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Le cirque de merveilles ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Elizabeth Macneal












Autre temps, autres moeurs. En Angleterre, mais aussi aux Etats-Unis et même en France, les fantaisies de la  nature constituaient une attraction  prisée. Le succès du célèbre cirque Barnum et de ses freaks en témoigne. C’est cet univers du cirque et de ses penchants morbides que nous relate Elizabeth Macneal, autour de la personnalité attachante de Nellie Moon. Héroïne fictive, elle n’en porte pas moins  les caractéristiques communes à tous ces êtres que leurs différences ont, suivant leur bonne ou mauvaise fortune, conduit vers la gloire ou la misère. 


Nellie est née avec une peau constellée de taches. Maudite, crainte, ou simplement rejetée et moquée, résignée à vivre son existence de pauvresse (le père veuf n’est pas capable de subvenir aux besoins de ses deux enfants) auprès de son frère tant aimé, son sort sera scellé lorsque le diabolique Jasper Jupiter entrevoit pour la jeune fille un avenir de gloire….


De la campagne anglaise jusqu’à Londres, sous le règne de la Reine victoria, que l’on dit friande de curiosités, on vit avec la troupe du cirque, le quotidien de ces compagnons d’infortune. La gloire certes mais à quel prix, et pour combien de temps. D’autant que Jasper a des ambitions qui dépassent ses moyens.


Le sujet est traité avec beaucoup d’humanité, sans jugement, inutile hors contexte. Il est bien évident que de nos jours on n’offre plus ce genre de distractions, mais il n’est pas si lointain le temps des exhibitions qui n’ont été interdites qu’en 1906. 


Et pourtant, malgré tout, ces pratiques d’un autre temps qui nous paraissent si révoltantes, ont permis à un certain nombre de « freaks » d’obtenir une reconnaissance et de gagner correctement sur vie. Elizabeth Macneal ne manque pas d’évoquer ce paradoxe. 


On  retrouve le style simple et agréable de La Fabrique de poupées.  L’histoire est bien rythmée et  on est suspendu au destin de la jeune fille. Les relations complexes qui unissent les personnages au coeur de l’intrigue sont analysées avec soin. 


Un deuxième réussite pour cette romancière anglaise. 


Sans oublier la qualité de l’objet livre, présenté avec une jolie couverture.


Merci à Babelio et aux éditions Presses de la cité


Traduction Alice Delarbre 

 462 pages Presses de la cité 12 mai 2022

Masse critique Babelio





A cet instant, dans cet endroit, elle oublie l’interminable corvée qui l’attend, la cueillette des violettes et des narcisses dont elle fera ensuite des bouquets, les innombrables piqûres d’abeille qui lui gonflent les mains, le soleil de printemps qui lui cuit la peau au point qu’on la dirait ébouillantée. L’émerveillement s’empare d’elle et l’embrase. Le cirque va venir ici, dans leur petit village. 

 

*

Elle repense à Charles Byrne, dont on a exposé le squelette, contre sa volonté. Des considérations si effroyables que son esprit en est engourdi. Elle ne parvient pas à imaginer ce que ces êtres ont pu ressentir, ne parvient pas à saisir la consistance de leurs existences au-delà des faits les plus rudimentaires. 




Elizabeth Macneal est née en 1988 et vit à Londres. Le cirque des merveilles est son deuxième roman traduit en français; 

Lire aussi  La fabrique de poupées  




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