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La propagandiste ⭐️⭐️⭐️

 Cécile Desprairies 












Enfant dans les années soixante-dix, la narratrice assistait en spectatrice attentive aux échanges superficiels des femmes de sa famille, dont sa mère Lucie, tête de file de ces après-midis de rencontre. Sous les propos banals, surgissaient parfois des allusions au temps révolu, à des amours passées. Des noms qui revenaient et ne cesseront de hanter la mémoire de l’enfant devenue adulte. Son métier d’historienne l’aide dans cette tâche ingrate qui consiste à faire le clair sur les allégations et les sous entendus : c’est un passé peu glorieux de l’histoire familiale qui va ressurgir ! Lucie, a bien coopéré avec les occupants et le fameux amour de jeunesse n’est autre qu’un nazi. L’antisémitisme est à peine voilé. 


Pire encore à la libération tout ce joli petit monde va consacrer son énergie à retourner sa veste et à revisiter sa mémoire pour s’acheter une réputation de résistant autoproclamé !


Ce récit va à l’encontre de bien d’autres romans témoins de cette période trouble, où les héros clandestins ont pu après coups se faire valoir de leurs actions glorieuses. Mais il est aussi le reflet de qui s’est réellement passé, ce dont on ne se vante pas habituellement.


Pas question de s’attacher aux personnages, ils n’ont aucun charisme et on serait plutôt tenter de les détester. 


Alternative aux histoires auréolés de gloire d’une résistance à haut risque, ce roman dénote parmi les romans qui traitent de cette période. Ecrit avec humour malgré tout, il fait grincer des dents. 



217 pages Seuil Août 2023








Ces femmes se satisfaisaient ainsi de l'absence d'hommes et essayaient  d’attirer ma mère dans leur cénacle. Ce qu'elles disaiten deux n'était pas très aimable. J'entendais : « Un bon coq n’est jamais gras. » La virilité était-elle une question de régime amaigrissant, sous peine de se retrouver en chapon ? Elles avaient eu dix ans pour « se caser », comme elles le répétaient, c'est-à-dire trouver à la fois un porte-monnaie, et un étalon, incarné dans une seule et même personne même personne.


*


Lucie aime bien l'idée de La sagesse populaire, même si, secrètement, elle trouve que les proverbes se contredisent parfois. Qui dit vrai : « C'est la plume qui fait le geai » ou « lLhabit ne fait pas le moine » ? Comme elle est au fond peu scientifique, dit vrai ce qui est utile à la démonstration.




Cécile Desprairies


Née à Paris en 1957, Cecile Desprairies est germaniste et  historienne de l'occupation en France. Elle a publié de nombreux ouvrages sur les images de propagande, les lieux et les lois de cette période, notamment Paris dans la collaboration (seuil, 2009). La Propagandiste et son premier roman.

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