Emmanuelle Bayamack-Tam
Ce roman est sacrément culotté ! (ou pas).
Ça commence doucement : une adolescente en quête d‘identité nous confie ses questionnements, et nous présente son décor : elle vit au sein d’une communauté millénariste, et son père en est le dieu vivant. L’historique, les caractéristiques des adeptes, tout cela est traité avec humour par cette ado passionnée de littérature, ce qui ne saurait nuire. Le doute survient en fin de première partie lorsque Farah fait un état des lieux de la progression de sa puberté, et émet des doutes sur sa filiation .
C’est ensuite Lenny, le père, le gourou charismatique, qui va lever le voile sur la naissance de sa fille. Avec des révélations fracassantes que je me garderai bien de révéler !
Le clou du numéro arrive avec la dernière narratrice, Hind, mère de Farah, qui fait un come-back remarqué dans ce foyer qu’elle avait quitté avec perte et fracas quelques jours après la naissance de sa fille. Cette fois c’est la révolution, l’inversion de l’ordre des choses, les retournements de situation (sic), déstabilisants, pour une fin en feu d’artifice.
Dans cette histoire, ce ne sont pas tant les particularités de chaque personnage qui étonnent, mais leur coexistence. Ce qui permet à l’autrice de faire un point documenté autour de la problématique de l’identité sexuelle.
Sans oublier le ton humoristique qui allège le propos et qui permet aussi de faire passer des scènes explicites et crues sans choquer.
Surprise par le sujet, la façon de le traiter et l’univers très différent du roman Il est des hommes qui se perdront toujours, j’ai vraiment beaucoup apprécié !
Lire l'avis de Joëlle
512 pages POL 18 août 2022
Prix Landerneau 2022
Je m'en fous complètement que ce soit faux. Au contraire tant mieux si c'est inventé, peu plausible et extravagant. À moi les typhons, les naufrages, les îles au trésor, les jardins de minuit, les apprentis sorciers, le chapelier fou, les hommes invisibles, les barons perchés, les royaumes du Nord, les guerres du feu, les petits princes et les petites princesses – surtout si elles vivent dans une mansarde avec un rat nommé Melchisédech.
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Décorporation, vision autoscopique, tunnel lumineux, acuité des sensations et impressions d'amour infini, c'est bien joli mais ça ne prouve pas grand-chose si ce n'est que le cerveau est capable de déconner jusqu'à la fin – la fin qui n'est pas à la fin, et c'est bien là le problème.
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Je ne sais par quelle aberration un romancier a pu écrire que toutes les familles heureuses se ressemblaient et que toutes les familles malheureuses l'étaient à leur façon, car j'ai pu vérifier cent fois que c'est exactement l'inverse. Le malheur des uns ressemblant au malheur des autres, et il s'exprime avec les mêmes pauvres formules.
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L'épidémie est mondiale, elle n'a rien à voir avec le virus : elle a à voir avec la facilité qu'il y a à céder à la haine, à y répondre et à la répandre. La haine est un réflexe machinal là où l'amour demande de l'engagement et de la réflexion.
Emmanuelle Bayamack-Tam est une romancière française.
Agrégée de lettres modernes, elle enseigne le français dans un lycée de la banlieue parisienne depuis trente ans.
Sous le nom de Rebecca Lighieri, elle a publié aussi Il est des hommes qui se prendront toujours
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