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Le duel des grands-mères ⭐️⭐️⭐️⭐️


 Diadié Dembélé













Il a dix ans. Il a le goût des mots, que ce soit ceux du wolof du songhai, du bambara, du sinisé, du dogon, du bwa ou du mandinka. Et même les mots du gros français, d’autant qu’à l’école, le choix n’existe pas. Le symbole est là pour appeler aux contrevenants qu'on est là pour oublier ses racines linguistiques. Pour s’en sortir, alors qu’à la maison, personne ne  peut l’aider. Mais les livres sont présents. Le père exilé en France lui confie une valise qui contient les clés du langage imposé. 


« Depuis j’essaie de parler le bon français, de tutoyer les tutoyables, de vouvoyer les vouvoyables."


Mais l’enfant est espiègle et finit par se lasser de la pédagogie peu innovante, pour finalement opter pour l’école buissonnière. 

La sanction  ne tarde pas, c’est au coeur des racines familiales qu’une autre éducation se fera, dans un petit village où résident ses grand-mères. Le retour aux sources, la découverte de la filiation et des traditions font de ce récit un roman d’apprentissage


La langue est virtuose, et s’épanouit avec grâce. Le mélange des langues reflète bien ce que peut ressentir l’enfant, et crée en même temps un univers poétique, dont l’auteur souhaite saupoudrer son récit comme on utilise les épices, ni trop ni trop peu, pour mettre le plat en valeur sans en faire disparaître la saveur. 


Premier roman né de ce que l’auteur a pu observer dans son entourage, sans être autobiographique,  et on souligne le talent de l’écrivain. 


Merci à Netgalley et aux éditions Lattès.


  • Éditeur ‏: ‎LATTES (5 janvier 2022) ‎ 224 pages
  • #Ledueldesgrandsmères #NetGalleyFrance








Si l'idée me vient aussi de jouer le finaud, de mélanger le français avec mes langues que personne ne comprend, tout le monde se moque de moi, et j'hérite du symbole. Walaye bilaye ! C'est un petit bout de bois carré, tellement magique qu'il peut, tout seul, créer de la division et de la soustraction dans l'argent de mon goûter. Mais moi je ne me laisse pas faire. Si il me tombe dessus le jeudi, je le terrasse le vendredi. S'il revient le lundi, je lui brise les jetons le mardi.

*

Le médecin Piqûre-douce se lève et commence à agiter ses bras, comme manipulant des éprouvettes :
–vos procédés ne sont pas très scientifiques. Il faudrait apporter la bouillie au laboratoire pour contrôler les éléments. Il pourrait y avoir une réaction chimique entre le sucre et l'hydroxyde de sodium qui pourrait être à l'origine de cette ébullition. Jusqu'à une certaine température, le sucre…
La foule le discrédite d'un heu volumineux. Ce n'est pas la première fois que Piqûre-douce et ses collègues de la médecine des Blancs tentent de discréditer les experts en plantes et antidotes du village.






Diadié Dembélé alias Tambamera est un écrivain Malien né à Kodié, un village Sahélien situé sur la frontière Maliano-Mauritanien. Diplômé du Master de création littéraire de Paris VIII, il vit et travaille à Paris. Il travaille en tant qu’interprète médico-social au sein d’une association d’aide aux migrants.  
(Source : Babelio)





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