Mikella Nicol
Deux amies, deux soeurs de coeur, unies par un lien indéfectible et liées par une souffrance infinie. L’une ne se remet pas d’une rupture amoureuse, l’autre souffre d’un mal plus profond, ancré dans son esprit prenant son corps pour cible. Tour à tour, elle parleront l’une de l’autre, de leur main tendue en vain, de leur famille et de tout ce qui les mine. Un été en forêt les a pour un instant apaisées. Le retour à ville est un révélateur, ce monde n’est pas fait pour elle.
Ce roman de l’amitié, de la sororité et de la folie est sombre. L’issue est inéluctable, à la manière des grands romantiques du dix neuvième siècle. Il n’existe pas de recours autre que l’alliance dans la souffrance et l’évasion d’un monde qui n’est pas fait pour elle.
Si l’écriture est remarquable, le thème est déprimant, malgré l’ode à l’amitié, le contraste entre la relation fusionnelle qui ne parvient pas à vaincre le mal-être, maladie d’amour ou dépression, donne un récit noir et pessimiste. A ne pas lire en période de déprime.
Premier roman de cette rentrée littéraire d’automne 2022 dans une édition française, Les filles bleues de l’été est paru il y a plusieurs années au Québec.
144 pages Nouvel Attila 22 Août 2022
Je m’appelle Clara et je veux qu’on entende dans mon prénom les éclats de l’été, tombés sur le sol gelé. Que mon nom sonne comme un brise-glace dans la stérilité de l’hiver qui s’en vient.
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Se construire un visage. Chloé avait dû se construire un visage chaque jour, chaque matin était consacré à bâtir une deuxième figure sur celle qu’on ne devait pas voir. Il lui fallait prendre son visage et en faire un joli mensonge. Mais le soir, lorsqu’elle rentrait, c’était terminé. Ce qu’il restait
au creux de son visage, la douleur, l’incertitude, et à la longue, douce chute vers les angoisses
*
Clara avait déjà été avertie qu'il fallait se méfier de ces hommes qui s'embrasent comme de grands oiseaux devant nos yeux, pour nous faire mourir avec eux l'instant d'après. Pourtant elle avait voulu connaître celui qui portait le feu.
*
Contrairement à moi, qui gaspillais mon cœur, qui l'égarait sur le chemin, Chloé ne tombait pas amoureuse. On ne tombait pas amoureux de Chloé. On la voyait comme un objet parfait, fragile, inquiétant, l'espace de son corps avec quelque chose de funeste. Les hommes voulaient l'aimer, ils auraient voulu. Mais il manquait la flamme derrière ses yeux : elle perdait trop d'énergie à se détester.
Mikella Nicol est née en 1992 et vit à Montréal, où elle a complété une maîtrise en études littéraires.
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