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Celui qui veille ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Louise Erdrich











Sur les maigres terres que cinq siècles  de domination leur a laissées, ils tentent de survivre. Démunis mais encore riches d’une culture ancestrale qui les identifient. Or c’est ce dernier bastion que le gouvernement fédéral veut abattre. Une assimilation, une « termination » selon le terme anglais. Le renoncement à leur identité, un statut de citoyen américain, et la condamnation certaine à la mendicité. 


Thomas n’en veut pas. Ni lui ni aucun de ses pairs. S’il cultive ses terres le jour, il travaille aussi la nuit pour nourrir sa famille. C’est au cours de ces veilles qui le privent d’un sommeil réparateur jusqu’à l’hallucination, qu’il élabore une stratégie pour défendre les droits de sa tribu auprès des instances gouvernementales.


Patrice lutte aussi. Elle améliore le quotidien de sa famille avec le maigre salaire que lui octroie l’usine de pierres d’horlogerie et essaie même de faire des économies pour un jour reprendre ses études. D’autres combats animent ses journées : retrouver sa soeur Vera, dont on est sans nouvelles depuis son départ à la ville, et protéger sa famille des exactions avinées de son père. Il lui reste peu de temps pour les questions intimes qu’elle se pose.


Plongeant au coeur de ses racines, Louise Erdrich donne une fois de plus la parole au peuple de ses ancêtres, qui, à force de ténacité, est parvenu à persister dans le paysage nord-américain. Spoliés de leurs terres, mis au ban de la société, les indiens ont payé très cher l’invasion du continent. 


On parcourt avec empathie l’histoire de cette poignée de résistants du Dakota du nord, prêts à payer de leur personne pour défendre leur légitimité.


Superbe roman choral, animé d’une conviction profonde, déclarant  avec fermeté mais sans violence  l’injustice faite aux premiers votes du continent américain.


560 pages Albin-Michel 5 janvier 2022

Sélection janvier Grand Prix Elle 2022



C'est dans cet endroit silencieux, toujours silencieux, que de nombreuses femmes de Turtle Mountain passaient leurs journées penchées sous la lumière crue des lampes de travail. Elle collaient sur de minces tiges verticales des lamettes ultrafines de rubis, de saphir ou, moins précieux de grenat, avant perforation. Les pierres d'horlogerie ainsi obtenues serviraient à la fabrication de montres Bulova et de pièces destinées au département de la défense. 

*
Si Thomas avait vu un harfang des neiges, cela annonçait une mort. Prochaine. Il passa en revue la liste des gens susceptibles de mourir. Ceux dont la mort ne l'affecterait pas trop. Ceux dont la mort l'affecterait beaucoup. Ceux dont la mort, terrifiante, le dévasterait totalement.

*

Sa génération devait se définir. Qui était indien ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Qui, qui, qui ? Et comment ? Comment leur identité pouvait-elle dépendre d'un pays qui, les ayant vaincus, essayait par tous les moyens de les absorber ? 






Karen Louise Erdrich, née le 7 juin 1954 à Little Falls dans le Minnesota, écrivaine américaine, auteure de romans, de poésies et de littérature d'enfance et de jeunesse. 
Elle est une des figures les plus emblématiques de la jeune littérature indienne et appartient au mouvement de la Renaissance amérindienne.
                            (Source : Babelio)






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