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Zizi Cabane ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Bérengère Cournut











Si le titre interroge, l’énigme est rapidement levée, le surnom de la petite dernière est né de l’imagination fertile de son frère ! 



L’imagination, c’est un leitmotiv de ce roman aussi poétique que déjanté, avec ce paradoxe qu’il s’appuie sur une réalité tragique, la disparition de la mère qui laisse les trois enfants et le père démunis et obsédés par des questions récurrentes et sans réponse. D’autant que le vide créé par l'absence s’accompagne de phénomènes étranges dans la maison familiale, qui est un personnage à part entière, plutôt maléfique et impossible à contrôler.


Bientôt rejoints par un hypothétique grand-père surgi du néant, ils tenteront de survivre en construisant des fables autour d’une mère qui a créé le mystère. 



Nous sommes bien loin des légendes du Grand Nord, et pourtant ce sont des mythes universels qui prennent corps dans ce roman très créatif où la force de l’amour sauve cette famille à la dérive, au coeur d’un décor qui peut d’un moment à l’autre les porter ou les trahir. 


Ce roman est une confirmation des talents de conteuse de Bérengère Cournut, qui réussit à nous emporter dans des territoires qui explore les mythes fondateurs, avec une langue aussi poétique qu’émouvante.


256 pages Le tripode 18 Août 2022








Je me souviens de tout. 

Je me souviens des plus infimes détails de la maison, depuis les irrégularités de la dalle au sous-sol jusqu’aux noeuds des poutres.

Je me souviens des joints du carrelage dans la cuisine, de la couche de graviers dans le cellier, des lucarnes en verre épais qui morcelaient le paysage dans le mur aveugle, à l’arrière. 

Je me souviens aussi du vieux papier peint dans la niche à bois de la cheminée, du bruit de la chaudière qui se mettait en marche et des pans de liège qui se décollaient du mur de la salle de bains.

Je me souviens encore des portes vitrées de part et d'autres du couloir qui séparaient la cuisine de la salle à manger, du vert coloré et plein de bulles qui déformait le visage hilare de mes frères. Je me souviens de l'escalier qui menait aux comblxe, au casse-tête de notre chambre sous la pente et d'une chute bénigne de ma mère.


*


Depuis que pépé est mort, j'ai souvent froid, souvent peur. Il y a de plus en plus de choses que je ne comprends pas. Pourquoi il nous a retrouvés, pour finalement s'en aller soudain ? Jeanne dit qu'il était malade et qu'il ne m'en a pas parlé pour ne pas m'inquiéter. C'est vraiment prendre les enfants pour des billes… Je le savais bien qu'il était malade ! Ce n'est pas une raison pour mourir.


*


Je me rends compte que depuis toutes ces années, nos émotions, nos jugements la traversent. Notre folie aussi, c'est évident. Mais elle ne sait pas quoi en faire, Béguin. Tu me demandes si tu dois venir au plus vite, je ne sais pas quoi te répondre. Sans doute faut-il être prudents, et ne pas trop l’aimer en ce moment, pour ne pas trop la charger – sinon, elle va casser, notre zizi.


Bérengère Cournut



Née en 1979, Bérengère Cournut est correctrice dans la presse et l’édition et écrivaine. 

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