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Le Jour des Corneilles

 Jean-François Beauchemin






  • Éditeur : LIBRETTO (22 août 2013)
  • Langue : Français
  • Broché : 160 pages









Au cœur de la forêt, à distance du village, le fils raconte. La vie quotidienne rude, la chasse et la cueillette pour assurer la pitance, une autarcie basée sur des connaissances de la nature parfois insuffisantes, et surtout les coups et les sévices, qui surviennent quand le père est pris par ses démons. La mère est morte en couches, à la naissance du narrateur, mais reste présente pour l’enfant qui dialogue avec les défunts. 


Si le sujet n’est pas neuf, (mais existe t-il des thèmes vraiment originaux ?), la manière étonne. Ce fils analphabète utilise un langage étrange, des mots inventés, ou issus d’une forme ancienne, dont on ne connaît pas l'origine . Et l’on découvre qu’il s’agit d’une façon propre de s’exprimer lorsque l’enfant se rend au village pour chercher du secours pour son père qui a fait une mauvaise chute: là, le langage des personnes auxquelles il s’adresse à tout d’une langue ordinaire.


C’est quasiment un exercice de style que nous propose l’auteur, ce récit construit avec des néologismes incessants, et des tournures de phrases particulières, mais tout à fait compréhensibles. On s’y fait d’ailleurs assez vite, comme une langue étrangère que l’on apprivoiserait en quelques pages. 


Un court roman original, sur le thème de l’amour inconditionnel d’un fils pour son père , que n’étaye  aucun langage, sinon celui de la brutalité,  une survie quasiment bestiale et un comportement guidé sur l’instinct et marqué par des coups de folie furieuse. 


A découvrir pour le style et la violence des sentiments. 




Ce fut un de ces jours de courroux aérien. Part haut matin, nous fûmes tirés de notre roupie par le toquement du vent contre notre fenêtre, par les craqueriez répétées des billes de la cabane et par la secouade notre porte semblablement heurtée.

*

Il resta prieur et frissonnant pendant un court laps. Puis, comme saisi, sa face s'éclaira soudainement et je le vis se remettre sur ses jambes en proie manifestement à quelque vive émeute. Simagrées et contorsions le tordirent bientôt. Nul doute : ces gens lui faisaient visite ment.

*

Mais, vous le verrez, Monsieur le juge, et vous aussi, Bourgeois et créatures membres du jury de ce tribuneau, un jour allait venir ou je traduirais l'effroi de mon père à l'endroit du cyclone. Et j'allais aussi, par-là, embrasser meilleurement nombre d'inexplicabletés le concernant.






Jean-François Beauchemin, né à Drummondville, au Québec, en 1960, est un écrivain québécois, auteur de romans, de littérature pour la jeunesse et poète.


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