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Perpétuité ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Guillaume Poix 


Perpétuité par Poix


Avec la verve dont il sait faire preuve, Guillaume Poix nous entraine dans l’univers fermé d’un centre pénitentiaire. Au cours de ces quelque quatre cents pages, nous sommes immergés dans le quotidien du personnel d’un telle structure, avec ses violences et ses pièges à contourner. Une ambiance que l’on n’abandonne pas en posant son gilet pare-balles, avant de rentrer chez soi. Les angoisses, les ratés, la provocation ou l’injustice ne restent pas au vestiaire jusqu’à la prochaine période. Difficile de se forger une carapace devant tant de drames humains. 


L’équipe est sur le qui-vive, car un prisonnier médiatisé doit être transféré, attirant une foule de journalistes. Sa personnalité et l’ampleur de son influence, nécessite de multiples précautions, qui s’ajoutent à la vigilance ordinaire. Le protocole est clair, mais l’erreur est humaine, et le moindre écueil peut se transformer en drame. 



L’immersion est impressionnante et on ne doute pas de la rigueur de la documentation, certainement assortie d’un séjour sur le terrain. 



S’y ajoute la maîtrise du style qui sait appuyer sur ce qui marque, sans donner dans le pathos. 


Le roman se lit comme un thriller, car l’auteur parvient à nous communiquer la boule au ventre ressentie par la plupart des protagonistes. Et comme eux, on craint à chaque instant l’irruption d’un drame. Il y en aura au cours des pages …


293 pages Gallimard 21 août 2025







Il a fini par comprendre qu'on travaille ici pour avoir chaud. Juste ça, c'est tout con. Pour avoir toujours quelqu'un à qui parler, et avec qui partager son désarroi. Son incapacité à aller dans la vie, à se saisir de soi, la mener son existence, parce qu'au fond, on ne saura jamais faire.


*


Il se demande pourquoi la vie consiste à bouffer les autres si c'est pour les chier en kit sous le regard émerveillé d'étrangers classés toujours plus haut dans la chaîne alimentaire.


*


Il lui semble parfois qu'elle s'effrite comme les murs défraîchie qu'elle côtoie au quotidien. Qu'elle se tache, se cloque, se fendille, gagnée souterrainement par la montée d'une pourriture inexorable. Est-il possible que l'environnement carcéral corrompe ?



Guillaume Poix


Né en 1986, Guillaume Poix est comédien, dramaturge, auteur et metteur en scène.


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Là d’où je viens a disparu



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