François d'Epenoux
Lorsque Niels accepte de venir passer quelques temps dans la maison familiale, on comprend d’emblée les efforts énormes que le narrateur va devoir déployer pour accepter le comportement de son fils. Sale, vêtu de loques, peu enclin aux échanges et accro aux pétards. Seule sa jeune amie trouve grâce aux yeux du père, malgré les choix de vie aussi marginaux que ceux de Niels. Et pourtant les raisons en sont vertueuses, consommation minimaliste, décroissance, protection de la planète . Niels passe d’ailleurs le plus clair de son temps sur la ZAD près de Nantes, là où le projet d’aéroport crée le conflit. Jusqu’où le père pourra t-il accepter la provocation manifeste, au-delà des convictions politiques ?
François d’Épenoux analyse avec une grande acuité cette relation conflictuelle, celle d’un père et de son fils mais aussi celle de deux générations qui ont été construites sur des bases bien différentes. Malgré l’amour qui les lie, la confrontation est inéluctable.
Le roman met aussi en évidence la fragilité des acquis et le risque universel de perdre un équilibre somme toute précaire, sur un marché du travail dépourvu d’humanité.
La vie sur la ZAD prend des allures d’utopie, où l’entraide, la fraternité et la solidarité ne sont pas que des mots.
Un roman de lecture agréable , qui soulève des questions existentielles intéressantes, avec parfois un peu d’angélisme, sans que cela ne ruine la cohérence du récit.
240 pages Anne Carrière 6 janvier 2023
Il n’y a pas d’école de parents. On apprend sur le tas, on fait ce qu’on peut avec ce que l’on a, et puis tout à coup, l’enfant qu’on filmait hier en essuyant sa morve vous dépasse d’une tête, vous répond, vous en veut, vous fait payer vos fautes, ces fautes qui n’en sont pas.
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Quand tu as une petite vie, écrire peut-être un alibi dangereux. L’alibi des ratés. Ceux qui ont manqué le rendez-vous avec le monde, qui n’ont pas touché sa chair, et qui se trouvent des excuses parce qu'ils se pensent différents, un peu à part. Or s’inventer un monde ne remplace pas le vrai. C'est juste une façon de se dédouaner. Justifier l’injustifiable. De légitimer ses échecs. Et d’essayer d'en faire quelque chose d'honorable : un peu de littérature. Voilà la plus pathétique et consolation que l'on puisse s’inventer.
François d'Épenoux est un écrivain français né en 1963. Il est l’auteur de récits et de romans dont certains ont été adaptés au cinéma (Deux jours à tuer, Les papas du dimanche)
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