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La malédiction de l'indien ⭐️⭐️⭐️

 Anne Terrier




  • Éditeur ‏ : ‎ GALLIMARD (2 septembre 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 216 pages









Roman biographique : c’est le genre revendiqué sur la couverture. Cette biographie est celle de l’auteur et de ses ascendants, jusqu’en 1902, lorsque l’éruption de la montagne Pelée, à la Martinique, causa la mort de 40 000 personnes et fit disparaitre toutes les archives de la ville de Saint Pierre. 

Ce sont donc les souvenirs  incertains des enfants et petits  enfants du dernier aïeul disparu lors de la catastrophe qui vont enrichir l’histoire familiale. 


L’auteur revient sur les circonstances et le déroulement du drame, en y incluant ce que l’on peut imaginer des derniers jours de l’arrière-grand-père, qui avec une lucidité prémonitoire avait éloigné sa fille âgée d’une dizaine d’année du volcan en colère. La presse et les communiqués sont disponibles ainsi que les preuves d’empathie suscitée dans le monde entier pour cette population éradiquée en quelques minutes de la surface de la terre. 


Cette partie historique est très interessante dans sa dimension de témoignage et d’hommage rendu. 

L’histoire de la famille est beaucoup plus floue et basée sur trop d’incertitude pour constituer un socle solide qui pourrait accrocher le lecteur.


L’intention était louable mais on imagine le dépit de ne pouvoir réellement recréer la légende familiale sur des bases fiables.


La construction s’en trouve un peu aléatoire et imprécise. 


Intérêt historique certain, mais il manque une trame solide pour alimenter la narration.




Pendant qu’en métropole on célèbre pour la cinquante-septième fois la victoire de 1945, la Martinique tout entière converge vers la ville de Saint-Pierre, au nord de l’île.

Le ciel du matin est chargé de nuages qui s’accrochent à la montagne, noyée dans un brouillard malfaisant. Cela n’empêche ni les marcheurs, partis au milieu de la nuit du Carbet, du Morne-Rouge ou du Morne-Vert – voire, pour certains, de Fort-de-France –, ni les équipages des yoles aux couleurs chatoyantes d’arriver à l’heure au rendez-vous de 7 h 55. L’heure exacte où la vie, brusquement, s’arrêta. La veille au soir, trente mille lumières ont jailli au-dessus de la mer, comme suspendues dans l’obscurité la plus complète ; de toutes les embarcations, de la plus petite barque de pêcheur aux luxueux bateaux de plaisance, bougies, torches et lampes-tempêtes ont été allumées en mémoire des trente mille vies soufflées par la montagne.


*


Cette fois-ci, la traversée avait été calme. L’effroyable tempête de la précédente campagne n’était plus qu’un mauvais souvenir. Rien ne subsistait des avanies importantes causées au navire. La voilure de six cents mètres carrés répartie sur trois étages avait été recousue, après que les voiles à cornes du mât principal et du mât d’artimon eurent été déchirées de haut en bas. Seules les voiles carrées du mât de misaine avaient résisté à la violence des vents. Le trois-mâts goélette de quarante-six mètres de long remis à neuf par Félix Maubourguet, son propriétaire, faisait de nouveau route à travers l’Atlantique à la vitesse de sept nœuds.



*


Maintenant, ils ne peuvent plus nier ou minimiser le danger. Ils savent exactement de quoi ils ont peur ; ils savent que non seulement la mort les attend, mais une mort violente dans d’atroces souffrances.




Née en 1952, Anne Terrier est assistante d'édition. La Malédiction de l'Indien est son premier roman.

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