- Broché : 224 pages
- Editeur : Anne-Marie Métailié (5 mars 2020)
- Collection : Littérature d'autres horizons
Hannelore Cayre n’y va pas de main-morte. Quand elle met des personnages en place, elle les choisit bien denses, fort et entiers, malgré leurs fardeaux physiques . Il en est ainsi de Blanche, une îlienne bretonne qu’un exosquelette consolide tant bien que mal. C’est la rencontre fortuite d’un trio de touristes en goguette sur son île et les retrouvailles glaciales avec son père qui vont déclencher une démarche de recherche sur ses origines. Quitte à utiliser des moyens en limite voire au delà de la légalité.
Mais ce qu’elle ne sait pas Blanche, c’est que pendant qu’elle se décarcasse pour comprendre sa généalogie, nous, lecteurs, profitons de l’histoire d’un de ses ancêtres , Auguste , fils de bonne famille, qui se bat pour ne pas partir à la guerre contre les prussiens.
Alternant les époques et les histoires, le récit est palpitant et l’auteur a le don de distiller les indices pour construire peu à peu l’édifice. Avec à la clé un héritage qui pourrait changer les destins
C’est brillant, adroit, et cela confirme les talents d’écrivain de cette auteure dont j’avais beaucoup aimé La daronne.
Mon micro-appartement étant situé juste à côté du boulevard de Sébastopol, j’étais aux premières loges des manifs qui s’y enquillaient semaine après semaine. Les participants avaient beau être toujours différents – jeunes pour le climat, personnels hospitaliers, profs, retraités, sans-papiers, étudiants… –, je n’y voyais que l’expression du même sentiment de désarroi face à la fin du monde. Ça ne se passera pas comme à Hollywood, genre Arche de Noé avec la mer qui submergera tout, un lundi matin. Non. On y était déjà et c’était comme ça que ça se jouait ; par un effondrement graduel de la société avec les besoins de base : logement, nourriture, mobilité, chauffage, éducation, santé qui devenaient inaccessibles à de plus en plus de gens. D’abord le chaos social, ensuite un régime autoritaire que la population appellerait de ses vœux pour maintenir l’ordre. Et puis, qui sait, la guerre.
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Il suffisait d’avoir lu Balzac, Zola ou Maupassant pour ressentir dans sa chair que ce début de XXIe siècle prenait des airs de XIXe. Il y avait bien sûr la disparition progressive des services publics, mais pas seulement. Après un XXe siècle qui avait connu deux conflits mondiaux et glorifié l’aventure entrepreneuriale et les diplômes, la part des revenus du travail dans les ressources dont une personne disposait au cours de sa vie s’était mise à reculer pour arriver exactement au même niveau qu’à l’époque de mon ancêtre Auguste.
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Déjà, si j’héritais de cette fortune, je me disais que pas un seul centime n’irait dans les caisses d’un État aussi obtus, dont les gouvernants, quels qu’ils soient, privilégieraient toujours la satisfaction immédiate des masses pour être réélus et jamais ne proposeraient un autre modèle de société.
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les êtres humains, peu importait leur rang, coopéraient depuis 3 millions d’années lorsqu’ils étaient en période de stress et qu’au contraire ça se passerait très bien. Il suffisait d’observer leur comportement pendant les grandes catastrophes : il en sortait toujours de l’auto-organisation, du calme, de l’entraide et de l’altruisme, peu importait le milieu social dont ils étaient issus. Ouais, bon, c’est vrai, mais pour arriver à ça, il fallait que ça aille vraiment très très mal.
Elle est également avocate à la cour d'appel de Paris en tant que pénaliste et collabore à la Revue XXI. Elle travaille dans son cabinet d’avocate. En 2017, elle publie "La Daronne" qui obtient le prix "Le Point" du polar européen et le Grand Prix de littérature policière.
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