Louise Erdrich
Sur les maigres terres que cinq siècles de domination leur a laissées, ils tentent de survivre. Démunis mais encore riches d’une culture ancestrale qui les identifient. Or c’est ce dernier bastion que le gouvernement fédéral veut abattre. Une assimilation, une « termination » selon le terme anglais. Le renoncement à leur identité, un statut de citoyen américain, et la condamnation certaine à la mendicité.
Thomas n’en veut pas. Ni lui ni aucun de ses pairs. S’il cultive ses terres le jour, il travaille aussi la nuit pour nourrir sa famille. C’est au cours de ces veilles qui le privent d’un sommeil réparateur jusqu’à l’hallucination, qu’il élabore une stratégie pour défendre les droits de sa tribu auprès des instances gouvernementales.
Patrice lutte aussi. Elle améliore le quotidien de sa famille avec le maigre salaire que lui octroie l’usine de pierres d’horlogerie et essaie même de faire des économies pour un jour reprendre ses études. D’autres combats animent ses journées : retrouver sa soeur Vera, dont on est sans nouvelles depuis son départ à la ville, et protéger sa famille des exactions avinées de son père. Il lui reste peu de temps pour les questions intimes qu’elle se pose.
Plongeant au coeur de ses racines, Louise Erdrich donne une fois de plus la parole au peuple de ses ancêtres, qui, à force de ténacité, est parvenu à persister dans le paysage nord-américain. Spoliés de leurs terres, mis au ban de la société, les indiens ont payé très cher l’invasion du continent.
On parcourt avec empathie l’histoire de cette poignée de résistants du Dakota du nord, prêts à payer de leur personne pour défendre leur légitimité.
Superbe roman choral, animé d’une conviction profonde, déclarant avec fermeté mais sans violence l’injustice faite aux premiers votes du continent américain.
560 pages Albin-Michel 5 janvier 2022
Sélection janvier Grand Prix Elle 2022
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire