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Trou de mémoire ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Pierre Devriendt



  • Éditeur ‏ : ‎ Librinova (27 janvier 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 197 pages








D’emblée l’auteur sait accrocher le lecteur en présentant un personnage sympathique sous les traits d’un médecin de campagne en fin de carrière dans une petite bourgade  du centre de la Bretagne, de celle qui n’ont pas le charme du bord de mer et ont perdu dans les années soixante l’attrait d’un paysage de bocage, aplani et redistribué pour cause de rentabilité . La conscience du  temps qui passe pour lui et ses patients ralentit son rythme et c’est sans doute pour cette raison qu’il s’attarde aux Hortensias auprès d’une octogénaire peu loquace. Et pourtant cet épisode court changera le reste de sa vie, après que la vieille dame lui aura confié une boite métallique où sont enfermées quelques photos et une confession.


Excellent roman qui mêle les affres d’une histoire mouvementée, où les plus engagés durent parfois s’arranger avec leur conscience pour se sortir de choix discutables après coups, et les conséquences à long terme sur quelques individus qui s’en sont en apparence bien sortis


Belle écriture, qui rend la lecture agréable et intrigue bien construite, sachant même réserver au lecteur le choix de ce que peut révéler une prospection souterraine. Même le choix du titre est intelligent.




Il supporte de moins en moins les gens du coin. non qu'ils vous épient ou qu'ils commèrent plus qu'ailleurs, au contraire même, mais parce qu'ils cultivent l'entre-soi comme le blé noir, de génération en génération. Si vous n'êtes ni de leur famille ni de leurs amis d'enfance, vous ne serez jamais de leurs proches même 40 ans après. 

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Blain se demandait si parfois par ennui il aurait lâché le journalisme, refuser la carrière de sa trappe de supermarché du père et osé l'inconnu s'il avait eu 20 ans dans les années 2020. Probablement pas. Trente années de crise, d'e-commerce et de virus sont passées par là. Les nouveaux jeunes peuvent toujours se lasser des miettes de job qu'on leur laisse, mais on leur fait comprendre vite fait qu'ils doivent être réalistes et arrêter de rêver sauf quand c'est toléré et même fortement conseillé, tous les cinq ans aux élections.

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Le trajet avait été monotone comme ils le sont tous à présent à force de prévisibilité. En bannissant l'imprévu on fait d'ailleurs de moins en moins de voyages et de plus en plus de trajets, même pour aller à l'autre bout de la terre.

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En Bretagne le beau temps n'existe pas, il n'y a que des embellies. Si la lumière paraît alors si cristalline et le cobalt du ciel si profond c'est justement parce qu'on les sait fugitifs.

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Cette histoire ressemblait à ça, des points qui jusque-là ne se suivaient pas et qui commencent enfin à révéler le tout. Il allait faire la même chose avec ses futurs lecteurs, leur donner quelques faits peu près surs et insinuer tout le reste. N'étant pas historien, il n'avait pas à s'encombrer du vrai, le plausible lui suffisait et il comptait en profiter.

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Les nuits en Bretagne peuvent être soit somptueusement étoilées. On y voit alors distinctement la poussière argentée de la Voie lactée qu'on prend au début pour le présage d'un temps radieux. C'est faux la plupart des fois. Comme s'il fallait punir pour le beau et payer pour le calme, la nuit claire annonce souvent la dépression qui va fondre sur le pays aux premières heures de l'aube où va l'envelopper dans un crachin mélancolique et tenace pendant des jours.





Après une formation de sociologie et une carrière dans le conseil aux entreprises en France et à l'international, Pierre Devriendt se consacre à la lecture et à l'écriture depuis la Bretagne où il  réside à présent.






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