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Hors gel ⭐️⭐️⭐️⭐️

Emmanuelle Salasc



  • Éditeur ‏ : ‎ P.O.L (19 août 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 416 pages








C’est le roman de la menace ! Menace d’une catastrophe géologique comme celle qui a eu lieu à Saint Gervais en 1892, libérant une poche d’eau gigantesque au coeur du glacier, maintenant la population proche en état d’alerte permanente, et menace émanant de la personnalité ingérable de l’une des deux héroïnes du roman, Clémence, si mal prénommée !


Nous sommes en 2056, les écologistes ont pris le pouvoir et contrôlent  faits et gestes d’une population soumise à ce régime totalitaire, au nom de la survie.


Le couple attendait cet événement depuis longtemps, la fécondation in vitro les a comblés : ce sont deux jumelles qui vont voir le jour. Relativement facilement pour la première, celle qui raconte, et beaucoup plus difficilement pour Clémence. Mère et fille auront du mal à tisser un lien. Clémence est un bébé jamais satisfait, une enfant dont la beauté compense un temps les bêtises, jusqu’à ce que les frasques deviennent intolérables, pour quiconque a le malheur de la côtoyer et aux premières loges ses parents et sa soeur. 

Sa disparition a l’âge de vingt ans ne calme pas les angoisses, la possibilité d’une réapparition mine les esprits.


Peut-on parler de dystopie quand ce futur est si proche et si probable dans son évolution ? C’est peu au plus une légère anticipation. 


On s’accroche à la narratrice avec empathie, et on se désole de tant de vies gâchées par la conduite incontrôlable de la jumelle.


Cette atmosphère d’angoisse est tenue jusque’à la fin, mais il y a peut-être quelques dizaines de pages en trop, qui répètent un peu les mêmes choses, alors que l’on voudrait en finir et que quelque chose éclate, le glacier ou les soeurs…


Excellent roman qui s’apparente à un thriller, tout en abordant la question fondamentale de notre avenir à court terme sur une planète si malmenée.




Clémence se penche vers moi et me dit qu'elle a peur. 
Je ne la vois pas, je ne l'entends pas tout de suite, miasme la sais là, comme toujours avec clémence; Immédiatement, je sais son geste, son corps penché vers mon sommeil, ses longs cheveux couvrant les miens; Je ressens sa puera avant même qu'elle ne me dise : j'ai peur. Je ressens sa peur, qui est comme la mienne, qui est dans la sienne. 
J'entends l'alarme.

*

L'hiver, la forêt ne sera plus capable de retenir la peur et d'écrêter les doutes : elle sera  trop ouverte. Toute  la végétation sera au repos, ou presque, la consommation d'eau sera temporairement arrêtée. Les fayards ne transpireront plus, et l'air deviendra sec. L'annulation des feuilles laissera entrer le jour. Le ciel écartera les branches des arbres pour se glisser dans la forêt, et tremper de clarté jusqu'au plus profond de mes promenades d'été, jusqu'à donner la main à la lueur de la rivière. La forêt m'apparaitra comme une impudeur, une trahison. La nudité forestière hivernale. Dans cette forêt de feuillus, impossible en hiver de se cacher, de disparaître, de douter. 






Emmanuelle Salasc a déjà publié de nombreux romans sous le pseudo d'Emmanuelle Pagano.
Elle est née dans l'Aveyron en septembre 1969


 

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