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907 fois Camille ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Julien Dufresne-Lamy 




  • Éditeur ‏ : ‎ Plon (26 août 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 336 pages
  • #907foisCamille #NetGalleyFrance 






« Pourquoi écrit-on ? Quel besoin accomplissons-nous lorsque à tous crins nous choisissons de superposer une histoire sur la nôtre, de draper une vie sous nos yeux ? »


Cette question, l’auteur se la pose en permanence tout au long de ce récit, qui explore le parcours de Camille. Fille d’un tristement célèbre bandit, Dodo la saumure, qui fut l’un des « fournisseurs » de prostituées pour le non moins tristement célèbre DSK. 

Raconter Camille, c’est aussi raconter l’histoire de ses parents, de son enfance entre honte et fascination pour ce père très peu présent. 


Mais l’auteur a un double discours,  biographique, et autobiographique. On assiste pratiquement à la création du roman, et cette création fait partie intégrante de la narration. Il revient sur ses motivations, sur ses scrupules, sur ses doutes sur la légitimité de se saisir de ce récit d’une intimité qui ne lui appartient pas,  sur ses craintes d’éventuelles plaintes pour diffamation. 


« Ces « je crois » comptent. Ces « sans doute », ces selon moi, ces peut-être. Parce que mon doute est partout. »


« A quel moment du livre Camille est-elle devenue mon personnage, mon Anna K. ? Est-ce dans l’histoire, ou dans l’effort artisanal que je produis jour après jour pour que mon amie s’efface, pour que le personnage se saisisse de ses droits ? »


On assiste ainsi à une mise en abyme, alors que réalité et littérature se confondent de part de d’autre d’une frontière mouvante et brumeuse.


Le récit est porté par une touchante sincérité, et une écriture sans effet de manches, et le lecteur flirte  entre la restitution de la vérité et le processus qui y conduit. 



Très agréable lecture.


Je remercie Netgalley et les éditions Plon.




Je retranscris ce que Camille me confie mais je retire ses silences, révoque ses non-dits, annule les maladresses et tous les conflits. Ce qui compte reste à saisir. Roman, conte, fabulation, allégorie, mystère, tout sauf un témoignage.

Sur l’écran, un message apparaît.

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Je clique sur non et les pages disparaissent.


*


comme l’écrit Mario Vargas Llosa, il n’y a rien de mieux qu’un roman pour faire comprendre que la réalité est mal faite, qu’elle n’est pas suffisante pour satisfaire les désirs, les appétits, les rêves humains. 


*


Il n’y a en littérature aucune justification à tenir. L’auteur peut tout. Il le doit. Contre le dogmatisme et la coercition, c’est sa seule obligation.






              Julien Dufresne-Lamy est un écrivain français né en 1987. Du même auteur Jolis jolis monstres















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