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Les abeilles grises ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Andreï Kourkov












« Ce hameau était déjà en « République populaire de Donetsk » mais il semblait désert . Il comptait cinq ou six maisons, pas davantage. Peut-être était-ce la raison pour laquelle Svetloïé continuait à vivre comme avant la guerre, ou presque. Il n’y avait à proximité ni séparatistes ni armée ukrainienne. C’est pourquoi personne n’était parti, à quelques exceptions près. »


Dans ce hameau de quelques maisons, Pachka et Sergueï vivent à l’écart du conflit. Ils sont en « zone grise », entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses. Les combats se déroulent à distance, pas très loin cependant, les canonnades rythment les journées  et les nuits. Si leurs avis divergent, ces deux-là n’ont guère le choix : ils doivent rester solidaires, et leurs désaccords animent les longues soirées. 

Sergueï est apiculteur et entoure ses ruches d’une attention de père de famille aimant. Il lui arrive cependant de louer les services de ses ouvrières bourdonnantes à qui veut bénéficier de l’effet miraculeux d’une séance de sieste sur les ruches alignées. 

Mais Sergueï veut offrir plus à ses compagnes mellifères. L’endroit n’est pas assez calme. Alors avec le printemps, Sergueï quitte sa maison avec son précieux convoi…



De frontières en contrôles, sur la route, Serguéï fera de nombreuses rencontres, tout à tour aidé et aidant, à la rencontre de son passé, qui resurgit là où il ne l’attend pas. Mais les abeilles seraient-elles les vecteurs involontaires d’un mal pernicieux ?



Ce roman s’est imposé comme une lecture solidaire alors que la guerre continue de décimer une population injustement attaquée. Mais cette volonté de soutenir ce peuple n’est pas juste une lecture en passant : on y découvre un auteur talentueux, qui nous conte une histoire envoutante, sans omettre le contexte  politique, mais toujours en centrant le sujet sur ce que peut ressentir le peuple, représenté par le bon sens de Serguéï.


Les lecteurs sont quasi unanimes, et le roman ukrainien remporte un vif succès, bien mérité.


Traduction (Russe) Paul Lequesne

432 pages Liana Lévi 3 février 2022





Quand on vit longtemps dans un endroit, on a toujours plus de famille en terre qu’en bonne santé à côté de soi .


*


C’était bête de s’inquiéter ainsi du temps. Le temps ne joue un rôle que là où quelqu’un le surveille et dépend de lui. S’il ne reste personne dans ce cas, le temps se fige, disparaît. 


*


Il se dit que les humains pourraient apprendre des abeilles. Les abeilles, grâce à leur discipline et à leur travail, avaient construit le communisme dans les ruches. Les fourmis, elles, étaient parvenues à un vrai socialisme naturel. N’ayant rien à produire, elles avaient juste appris à maintenir l’ordre et l’égalité. Mais les humains ? Il n’y avait chez eux ni ordre ni égalité. Et même leur police se tournait les pouces.


 



Né en  1961, Andreï Kourkov est un écrivain ukrainien de  langue russe. Les Abeilles grises est son dixième roman traduit en français.  





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