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Le gardien de Téhéran ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Stéphanie Pérez












1977. A Téhéran, le chah et son épouse règnent en despotes sur le pays, affichant un faste qui contraste avec les difficultés quotidiennes du peuple, dont une part croissante survit à peine. Sans compter la crainte obsédante de la Savak, la milice qui traque les potentiels ennemis du régime, pour les emprisonner et les torturer. 


L’une des passions Farah Palahvi, la Chahbanou, est la peinture. Ne faisant pas les choses à moitié, elle acquiert pour une fortune des tableaux de maître qu’elle souhaite mettre en valeur dans le musée créé pour cette collection. Étalage de richesse et provocation envers la religion rendent l’inauguration de l’édifice cahoteuse. 


C’est dans cet univers qu’il découvre que le jeune Cyrus trouvera son premier emploi, chargé de convoyer les précieuses oeuvres depuis l’aéroport jusqu’au musée. La découverte de cet art transforme sa vie. 


Vient le temps de la révolte et de la destitution du dictateur. Après une courte période de liesse, les Iraniens voient avec stupeur et désespoir, leurs espoirs de jours meilleurs s’envoler sous le joug d’une nouvelle oppression, celle de l’imam Khomeini et de ses zélés serviteurs. Que deviendra le musée et ses toiles sulfureuses ?



Passionnante évocation des années désastreuses qui ont métamorphosé l’Iran et créé un bastion solide pour les islamistes intégristes. La chute est d’autant plus douloureuse qu’elle fait suite à un rêve d’égalité et de justice. 

Le musée né des lubies sans limites de l’impératrice et la vocation qu’il suscite chez Cyrus, l’enfant du pays échoué par hasard dans ce milieu dont il ne soupçonnait même pas l’existence est un havre de paix au coeur du pays supplicié. Les oeuvres qu’il abrite deviennent pour le jeune gardien l’objet  d’un culte pour lequel il donnerait sa vie. 


La politique et l’art sont au coeur de ce premier roman passionnant et émouvant. Entre révolte et admiration, le lecteur vit avec le héros ces sentiments disparates et les conflits de conscience que la situation provoque. 


La lecture renvoie de plus à l’actualité la plus récente alors que le peuple d’Iran est à nouveau dans la rue. 


240 pages Plon 2 mars 2023

Sélection Prix Orange 2023







Il fallait que ça brille. il fallait que ça claque. L'Iran était le pays des superlatifs, et devait le rester. Les folies précèdent toujours les grandes catastrophes.


*

Dans ce musée le nouveau venu comprend chaque jour un peu plus que les intérêts ne sont pas seulement artistiques, chacun joue sa carrière, sa réputation, son avenir. Un concentré de l’Iran du chah, de ses ambitions et de ses zones d’ombre . Surtout ne pas commettre un faux pas.



 

Stéphanie Perez est née en 1973. Grand reporter pour France Télévisions depuis plus de vingt-cinq ans, chargée de l’international, elle s’est rendue plusieurs fois en Iran et a couvert plusieurs conflits, comme la guerre en Irak et en Syrie, ou récemment en Ukraine. Elle a remporté le Prix Bayeux des lycéens en 2018 et le Laurier du grand reporter en 2020 (Prix Patrick Bourrat). Le gardien de Téhéran est son premier roman.


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