- Poche : 512 pages
- Editeur : Le Livre de Poche (22 février 2006)
- Existe en version numérique
- Collection : Classiques
Episode rural, au coeur de la Beauce, en compagnie de paysans dont Zola a bien chargé le portrait : cupides, bas du plafond, soulards, très portés sur la bagatelle…Ce qui provoque des haines profondes, exacerbées par les brumes de l’alcool, et des voies de fait incessantes.
Le personnage issu de la grande famille des Rougon est Jean, frère de Gervaise, qui après avoir souffert à l’armée a décidé de se consacrer à la terre, pas vraiment par vocation. Il aimerait conter fleurette à la jeune Françoise de 15 ans sa cadette. Par timidité ou crainte d’un refus, et par l’animosité que ses projets déclenche dans la famille de sa belle, la demande tarde. d’autant que s’y mêlent de sombres histoires de partage d’héritage. Il faut dire qu’ils ont âpres au gain, les habitants de Rognes. L’argent et le sexe, ce sont leurs seules valeurs.
Narration crue, les jeunes filles ont trop souvent observé ce qui se passe chez les animaux pour rester naïves longtemps. Il faut vraiment que le pensionnat les protège de toute connaissance pour qu’elles ignorent les lois de la nature. C’est le cas, semble-t-il de la jeune Elodie, élevée par les Charles : des notables ? oui si l’on veut, dans la mesure où la prospérité qu’ils affichent vient des subsides du bordel que la mère d’Elodie dirige avec sérieux et rigueur!
La montée des rancoeurs qui s’accumulent chapitre après chapitre, laisse augurer d’une fin tragique.
Quelques belles descriptions de la campagne, mais on sent que la nature doit être domptée pour en tirer profit, on est loin de la luxuriance du jardin dans la faute de l’abbé Mouret.
C’est aussi le début de l’industrialisation pour la campagne aussi, les engins qui facilitent la tâche font leur apparition avec les conséquences financières qui en découlent. On y rencontre même une avant-gardiste écolo, la mère Caca, qui recycle le contenu de son pot de chambre dans son jardin potager !
Etat des lieux de la campagne de la fin du dix-neuvième, plutôt accablée par l’auteur à travers les faiblesses et les lâchetés de ses personnages.
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Pendant que le peuple des villes se révoltait, fondant la commune, obtenant le droit de bourgeoisie, le paysan isolé, dépossédé de tout et de lui-même, n'arrivait que plus tard à s'affranchir, à acheter de son argent la liberté d'être un homme ; et quelle liberté illusoire, le propriétaire accablé, garroté par des impôts de sang et de ruine, la propriété sans cesse remise en question, grevée de temps de charge, qu'elle ne lui laissait guère que des cailloux à manger ! Alors, un affreux dénombrement commençait, celui des droits qui frappaient le misérable. Personne n'en pouvait dresser la liste exacte et complète, ils pullulaient, ils soufflaient à la fois du roi, de l'évêque, et du seigneur. Trois carnassiers dévorant sur le même corps : le roi avait le cens et la taille, l'évêque avait la dîme, le seigneur imposait tout. Il lui fallait payer, payer toujours, pour salie, pour sa mort, pour ses contrats, ses troupeaux, ses commerces.
*
-Là, regarde !
Elle monta sur la roue, regarda. Un instant, elle resta stupide, sans avoir l'air de comprendre, devant ce masque violâtre dont une moitié s'était convulsée, comme tirée violemment de haut en bas. La nuit tombait, un grand nuage fauve qui jaunissait le ciel, éclairait le mourant d'un reflet d'incendie
*
Mais c'était dans la cuisine qu'on vivait, dans cette vaste salle enfumée, où depuis trois siècles se succédaient les générations des Fouan. elle sentait les longs labeurs, les maigres pitances, l'effort continu d'une race qui était arrivée tout juste à ne pas crever de faim, en se tuant à la besogne, sans jamais avoir un sou de plus en décembre qu'en janvier. Une porte, ouvrant de plain-pied sur l'étable, mettait les vaches de compagnie avec le monde ; et quand cette porte était fermée, on pouvait les surveiller encore, par une vitre enchâssée dans le mur.
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