Jón Kalman Stefànsson
Après Ton absence n’est que ténèbres, qui m’avait intriguée, déstabilisée et laissée interrogative, ce roman conclut sans doute la partenariat unilatéral qui me reliait à cet auteur !
La déstructuration temporelle est poussée à l’extrême et même si le linéaire n’est pas indispensable pour se repérer, dans le cas présent, il m’aura désorientée jusqu’à la fin. On navigue entre les lettres qu’Ásta écrit depuis Vienne, les propos brumeux que tient son père qui vient de tomber d’une échelle, les souvenirs d’enfance d’Ásta et l’évocation de la vie déjantée de sa mère !
C’est le style Stefànssson, sa signature et il s’en explique :
« Il est impossible de raconter une histoire sans se garer, sans emprunter des chemins incertain, sans avancer et reculer, non seulement une seule fois, mais au moins trois – car nous vivons en même temps à toutes les époques. »
Sans compter les (trop) nombreuses scènes de sexe, pas spécialement lyriques et inutiles pour faire passer un message.
Perdue par la construction, agacée par la lubricité des personnages, j’aurais bien usé d’une accélération temporelle pour avancer dans le récit et en finir. Il est hautement probable que je ne persévérerai pas dans la découverte de cet auteur, ou alors il faudra des arguments massue pour me convaincre. Et c’est dommage car malgré tout, le roman réfléchit sur le sens de la vie, la course au bonheur, le destin. C’est vraiment la question de la forme qui m’empêche d’accéder à ces messages.
496 pages Grasset 29 Août 2018
Caverne des lecteurs
Râleuses
La vie de l'homme et si courte, en soi, elle n'est pas plus long que l'espace qui sépare le jour de la nuit. Voilà pourquoi nous devons faire durer pleinement et entièrement les moments où notre existence toute entière vibre. Où elle s'approfondit au point parfois de devenir bonheur.
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La meilleure manière de contrer la mort, c'est de se constituer des souvenirs qui, plus tard, auront le pouvoir de caresser doucement et d'apaiser les blessures de la vie.
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Le bonheur éternel n'existe pas. En tout cas, dans le monde des hommes. Heureusement, peut-être. Sinon, qu'adviendrait-t-il des couleurs et de la diversité de la vie ? Ne risquerait-elle pas de ternir, la réalité de s'anesthésier, la morne platitude d'envahir les jours, et même la nuit : ne risquerions-nous pas de sombrer dans la folie, de finir par nous piquer aux amphétamines pour mettre le réel en mouvement.
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Le dieu moderne de la consommation n'est en rien différent des divinités antiques : il exige des sacrifices. Le premier de ces sacrifices, c'est celui du simple bon sens.
Asta n'est pas celui que j'ai préféré de cet auteur. Par contre, sa trilogie m'a bouleversée, et tout particulièrement La tristesse des anges que je me permets de vous conseiller.
RépondreSupprimerBon week end.