblement des marginaux. Ils s’établiront pourtant dans les environs, vivant de rapines et de mendicité.
Une autre personnage attire l’attention. Colburn, dont l’histoire tragique ouvre le roman, s’est installé vingt ans plus tôt dans un local désaffecté que la commune propose gratuitement à des artistes pour redonner un semblant de vie à l’endroit.
Tout est en place pour que survienne une série de drames.
Les personnages au passé lourd, l’ambiance particulière au sein de cet envahissement végétal, l’isolement : on imagine sans peine un film tiré d’une telle histoire avec pour musique de fond un mix de Bagdad café et Il était une fois dans l’ouest.
Excellent roman, à la fois pour l’ambiance angoissante et les personnages dont la part de mystère se lève peu à peu. Un beau talent de conteur.
La voiture de patrouille s'engagea sur le parking. S'immobilisa à côté de la Cadillac cabossée. Le moteur et les phares s'éteignirent est Myer descendit. Il ota son chapeau et se mit à marcher vers eux en le tenant à deux mains par le bord. Pantalon enfoncé dans ses bottes. Une légère claudication. Des lignes profondes autour des yeux sur son visage tanné par le soleil.*Il lui manquait une rangée dedans à l'avant et il faisait continuellement claquer sa lèvre supérieure avec sa lèvre inférieure, un rythme de succion qui tapait sur les nerfs de la femme, le son tel un constant rappel pour elle de cette vie qu'ils menaient, mais tandis qu il marchait il écoutait ce claquement comme si c'était un signe qu'il était vivant. Une effigie solitaire avançant dans le clair de lune.*C'était un chien méchant, avec des yeux qui vous transperçaient. Comme s'il pensait déjà à ce qu'il vous ferait s'il en avait l'opportunité. Son museau était tout tendu. On aurait dit que sa fourrure avait tellement été tirée en arrière qu'elle risquait de se déchirer. Et elle était grise comme un nuage d'orage à l'exception d'une traînée blanche entre les deux yeux. Je ne lui avais jamais fait confiance et je l'avais signalé à ton père et il disait qu'il allait réparer la clôture tous les jours il le disait. Mais il ne l'a jamais fait.Michael Farris Smith est nouvelliste et romancier. Il a longtemps vécu à l'étranger, en France et en Suisse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire