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L'affaire Rambla ou le fantôme de Ranucci ⭐️⭐️⭐️

Agnès Grossmann
















Ce document qui trouve autour de l’affaire Ranucci et de ses conséquences à long terme, fait divers atroce qui a défrayé la chronique dans les années 70 m’a au départ un peu effrayé. Refaire une enquête qui a déjà fait couler tant d’encre, est-ce utile ? 


Eh bien oui, pour ce qui est révélé. En effet, j’en étais resté à la notion d’erreur judiciaire, ayant amené un des derniers condamnés à mort en France, à être décapité pour un crime qu’il n’avait pas commis, cet aspect des choses ayant été révélé par le best-seller de Gilles Perrault, Le pull over rouge . Première surprise donc de découvrir que le contenu de cette contre-enquête était un texte cousu de fil blanc, l’auteur ayant pris beaucoup de liberté avec les faits, jusqu’à les ré-interprèter pour finalement argumenter un procès à charge contre la peine de mort. Et c’est là qu’est le piège. Le but est louable, mais les moyens délétères, pour cette famille endeuillée qui se voit propulsée au devant de la scène politique sur un combat qui n’est pas le sien.


Quant aux  suites tellement dramatiques de l’affaire, deux meurtres commis par le frère de la petite victime, des années plus tard, alors que l’enfant puis le jeune adulte n’a jamais pu se défaire de la  culpabilité de ne pas avoir sauvé sa soeur, la réalité dépasse la fiction !


Quelques faux pas dans les propos : 


"Mais il n'y a aucune certitude scientifique; On n'a pas encore découvert l'ADN" ! 

  Si, si : en 1963 !

Par ailleurs des précisions peu contributives, l'éclipse solaire qui a lieu le jour du rapt de l'enfant.  Pas forcément utile, même pour recréer le contexte.  


Agnès Grossman décrit l’ensemble sans pathos, avec l’objectivité d’une journaliste qui tente de faire éclater la vérité, polluée par la médiatisation de ces affaires. Si l’écriture est plutôt sobre (on n’est pas chez Jaenada) , le récit se parcourt avec intérêt, d’autant que l’affaire a de quoi laisser perplexe. 


320 pages Presses de la cité 6 janvier 2022

Sélection Mars Prix Elle 2022



J'ai fait tout ce que je pouvais pour essayer de bâillonner des "Salopards" qui faisaient leur beurre sur les ruines de notre famille, sur la petite dépouille de notre enfant et notre malheur à tous… Moi je n'ai eu qu'une place de spectateur, sur un strapontin, un puissant avoir notre vie mêlée à ce cirque.

*

Après deux heures de délibération, durant lesquelles le jury ne cesse d'entendre sous leurs fenêtres : « À mort ! À mort ! À mort ! », La décision est rendu. Le jury, en répondant oui à toutes les questions et en refusant les circonstances atténuantes, condamne l'accusé à la peine de mort. Le verdict est accueilli sans un mot dans la cour d'assises. Seul Christian Ranucci si murmure plusieurs fois : "ils sont fous, ils sont fous, ils sont fous !"







Journaliste, Agnès Grossmann écrit des documentaires pour la télévision. 

Elle a signé plus de quinze portraits de tueurs en série pour l'émission de France 2 Faites entrer l'accusé. 




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