- ⭐️⭐️⭐️⭐️
Une fois de plus séduite par le roman de Lionel Shriver, qui rejoint inexorablement le podium de mes auteurs américains préférés.
La narratrice est une femme de la middle class, qui a monté sa propre entreprise avec succès, souffre d’un léger embonpoint qui, s’il occupe une partie de ses réflexions quotidiennes ne motive pas la mise en place de mesures efficaces pour le combattre.
Lorsque son frère la contacte, visiblement mal dans sa peau, elle n’hésite pas à lui proposer de l’héberger chez elle, c’est à dire avec son mari et les deux enfants de celui-ci. Comment aurait-elle pu imaginer que l’homme qu’elle attendait à l’aéroport était celui dont elle venait d’entendre la critique acerbe par d’autres passagers, envers cet homme obèse qui a incommodé ses compagnons de vol? Edison a triplé de volume. Oeuf ou poule, cause ou conséquence , avec les kilos qui se sont accumulés, le succès de sa carrière de jazzmen n’est plus qu’un lointain souvenir.
C’est le début des enquiquinements, la cohabitation est complexe, particulièrement avec Fletcher, le mari, qui se conduit comme un ascète de la diététique. Tout est conflictuel, des détails triviaux aux incompatibilités étiques. C’est pour Pandora le moment de prendre une décision radicale.
Portrait sans concession d’une Amérique qui s’éloigne à grands pas de son rêve, au delà du problème l’obésité, Lionel Shriver analyse avec subtilité ce qui fait la complexité du vivre ensemble, en couple, en famille, en société dans un milieu où les codes sont de plus en plus restrictifs.
L’entreprise qu’a fondée Pandora est à elle-seule une bonne idée pour le scénario du roman : elle fabrique des marionnettes caricaturales qui peuvent restituer des expressions de la victime, de ces phrases toutes faites qui finalement nous définissent et nous identifient.
Le roman est agréable à lire du fait du rythme enlevé, de l’humour qui malgré tout tire son épingle du jeu de ce récit dramatique
Encore un vrai bonheur de lecture.
- Poche : 445 pages
- Editeur : J'ai lu (13 janvier 2016)
- Collection : J'ai lu
- Langue : Français
En principe, nous mettions en commun nos ressources. Mais lorsqu'une des deux parties contribue à hauteur d'une pipette et l'autre à celle du lac Michigan, "mettre en commun" ne semble pas tout à fait le terme approprié.
*
Maintenant que je les comprends mieux, les liens de parenté plutôt effrayants. Ce qui est merveilleux dans ces liens est aussi ce qui les rend le plus horrible : il n'existe pas de ligne dans le sable, pas de limite naturelle à ce que des membres de votre famille peuvent raisonnablement attendre de vous.
*
Par ailleurs, comme toutes les femmes, j'ai subi un lavage de cerveau qui m'a poussée à adhérer au calibrage prescrit de la séduction. Néanmoins, à lire la liste des traits de personnalité qui nous attribuons d'instinct aux très maigres et aux très gros, je préférerais être grosse.
Lionel Shriver est une auteure et journaliste américaine. Élevée dans une famille aux valeurs religieuses importantes (son père étant pasteur presbytérien), elle changea de nom à l'âge de 15 ans, forte de sa conviction selon laquelle les hommes avaient la vie plus facile que les femmes.En 2005, elle gagne le prix Orange pour "We Need to Talk About Kevin", un roman à suspense avec une étude approfondie sur l'influence de l'ambivalence maternelle sur la décision du personnage de Kevin d'assassiner sept étudiants de son école. Le livre a créé de grandes controverses avant de devenir un succès.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire