Marie Mangez
Coup de coeur pour ce deuxième roman aussi addictif que malicieux !
Le personnage principal a scellé son destin dès le primaire, lorsqu’il a falsifié une correction d’un devoir de maths pour lequel une étourderie lui a valu un sur dix ! Un déclic s’est fait ce jour-là : on peut arriver à ses fins en arrangeant la réalité.
Choisir le journalisme, malgré les espoirs de ses parents n’a pas été judicieux. Pour ce jeune homme timide, effacé, élevé en fils unique par des parents très rigides, l’arrivée sur le terrain est fort inconfortable. Mais il déborde d’imagination, depuis toujours et voilà une alternative aux décevantes rencontres sur place. C’est le début d’une carrière à succès, tant ses papiers sont appréciés, autant par le lectorat que par ses supérieurs, ce qui lui vaut de monter en grade rapidement et de recevoir même le graal des journalistes, le prix Albert Londres. Au prix d’une angoisse envahissante, d’une crainte omniprésente d’être un jour démasqué.
Ce personnage central inspire des sentiments contradictoires. On comprend bien les prérequis, les injonctions de réussite d’une famille exigeante. On admire ses dons pour la fiction ! Tout en pointant du doigt une conduite inadmissible. Des fake-news largement diffusées , à une époque où la vérité est sans cesse remise en question quels que soient les médias.
J’ai vraiment adoré cette immersion au coeur du métier de journaliste, avec tous les enjeux que posent la diffusion médiatique en ligne, et la difficulté d’être reporter de nos jours, où n’importe qui dispose des moyens de diffuser des événements partout sur la planète.
Un sujet original et très bien traité.
256 pages finitude 23 août 2024
Le jour où Arnaud est devenu faussaire, il avait sept ans. L'âge de raison. Affirmer, toutefois, qu'il s'agit de son premier fait d'armes serait mentir. En réalité, ce jour d'octobre en 1988, le terrain est déjà préparé depuis longtemps mais à ce moment-là, Arnaud ne le sait pas, ou bien de façon confuse. Il ne sait pas qu'il pousse depuis sa naissance dans le terreau fertile des choses non dites, dans la poussière invisible des squelettes du placard.
*
Tout ça, c'est une histoire de fil. Des fils qui se tirent, se déroulent et se brodent, s'enroulent, partout comme des tentacules, grimpent le long de ses jambes, enserrent son ventre et immobilisent ses poignets, remontent vers les épaules, le coup, et il sert, il ne peut plus bouger, plus respirer, pris au piège, en enfer, pourtant, ce n'était qu'un fil, un tout petit fil, léger et délicat, que ses doigts ont saisi, car il était là, plein de promesses, et cette promesse s'est retournée contre lui, il le comprend maintenant, maintenant qu'il étouffe, qu'il ne peut plus… Plus… Plus r..
Marie Mangez vit à Paris où elle s’efforce de plancher sur sa thèse en anthropologie qui la mène régulièrement sur les rives du Bosphore.
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