J Franzen nous convie une fois de plus dans l’intimité introspective d’une famille américaine, donnant la parole à Patty, depuis son enfance jusqu’à la maturité. Convaincue d’être la mal-aimée de sa fratrie, prompte à l’auto apitoiement, elle confie ses ressentiments à une sorte de journal intime à visée thérapeutique, écrit à la troisième personne. Le roman se fera également l’écho des vicissitudes des parents et des enfants de Patty, et de son mari Walter, ainsi que de Richard, ami de Walter, icône de musique punk qui vivra un bref moment de gloire,, et dont les innombrables conquêtes incluront brièvement Patty.
Tout ce petit monde évolue dans le contexte de l’Amérique d’après le 11 septembre, sur fond de crise financière et de guerres lointaines, qui ne font de victime que dans les rangs adverses.
Les personnages rivalisent d’angoisse, unissant leurs tourments pour mieux se déchirer. La maturité leur apportera l’apaisement, au risque de se rendre compte de la vanité de leur combat : en pointant du doigt les responsables de leur mal-être, ne se seraient-ils pas trompés de cible?
Si la mise en scène des personnages permet au travers des dialogues de bien comprendre leur état d’esprit et le cheminement de leur évolution personnelle, on regrettera la lourdeur des opinions politiques ou sociologiques émises par la bouche de Richard ou Walter : une rupture dans le style narratif qui nous permettait d’identifier les personnages rend le discours artificiel. Le message passe mieux lorsqu’il transparaît dans les péripéties de Walter, qui pour réaliser ses projets écologiques se livre naïvement à un groupe d’exploitants de charbons peu scrupuleux : la survie des parulines sera cher payée sur le plan humain.
Par ailleurs, il y a quelque chose de bouddhique dans la trame du récit : tout résultat est issu de causes qui ont la capacité de le produire. On y retrouve également la notion d’impersonnalité : il n'y a rien qui ait une existence indépendante et réelle en soi ;
d’impermanence : tout est constamment changeant, on ne peut absolument rien trouver de permanent dans les phénomènes et d’insatisfaction : aucun phénomène ne peut nous satisfaire de manière ultime et définitive.
J’ai retrouvé avec plaisir l’univers contemporain et réaliste de Jonathan Franzen déjà rencontré dans les corrections, même si le ton est peut-être un peu plus désabusé.
Le style et l’écriture sont séduisants, et dès les premières pages, l’on ne s’effraie plus de l’épaisseur du volume que l’on pourra apprécier sans lassitude
Je remercie PriceMinister pour ce partenariat fort apprécié
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