Léna Pontgelard
Le début de ce roman fait craindre le développement autour d’un drame difficile à vivre malgré sa fréquence. Une fausse couche est un événement traumatisant pour de nombreuses femmes, surtout si le désir d’enfant s’érige en maître ! Mais le sujet, malgré l’empathie qu’il peut susciter, n’est pas de plus romanesques.
L’autrice, avec un savoir-faire remarquable fait évoluer à petites touches le propos : le chagrin laisse peu à peu la place à la folie…
Avec un crescendo savamment orchestré, le récit de ce délire d’un couple obsédé par le désir d’enfant n’en reste pas là. De nombreuses réflexions sur la parentalité, la place d’un enfant dans le monde actuel, mais aussi le quotidien d’une famille avec les contraintes que cela suppose, toutes ces questions sont évoquées à travers le prisme de de la folie.
Quelques maladresses grammaticales que le plaisir de lecture fait oublier.
Etonnant et questionnant
320 pages Panseur 11 janvier 2024
Tu sais que cet embryon là, même au stade de l'idée, et plus difficile encore à porter que le premier, et tu ne veux pas me décourager.
*
Je ne me souviens plus du moment où je t'ai aimé. Quand on en parle, je fais semblant. Je te raconte que c'était au restaurant universitaire. Que tu étais assis en face de moi, à peu près, parce qu'avouer que tu étais en diagonale, briserai la poésie de mon récit. Que les dalles des murs étaient blanches, même si ce n'était sûrement pas des dalles. Qu'il n'y avait plus personne. Nous étions seuls, sur une tablée de six.
Née en 1992, Léna Pontgelard a fait un master à Sciences Po, puis un autre dans l’édition, avant de devenir éditrice (chez Casa Editions, puis Eyrolles). Pendant cette période, elle a passé ses étés à nettoyer des abattoirs spécialisés dans la viande de porc, appris le chant lyrique, été guide touristique, déménagé en Lettonie, été encartée à la société mycologique du Dauphiné, et a exploré tout un tas d’activités pour essayer d’éteindre les flammes dévorantes de son imagination.
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