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La transition

Luke Kennard






  • Broché: 300 pages
  • Editeur : ANNE CARRIERE (31 août 2018)
  • Langue : Français
  • Traduction (Anglais) : Marie de Prémonville















Pas facile pour la génération des millenials d’avoir les moyens de ses ambitions. Karl ne peut exploiter les inutiles connaissances acquises au cours d’aussi inutiles études de lettres, et le salaire d’institutrice de Genevieve est insuffisant pour s’acquitter d’un loyer surcoté à Londres. Karl tente de compenser le manque à gagner en vendant des services sur le net (fausses appréciations de produits, rédaction de dissertations pour étudiants fortunés mais ignares), mais cela ne suffit pas : alors les emprunts se suivent pour mieux  s’accumuler. Jusqu’à un point de non retour. Deux issues : la prison ou la Transition. Aubaine ou piège. Le couple est accepté dans un programme destiné à les remettre sur les  rails. A quel prix? Pas de loyer, des conditions très correctes d’hébergement, oui mais… Qui sont les mentors qui les épient dans le moindre de leurs gestes, et leur expliquent comment se laver les dents? Et quel est le prix à payer? 
Peu à peu, le doute s’installe, avant dans l’esprit de Karl que dans celui du lecteur. Sur la relation qui unit le couple, sur les buts des mentors, et sur l’hypothétique rébellion d’anciens membres du programme, dont les messages sibyllins accentuent les soupçons du jeune homme.

L’ensemble est suffisamment bien construit pour que le lecteur soit soumis aux mêmes interrogations que Karl, sur les intentions cachées de l’organisation, qui pourrait sonner le glas de leur liberté. Quand c’est gratuit , c’est vous le produit , c’est bien connu. Sauf que dans un tel scénario, tout est possible, et par conséquent Karl est peut être lui-même un élément pathologique dont la paranoïa réinvente son entourage et construit de toute pièce les troubles mentaux qu’il attribue à son épouse . 

État des lieux à peine parodiée de la situation d’une génération dont la formation ne correspond pas aux exigences du monde du travail ni au prix de revient exorbitant des besoins supposés  dans un milieu urbain branché. Diplômés mais sans compétences, plein de désirs mais bridés dans leur accomplissement, avec le risque de céder aux sirènes des usuriers.

Un peu déçue par l’issue de la narration, qui retombe comme un soufflé alors que les prémisses laissaient présumer quelque chose de plus surprenant . 


Honnête dystopie , sur fond de satire  sociale, un très bon premier roman. 



- La plupart des gens sont comme des chewing-gums
- Jetables, tu veux dire ? (...)
- Non. De moins en moins intéressants.



Traduit de l'anglais-Luke Kennard est un poète et critique britannique. Il a remporté un prix Eric Gregory en 2005 pour son premier recueil The Solex Brothers. Son deuxième recueil, The Harbour Beyond The Movie, a été sélectionné pour le prix 2007 Forward Award de la meilleure collection, faisant de lui le plus jeune poète jamais nommé.






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